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La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'Article 41, d'une part, (lue les s copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective s , et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, a toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » (alinéa 1" de l'Article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal. Vous connaissez Passepartout, Jean Passepartout, ce personnage d'un roman de Jules Verne, gai, intelligent, curieux de tout et toujours en mouvement, qui, avec l'An- glais Phileas Fogg, a fait en 1872, le Tour du monde en 80 jours. Vous connaissez sans doute aussi Passe-Partout, la revue qui, tous les mois, informe, instruit, amuse, aide, aux quatre coins du monde, des milliers de jeunes qui veulent se fami- liariser avec la langue et la civilisation françaises. Que vous soyez fidèles lecteurs ou non de Passe-Partout nous avons pensé que vous aimeriez trouver réunis un cer- tain nombre de récits et d'aventures publiés chaque mois dans ce journal depuis déjà trois ans. Nous espérons avoir choisi les plus passionnants. Chacun des textes est écrit dans une langue simple. Les mots ou expressions présentant quelque difficulté y sont signalés par un astérisque et trouveront leur explication dans un lexique à la fin de l'ouvrage. Les récits sont regroupés suivant des genres que nous avons voulu variés. Le lecteur pourra choisir selon ses goûts : des aventures humoristiques, d'émouvants récits de Noël, de passionnantes intrigues policières, ou des récits de vacances aux péripéties imprévues. Quelques questions sont proposées à la fin du livre pour chacun des textes; elles doivent permettre d'utiliser, dans des phrases, des expressions particulièrement intéressantes et de contrôler si l'histoire lue a été correctement comprise. Le jeu des questions peut se poursuivre et donner lieu à l'emploi d'expressions nouvelles du texte. Nous espérons que ce choix de récits vous fera passer d'aussi agréables moments que la lecture de votre journal Passe-Partout, et vous aidera dans votre effort de familia- risation avec le vocabulaire courant de la langue française. 3 L'effort récompensé Victoire'' d'équipe * Depuis trois mois déjà, Hervé n'était plus qu'un corps sans mouvement et Jean, qui venait le voir tous les jours, avait mal, chaque fois, de trouver son ami sans force et sans courage devant la maladie. Le méde- cin l'avait dit et répété : « Hervé pourrait" marcher et n'avait qu'à vouloir; il ne semblait pas que l'attaque de polio avait été très forte, mais il fallait, pour guérir, apprendre à nouveau tous les mouvements, les plus simples pour commencer, les autres après. » Cela, Hervé ne voulait pas le faire et ses pauvres parents n'osaient plus le lui demander. Ils n'espéraient plus qu'une seule chose : que Jean arrive à décider son ami... Jean ne croyait pas pouvoir réussir. Ou plutôt il ne savait pas comment commencer. Pour Hervé, sa maladie était une affaire terminée contre laquelle on ne pouvait rien : il était infirme' et il le resterait. Alors, dans les moments terribles où il criait sa peine, Jean baissait la tête et n'osait plus rien dire. Il attendait de pouvoir parler plus tard. Il recommença par un bel après-midi de printemps : « Hervé! lança-t-il, dès son arrivée, au garçon couché sur son lit, tu n'as pas envie de remuer par un temps pareil? — Tu es toujours aussi bête, répondit Hervé. — Pas si bête que ça, dit Jean en respirant un bon coup. Tu étais fou de sport, tu n'étais jamais fatigué quand il fallait gagner. Pourquoi maintenant as-tu changé? Avec les mêmes efforts, tu peux sortir de la maladie, j'en suis sûr. 5 76 — C'est vite dit, répondit Hervé, je voudrais te voir à ma place; et puis, parlons d'autre chose, s'il te plaît. » Jean, une nouvelle fois, ne savait pas comment faire et, sans trop penser, il répondit simplement : « Rien n'est impossible! Hervé, rouge de colère, réussit à s'asseoir sur son lit en s'aidant des mains. « Si c'est vrai, Jean, explique-moi pourquoi tu es toujours si mauvais en mathématiques. » Jean, aussi en colère qu'Hervé, allait répondre tout de suite; il réussit à rester une seconde sans parler et, beau joueur, se mit à rire : « Bien, tu as raison. Si je ne fais rien en maths, c'est ma faute, mais toi, reconnais aussi : si tu passes ta journée dans ton lit ou sur une chaise longue'', c'est en partie ta faute. Donc, essayons l'un et l'autre de nous en sortir. Et je serais curieux de savoir quel est le moins bête des deux qui arrivera à s'en sortir le premier? Es-tu d'accord? — D'accord », dit Hervé, en essayant de sourire. Il était sûr que Jean, qui détestait les maths, ne pourrait pas faire de grands progrès et il se sentait très tranquille. Et Jean, lui, se demandait si Hervé allait, enfin, faire quelques efforts. Les mois qui suivirent furent des mois de grand silence entre les deux amis. Ils se rencontraient, ils se parlaient aussi; mais ils prenaient grand soin de ne pas poser la question qui leur brûlait les lèvres : l'autre faisait-il des progrès? Se souvenait-il seulement de ce qu'il avait promis? Ils se regardaient sans être sûrs. Hervé ne savait pas que son ami Jean ne perdait plus son temps en classe de maths, faisait avec soin ses devoirs et redemandait même des explications au professeur, étonné mais content. Et Jean ne pouvait pas penser qu'Hervé, pendant les heures où il était seul, refaisait dix fois de suite, en comptant à voix basse pour se donner du courage, les mouvements les plus simples et les plus faciles. L'un et l'autre se cachaient depuis plusieurs mois leurs efforts quand, un jeudi après-midi, Jean ouvrit la porte de la chambre d'Hervé et s'arrêta : J'ai une grande nouvelle pour toi! Essaie de trou- ver. » i Hervé sourit. « Dis-la-moi, ça ira plus vite! — Eh bien, je suis second en maths avec 17. Qui dit mieux? — Le premier, bien sûr, mais attends! » Jean vit Hervé chercher avec la main ses béquilles, les prendre et se lever lentement, difficilement. Tout étonné, Jean ne pouvait bouger. Hervé le regarda dans les yeux et commença à marcher vers lui : « Reste où tu es », commanda-t-il. Plusieurs fois, Jean eut envie d'avancer; Hervé pen- chait à droite, à gauche, prêt à tomber; mais son regard ne quittait pas celui de son ami et Jean ne voulait pas avoir l'air de plaindre Hervé.Le malade avançait, c'était là la chose étonnante. Au bout d'un long chemin, il se laissa tomber entre les bras de Jean : il avait laissé les béquilles dans un mouvement de victoire et Jean le reçut avec une joie sans fin. Le garçon respirait avec bruit. « Bien sûr, dit-il après un moment, mes progrès ne sont pas aussi extraordinaires que les tiens, mais enfin... — Ils le sont beaucoup plus », répondit Jean. Et, passant ses bras autour de son ami, il le porta vers le fauteuil, et l'aida à bien s'asseoir. • Belle victoire d'équipe, n'est-ce pas? » dit-il en riant. Fatigué mais heureux, Hervé eut, pour son ami, le plus beau des sourires. Anne Guilhem Deux vies pour la science Douze heures par jour, Marie travaille dans son laboratoire" à l'école de physique et chimie. Mais peut- on donner ce nom à la pièce qu'elle occupe, très chaude en été, humide en automne, froide en hiver? Les appa- reils? Ils ne valent pas beaucoup mieux. Peut-on ainsi faire des recherches`? Oui, car' pour Marie et pour Pierre, son mari, tout est possible. Ils s'aiment, ils sont heureux, et leur bonheur*, c'est d'essayer de découvrir" ensemble un métal qu'aucun savant" au monde ne connaît encore. Elle, c'est Maria Sklodowska, née en 1867 à Varsovie, en Pologne. Sa mère dirige* une petite école; son père est professeur de mathématiques et de physique. A dix-sept ans, Maria, la meilleure de sa classe, a passé son baccalauréat'. Hélas, les jeunes filles n'ont pas le droit d'aller à l'Université`. Il faudrait pouvoir continuer ses études à Paris! Oui, mais cela coûte cher. Alors Maria travaille dans une famille polonaise. En 1891, elle a mis un peu d'argent de côté et elle part pour Paris. Je veux apprendre tout ce que les savants ont déjà découvert », écrit-elle. Et Maria fait des mathématiques, de la physique, réussit à passer deux licences-. Chaque soir, elle pense au jour heureux où elle retournera dans son pays pour être professeur à son tour. Mais sa vie devait se passer autrement. A Paris, chez des amis, Maria rencontre un grand professeur... Pierre Curie, lui, est fils d'un médecin de Mulhouse, en Alsace. Il n'est jamais allé en classe : son père et 8 9 un professeur lui ont donné des leçons à la maison. La méthode* est bonne : il a son baccalauréat à seize ans, sa licence à dix-huit. En 1882, Pierre Curie devient chef de travaux à l'école de physique et chimie à Paris. Un jour de l'année 1894, il rencontre Maria Sklodowska. C'est étrange'`, dira-t-il plus tard, de parler à une femme des travaux que l'on aime et de voir cette femme comprendre et discuter certains points avec une grande intelligence. » En juillet 1895, Pierre épouse* Maria. Leur cadeau" de mariage? deux bicyclettes avec les- quelles ils vont courir la campagne pendant quelques jours, quelques jours seulement... Marie et Pierre travaillent dans la fièvre pour trouver ce métal inconnu. Marie, la première, commence les recherches. Elle a lu les travaux du savant français Becquerel qui s'est aperçu qu'un morceau d'uranium, placé dans un endroit où il fait noir, laisse une trace` sur une plaque" de photo. Marie veut savoir quelle est la substance* contenue dans ce métal qui a ce pouvoir auquel elle donne le nom de radioactivité. Elle fait de longues et nombreuses expériences*. Elle remarque que 1a radioactivité n'est pas la même pour tous les métaux, ce qui veut dire que les substances radio- actives n'ont pas les mêmes proportions* dans tous les métaux. Un dur travail va commencer. Les jours se suivent et se ressemblent... Pendant quarante-cinq mois! Marie élève leur fille Irène, née en 1896, fait le ménage et conti- nue ses expériences. Pierre travaille avec elle, mais donne aussi des cours à des ingénieurs. Leur vie n'est pas facile. Mais ils ont enfin une première récompense*. En juillet 1898, Pierre et Marie Curie ont pu identifier une pre- mière substance radioactive. Pierre, veux-tu que nous lui donnions, en sou- venir' de mon pays, le nom de polonium? » 1 0 Trois mois plus tard, une nouvelle substance est découverte : le radium. Est-ce le succès*? Pas encore. Quelques savants ne sont pas d'accord. (( Qu'est-ce que le radium? en a-t-on vu? en a-t-on touché? Montrez- nous un morceau de radium. Alors seulement nous vous croirons. » Eh bien, Pierre et Marie le montreront! Mais à quel prix! Il faut faire venir le minerai'' (la pechblende) de Bohême; il faut, peu à peu, jour après 1 1 12 jour, traiter* des centaines de kilos de minerai pour avoir à la fin moins d'un gramme de radium! Pierre continue ses recherches dans le laboratoire, Marie tra- vaille comme un homme : avec un grand morceau de fer, elle remue le minerai qui bout sur le feu. Enfin, en juillet 1902, 1/10 de gramme de radium est préparé. Ce même soir, comme leur petite Irène dort, les deux savants retournent au laboratoire. « N'allume pas », dit Marie. Dans l'ombre, Pierre et Marie voient briller* le petit morceau de radium. Cette substance, des millions de fois plus radioactive que l'uranium, donne de la chaleur, rend radioactif tout ce qu'elle touche; cette substance avec laquelle on va pouvoir guérir des malades, le radium, est là, devant eux, fruit de leur travail. Les deux savants se taisent. Marie se met à pleurer, Pierre pose tendrement sa main sur son épaule. Ils viennent d'ouvrir une grande porte à la science. Jacques Verdol Le Gourdi Hervé était sûr d'être né sous une mauvaise étoile... A treize ans, tout le monde semblait penser qu'il était encore un bébé. Il faut dire qu'il était toujours mal peigné, qu'il avait du mal à parler et qu'il n'était pas très adroit... On se moquait de lui et il était très mal- heureux. Pendant l'année, cela allait encore : il avait ses petites habitudes, une vie tranquille entre l'école, sa chambre et son chat. Mais, pendant les vacances, ce n'était pas pareil : Hervé voulait jouer avec les autres garçons, mais il les dérangeait. Quand il arrivait, tous lui criaient des choses méchantes et riaient en l'appe- lant : « le Gourdi ». Le Gourdi?... C'était un mot qu'ils avaient inventé* pour expliquer qu'Hervé ne savait pas très bien se débrouiller dans la vie, qu'il n'était pas très dégourdi. Ce soir-là, ils parlent tous ensemble sur la plage*. « Moi, je trouve qu'on s'ennuie ici! dit le grand Lucas, le chef du groupe. Ce village est bon pour les poules, les cochons ou ceux qui sont nés un jour de grand vent, comme le Gourdi... — Oh! la campagne est si jolie au mois d'août, dit doucement Hervé. Vous pourriez... » Mais personne ne l'écoute, même pas son grand frère Yves. « Faisons quelque chose d'étonnant, continue Lucas. Allons au Groun! » Le Groun est une petite île balayée par les vagues*, à quelques centaines de mètres de la côte. 13 « Le Groun? c'est dangereux, dit Yves. Personne n'y va jamais. — Tu as un bateau? demande le petit Gédéon. — Un bateau, un bateau... Tu es fou! répond Lucas. Ce n'est pas amusant. Il faut y aller en nageant! Quand la mer est basse, il n'y a que trois cents mètres à faire, et nous trouverons bien un endroit sans rochers'' pour monter sur l'île. — D'accord », répondent Jacques et Marc. Hervé s'avance vers eux. Aller au Groun? Jamais il n'y a pensé... Bien sûr, il sait très bien nager, mais quand même, le Groun! « Aujourd'hui, dit-il, la mer est basse à huit heures. Il fera presque nuit. » Tout le monde se met à rire. Mais il a l'habitude : chaque fois qu'il ouvre la bouche, c'est la même chose. « Merci, bébé! On le savait... Et après? Nous n'y resterons pas une heure, au Groun. Laisse-nous tran- quilles. » Hervé se tait, mais il ne part pas et quand tous les garçons commencent à se déshabiller, il enlève, lui aussi, sa chemise et son pantalon. « Dis donc, le Gourdi, dit Gédéon en le voyant. Tu n'as pas l'idée de venir avec nous, j'espère? » Lucas se retourne:« Ah! non, surtout pas. Le Groun, ce n'est pas pour les enfants. » Hervé fait semblant de ne pas entendre et s'avance vers l'eau, mais le grand Lucas lève le poing. « Va-t'en, je te dis! On ne veut pas de toi. Pauvre Hervé... Il est bien obligé d'obéir". Le voilà seul sur la plage pendant que les autres s'en vont en riant. Décidément, il n'y a rien à faire : il est « le Gourdi », il le restera... Hervé a du mal à ne pas pleurer. Pour 14 w.. ^I mieux voir ce qui se passe, il monte sur un rocher et regarde les petits points noirs qui s'avancent vers l'île. Tous les garçons sont bons nageurs. On reconnaît la tête de Lucas qui a mis son grand mouchoir bleu autour de sa tête pour ne pas le mouiller. Voilà. Ils sont arrivés... Hervé peut les voir en train de courir sur l'île. Et puis, maintenant, en haut de la tour du Groun, le grand mouchoir bleu de Lucas vole au vent comme un drapeau. La nuit est tombée. Les garçons sont rentrés. Tout contents d'avoir réussi, ils ont allumé un grand feu de joie. Assis un peu plus loin, Hervé les écoute. « Je dois dire que j'ai eu peur, dit Marc. Quand j'ai vu Yves près de ce rocher pointu, avec les vagues qui l'empêchaient de monter... » Yves regarde sa jambe entourée d'un gros panse- ment. « Moi aussi, j'ai eu peur... surtout en revenant, j'ai bien cru que je n'y arriverais jamais! — Moi, je n'ai jamais eu peur, crie Lucas. Et pour- tant ce n'était pas facile ce que nous avons fait, avec le courant"! — Si vous étiez passés un peu plus à droite, vous n'auriez pas été gênés par le courant, dit la petite voix tranquille d'Hervé. — Dis donc, Gourdi, tu veux dire que je ne connais pas le pays? — Si, mais tu ne connais pas bien les courants... » Tout le monde regarde Hervé. C'est la première fois qu'il ose répondre au grand Lucas! Qu'est-ce qui lui arrive? « Oh, bien sûr, c'est facile de donner son avis quand on est assis sur la plage. Tu peux parler, toi qui n'as pas osé venir! — C'est toi qui m'as empêché de vous suivre. 16 — C'était pour rire... Mais tu étais bien content d'avoir une bonne raison de ne pas venir : tu avais peur! » Peur? Hervé devient tout blanc. Il veut bien qu'on l'appelle bébé, le Gourdi, qu'on se moque de lui, mais on n'a pas le droit de dire qu'il a peur. Ce n'est pas juste! Une fois de plus, tous les rieurs sont du côté de Lucas, et Hervé se tait. Quand on est né sous une mauvaise étoile, que voulez-vous faire? Il s'en va, malheureux... Bon voyage », crie Gédéon. Le jour suivant, au petit déjeuner, quelque chose a changé. Hervé est arrivé en souriant, la tête haute, très sûr de lui. Il semble ne pas entendre les garçons qui se moquent de lui, comme d'habi- tude. « Tu penses! il n'est pas allé bien loin hier soir, il avait trop peur du noir... — Bien sûr : il a dormi dans le grenier, il n'osait pas rentrer. — Pas vrai, le Gourdi? » dit Lucas. Hervé le regarde bien droit dans les yeux, se lève et sort quelque chose de sa poche. C'est un petit mouchoir bleu. o Tiens! dit-il, je crois que c'est à toi. Les rires s'arrêtent. Tous ensemble, les garçons courent vers la fenêtre, et regardent la mer. Le Groun est toujours là... mais en haut de la tour, il n'y a plus de mouchoir bleu... D'après Claude Senniz 17 Rions un peu! Le paravent « C'est la première fois que je vais en Autriche, et toi? — Moi aussi. — On ne parle pas l'allemand. — On se débrouillera`! — Mais oui, ça n'a pas d'importance. — C'est d'accord, on y va. » Ils sont d'accord, mais où vont-ils? Et qui sont-ils? Ils, ce sont Pierre et René, deux jeunes étudiants de dix-huit et dix-neuf ans. Où vont-ils? A Salzbourg. Vous pensez tout de suite qu'ils vont au « Festival Mozart » et vous avez raison. Ils ont bien compté : prix du billet, prix de l'hôtel, du restaurant, billets pour les concerts ' , promenades et autres dépenses. Et : « C'est d'accord, on y va. ... Le train, même en seconde classe, c'est très bien pendant les premières heures. Nos jeunes gens regardent par la vitre, parlent de leurs études, des amis, des pro- fesseurs, de Salzbourg et de Mozart. Peu à peu, la fatigue commence à venir. Le soir vient aussi, lentement. Le paysage' " « disparaît », il ne reste que le bruit du train qui endort peu à peu nos jeunes mélomanes'. En arrivant, ils ont les yeux qui se ferment, les bras et les jambes raides*. Ils prennent leurs valises et les voilà sur le quai. Au loin, une horloge' sonne onze coups. Il faut trou- ver un hôtel. « Et vite, je dors debout. Et toi? — Moi, je suis mort de fatigue. — Allons-y. » Près de la gare, il y a toujours un hôtel : l'hôtel de la Gare. « Avez-vous une chambre, s'il vous plaît? Pour deux. » Et Pierre montre René, se montre lui-même, penche la tête sur sa main et ferme les yeux. Le portier" a compris. Il connaît assez de français pour répondre : « Chambre?... Pas chambre. Festival. Pas chambre. — Et alors, où est-ce qu'on trouve des chambres? » Le portier lève les bras vers la ville et la nuit. « Il ne faut pas s'en faire. On trouvera », dit René. Et ils partent dans les rues. C'est plein. Nous n'avons plus de chambre. Deman- dez à l'hôtel qui se trouve dans la deuxième rue à droite. » Là, on leur dit : « Impossible, messieurs. Il n'y a plus rien. Et la promenade dans les rues recommence. « Mon vieux, je crois qu'on ne trouvera rien. — Bien sûr, avec le Festival... — Il y a un peu de lumière ici. On va demander. Il y a peut-être des habitants qui louent des chambres. — Tiens, on ne voit plus rien maintenant. — Je crois qu'il y a une panne d'électricité. — Ça ne fait rien. Je frappe à la porte. » La porte s'ouvre assez vite. 1918 « Pardon, monsieur. Nous sommes Français. Nous venons pour le Festival. Avez-vous une chambre à louer, s'il vous plaît? — Entrez, vous ne pouvez pas rester dehors. Atten- tion! Il y a une panne d'électricité et ma bougie n'éclaire pas très bien. Suivez-moi. a Pierre et René arrivent au fond d'une pièce. On voit, mais très mal, la forme d'un petit lit et celle d'un fauteuil. « Installez-vous ici, et bonne nuit! » Le monsieur allait partir quand il ajouta en montrant un grand paravent : « Surtout, ne le changez pas de place! » Pierre se couche sur le petit lit. René se met sur le fauteuil. Bonne nuit. — Dors bien. » Mais ils ne peuvent pas dormir. « Dis, René, qu'est-ce qu'il peut bien y avoir derrière ce paravent? — Je n'en sais rien. Allons voir. » En silence, ils se lèvent et passent la tête sur le côté. « Ho! a font-ils ensemble. Ils voient là, près d'eux, un lit. Un grand lit à colonnes' tout préparé. René se décide tout de suite : « Passons de l'autre côté du paravent et couchons- nous dans ce lit. Nous nous réveillerons très tôt demain et nous retournerons où nous étions.» Aussitôt dit, aussitôt fait. Bientôt, ils dorment tous deux d'un profond som- meil. C'est René qui, au matin, est tiré le premier de son sommeil. Il lui semble entendre des bruits et surtout des rires. Il ouvre un oeil. Un cri sort de sa bouche. 20 Des vingtaines de visages rieurs sont devant lui. Pierre et lui sont dans la vitrine` d'un magasin d'anti- quités*. Ce jour-là, leur hôte` les invita' à un amical repas. Il leur trouva une chambre, une vraie. Et, devenus amis, ils sont allés tous les trois écouter Mozart... Élisabeth Clochez 21 r Joyeux anniversaire Je ne dors plus, mais je ne suis pas encore réveillée. Dans mon demi-sommeil, je pense qu'une belle, une très belle journée m'attend : c'est le jour de mon anni- versaire*! Tout le monde va penser à moi : « Bon anni- versaire! Joyeux anniversaire, Élisabeth! » Et l'on va m'offrir beaucoup de cadeaux*. La vie est belle. J'es- père que maman a compris ce que je voulais dire, il y a quatre jours. Nous étions devant la vitrine* d'un magasin.Il y avait là une robe rouge, mais quelle robe! « Regarde, maman, cette robe. — La bleue? — Mais non, la rouge, celle qui est au milieu. — Oui, elle est belle! — Elle m'irait bien, j'en suis sûre. — Tu as vu le prix : 390 francs, c'est cher! — Pour une fois... » Nous sommes parties, mais maman a bien compris. Cette robe serait un cadeau magnifique * pour mon anni- versaire. Et c'est aujourd'hui... Et Martine, ma meilleure amie, qu'est-ce qu'elle va m'offrir? Un disque, un livre, des chocolats? Vraiment, la vie est belle. Je descends à la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Mes frères, Charles et René, sont déjà partis en classe. Ils ont certainement laissé un mot pour moi. Mais non, rien... rien sur la table que ces garçons n'ont même pas essuyée. Ils n'ont pas pensé à moi... Dans la salle de bains, papa chante. Il chante faux, comme d'habitude. Heureusement, le bruit de l'eau est 22 aussi fort que sa voix*. Je lui dis bonjour. Il répond : « Bonjour, Élisabeth. » Lui non plus, ne parle pas de mon anniversaire. ,4 Je frappe à la porte de la chambre de maman. Elle me reçoit avec son sourire de tous les jours. Elle me demande de prendre le boudin* qu'elle a commandé pour le déjeuner. Du boudin pour mon anniversaire! Maman sait bien que je n'aime pas beaucoup le bou- din, que je ne l'aime même pas du tout. « Dépêche-toi, tu vas être en retard en classe! » Je sors de la chambre, triste, très triste. Mes frères oublient mon anniversaire, mon père n'y pense pas, cela ne m'étonne pas trop. Mais maman! Je pense à cela en allant au lycée. Là, Martine aura pensé à moi. La voilà justement qui traverse la cour. Elle vient vers moi. « Dis donc, Élisabeth, est-ce que tu as su faire le problème*? J'ai cherché hier soir pendant deux heures. Je n'ai rien compris. Je vais encore avoir 2 ou 3. » Il est l'heure d'entrer en classe. Je laisse vite Martine pour n'avoir pas à lui répondre. J'ai envie de pleurer. Mme Terrieu, notre professeur, ouvre son livre de géo- graphie. Elle commence une nouvelle leçon sur les montagnes de l'Espagne... Non, vraiment, la vie est trop triste. Personne ne pense à moi. Personne ne pense à me souhaiter mon anniversaire. Je n'ai plus qu'à mourir. Et je vois mon enterrement*. Maman pleure, papa ne dit rien. Martine a un mouchoir sur les yeux et l'on dit : Que c'est triste, mourir le jour de ses seize ans... » Et tout à coup : « Élisabeth, eh bien, Elisabeth, vous dormez? » Je saute sur ma chaise. Mon Dieu! qu'est-ce que Mme Terrieu vient de me demander? 23 De quoi parlait-elle déjà? Ah, oui, des montagnes de l'Espagne. Je réponds n'importe quoi" sur la Castille que j'ai vue cet été, en vacances. Mme Terrieu ne me quitte pas des yeux. « Nous en sommes à la Sierra Nevada, Élisabeth. Je vous rappelle que nous sommes le 18 novembre et que l'interrogation ' écrite de géographie a lieu' dans huit jours. Il faut faire un peu plus attention. » Qu'a-t-elle dit? « Nous sommes le 18 novembre... » Alors, mais alors, c'est seulement demain mon anni- versaire! Demain, tout le monde m'aimera, tout le monde m'embrassera, tout le monde me dira : « Joyeux anni- versaire! Quels beaux cadeaux je vais recevoir! La vie est belle. Claude Dugers Boum! 7 h 51. Il pleut sur Paris, il pleut même très fort. Nicole conduit sa voiture. Elle descend le boulevard Saint-Michel et arrive sur les quais. A ce moment-là, le feu vert — les feux sont toujours prêts à vous faire un mauvais coup!... — le feu vert, donc, change de couleur. Nicole veut s'arrêter, mais avec la pluie, la rue est mouillée et sa voiture continue à rouler quelques mètres. Elle continue même... jusqu'à ce qu'on entende un grand bruit, quelque chose comme ... BOUM! « Bien sûr, c'est une femme, crie le chauffeur du taxi que Nicole vient d'accrocher. Ah! ces femmes sont terribles! » Nicole a grande envie de sortir pour aller lui répondre, mais la pluie va mouiller son manteau neuf. Elle pré- fère ne pas descendre de voiture. « Oh! Je roulais à 30 à l'heure, pas plus, lui crie- t-elle par la fenêtre, mais je n'ai pas pu m'arrêter à cause de la pluie. Et vous, qu'est-ce que vous faites là? Je suis passée à l'orange. C'est donc vous qui êtes dans votre tort. — A l'orange? Il était bien rouge, votre orange, ma petite dame! » Nicole va répondre quand... BOUM! ça recommence. C'est une troisième voiture, une camionnette conduite par un jeune homme. « Oh! pardon, dit le garçon... je roulais à 30 à l'heure, pas plus. Mais je n'ai pas pu m'arrêter à cause de... — La pluie, oui, on sait », dit le chauffeur de taxi... Mais lui non plus ne peut finir sa phrase'. Coup de sif- flet'', coup de képi" : c'est un agent qui arrive. 2524 OP*,, ,p, « Allons, roulez, roulez, vous voyez bien que vous gênez tout le monde! » C'est vrai. Il est 7 h 59; le carre- four' Saint-Michel offre un spectacle extraordinaire". Plus personne ne peut avancer à cause des trois voi- tures arrêtées en plein milieu. « Mais vous voyez bien que je ne peux pas partir, monsieur l'agent, crie le chauffeur de taxi, de plus en plus en colère. La voiture de Mademoiselle me coupe la route. » Nicole est prête à pleurer. « Je ne peux pas rouler, explique-t-elle. L'aile avant frotte sur ma roue. » 8 h. Il pleut de plus en plus. Pour en finir, l'agent et le chauffeur de taxi essaient de réparer la voiture de Nicole. Le garçon s'occupe de sa camionnette. 8 h 09. Dans tout le carrefour, les klaxons* se mettent en marche. Tout autour, les rues sont bouchées sur plusieurs centaines de mètres. 8 h 20. Dans la moitié de Paris, les autos sont arrê- tées. 8 h 30. Un peu partout, les gens sortent de leurs voi- tures et commencent à se battre. 8 h 40. Quelques femmes sont malades, mais il est impossible de les conduire à l'hôpital puisqu'on ne peut pas avancer dans les encombrements*. 8 h 50. Le roi du Dzimboumstan, qui attend depuis une heure dans sa voiture, téléphone à l'Élysée. Il veut faire appel à l'O. N. U. 8 h 51. « Attention! Attention! déclare*-t-on à la radio. Il est défendu aux Parisiens de prendre leur voiture. On ne peut plus rouler dans les rues de la capitale. Atten- tion! Attention!... » 8 h 55. Les gens partent à pied, laissant leur auto au milieu de la rue. 9 h. Le Gouvernement décide de se réunir' pour étudier la question. 9 h 15. Drrrrin... le réveil sonne. Nicole ouvre les yeux et regarde tout autour d'elle. Elle est dans son lit, dans sa chambre, chez elle. Ouf! Toute cette histoire n'était qu'un rêve*. Quelle chance! Nicole se lève, s'habille, prend son petit déjeuner, met son manteau neuf, et court jusqu'à sa voiture. Il pleut sur Paris, il pleut même très fort. Nicole descend le boulevard Saint-Michel, arrive sur les quais. A ce moment-là, le feu vert change de couleur. Nicole veut s'arrêter, mais avec la pluie, la rue est mouillée et sa voiture continue à rouler sur quelques mètres. Elle continue, continue... jusqu'à ce qu'on entende un grand bruit, quelque chose comme... BOUM! D'après Noël Carré 2726 Joyeux Noël C'était le 24 décembre... Comment Mathieu est-il entré à la chorale, lui qui chante si mal? Personne ne peut le dire... Poussé par un camarade, aidé par son air « bon garçon » ou par un moment de distraction* du directeur? Depuis près de trois mois, ses voisins l'entendent chanter faux, lui seul ne s'en rend pas compte. Heureu- sement, il est si gentil que personne n'a l'idée de se plaindre ou de demander qu'il s'en aille. Pourquoi lui faire de la peine? Mais, c'est bientôt Noël et l'on prépare les chants pour ce grand jour. Il faut répéter trois fois par semaine. Le 24 décembre, gagné par la fièvre des jours de fête, Mathieu a envie de crier sa joie : il chante de tout son coeur` . Mais, au milieu de l'Adeste fideles, le directeur de la chorale s'arrête : « Quelqu'un chantefaux, dit-il. Recommençons. » D'un même mouvement, toutes les têtes se tournent vers Mathieu. Alors, le malheureux comprend : tous les garçons ont regardé ensemble de son côté parce que c'est lui qui chante faux. Tout triste, il baisse le nez, devient tout rouge, tousse un peu pour cacher sa gêne. Le directeur semble ne s'apercevoir de rien mais, lorsqu'il fait reprendre le chant, Mathieu se tait. Il n'ose plus chanter... La répétition est finie. Tout contents, les gar- çons s'en vont. Ils rient et se poussent pour aller plus vite. Personne ne s'aperçoit que Mathieu est resté là, seul dans le silence, avec sa peine, et qu'il pleure sur une chaise. « Je ne suis bon à rien, pense-t-il. Déjà en classe, je suis toujours dernier; je joue si mal au ballon que tout le monde se moque de moi et maintenant je ne peux même plus chanter... » Mathieu a de la peine, mais il ne manque pas de cou- rage. Le plus important, c'est que la chorale marche bien. Il chante faux? Eh bien, il ne chantera plus jamais. D'un air décidé, il se lève et frappe à la porte du bureau du directeur. Il retire sa robe blanche de chan- teur et la lui tend : « Tenez! monsieur le directeur, faites-en ce que vous voulez. Donnez-la à un autre, moi je ne suis bon à rien! » Le directeur de la chorale pensait justement à Mathieu : depuis longtemps, il savait que l'enfant chantait faux. Il n'avait jamais rien voulu lui dire pour ne pas lui faire de peine. Mais le jour de Noël, devant tout le monde, c'était vraiment impossible de le laisser faire des fautes. « Bon à rien? Il ne faut jamais dire une chose pareille, répond-il doucement. Tu vas m'aider à préparer la crèche`, veux-tu? » Silence. « Écoute, Mathieu, tu me rendrais service en allant à l'atelier de M. Duras. Les santons doivent être prêts et je n'ai vraiment pas le temps d'y aller moi-même. Va les chercher et nous les arrangerons ensemble, tu veux? — Bien sûr. » Mathieu se dépêche, content de se rendre utile. A l'atelier, un vieux monsieur le reçoit avec un bon sourire. Tu viens pour la crèche? Tout est prêt. Et il ouvre devant Mathieu deux grandes boites où dorment les santons, entourés de papier blanc. « Regarde. » Tout heureux de montrer son travail, M. Duras ouvre 2928 un par un les petits paquets : l'âne, le bœuf, les moutons sortent de leur enveloppe, puis Marie, Joseph et l'Enfant Jésus. « Oh! dit Mathieu. — Tu ne les aimes pas? — Moi? si... au contraire. Comment faites-vous? » M. Duras n'est pas un commerçant comme les autres. `J'est un artiste, et il aime les enfants. « Je vais te montrer. » De ses mains adroites, il prend de la pâte, se met à la travailler et, sous les yeux étonnés de Mathieu, fait une étoile, la plus jolie des étoiles de Noël. « A toi d'essayer maintenant », dit-il, en tendant de la pâte à son nouvel ami. A son tour, Mathieu travaille la pâte, le visage éclairé de joie. De ses doigts sort la forme très réussie d'un santon. M. Duras le regarde étonné : « Comment es-tu arrivé à faire cela sans avoir jamais appris! Mais Mathieu doit partir..., il faut qu'il apporte la crèche là-bas. M. Duras lui fait promettre de revenir travailler avec lui et l'enfant s'en va, serrant un morceau de pâte dans le creux de sa main. Dehors, il neige. Mathieu frappe à la porte du directeur de la chorale, entre avec son gros paquet, veut enlever la ficelle. Mais, à ce moment-là, endormies par le froid, ses mains lâchent la grande boîte qui tombe par terre. Vite, il déchire les papiers, sort les santons un par un et trouve, dans le fond de la boîte, un ange" en mille morceaux. • Je me rappelle, dit Mathieu, il avait les ailes ouvertes. C'était le plus joli de tous... Attendez, je vais essayer. » Alors, prenant la pâte que M. Duras lui a donnée, 30 comme tout à l'heure à l'atelier, ses doigts se mettent à travailler tout seuls... Étonné, le professeur de chant le regarde faire. Il ne dit rien mais, avec un grand sourire, prend l'ange et le pose en haut de la crèche. C'est le 24 décembre... Mathieu a compris qu'il chan- tait faux, mais cela n'a plus d'importance. Il a trouvé un autre moyen d'exprimer tout ce qu'il y a dans son Cœur. _, 31 Surprise de Noël En allant en classe, ce matin-là, Patrick voit que son ami Philippe est triste : « Qu'est-ce que tu as, Phil? — Maman dit que nous ne pouvons pas garder Mous- tique. Il est trop gros pour rester dans l'appartement. Chaque fois qu'il bouge", il casse quelque chose. On va être obligé de le vendre. — Vendre ton chien? Ce n'est pas possible. Écoute, j'ai une idée. Chez nous, il y a le jardin. Et puis, Maman est si seule toute la journée, si triste. Je pourrai lui offrir Moustique pour Noël, il lui tiendra compagnie*. A la sortie de l'école, Patrick donne à Phil son ballon, son couteau à six lames et toutes ses petites voitures. Ce n'est pas tellement cher pour faire une belle surprise' à sa mère! « Tu verras, promet Phil, il est très gentil. La seule chose, c'est qu'il n'aime pas beaucoup voir des gens en uniforme'. Une fois, le facteur lui a donné un coup de pied : il ne l'a jamais oublié. Mais Papa dit qu'il finira par s'habituer à ne plus mordre les facteurs et les agents de police... » Cette histoire d'uniforme est un peu gênante. Patrick commence à se demander s'il a bien fait. En arri- vant à la maison, il comprend qu'il s'est tout à fait trompé. « Sors ce veau de ma cuisine! crie sa mère. — Ce n'est pas un veau, c'est un chien. Le père de Phil dit qu'il est très rare. — Eh bien, s'il est tellement rare, qu'il le garde! » Comment lui expliquer que Moustique est son cadeau* 32 de Noël? Vraiment, les grandes personnes sont impos- sibles, elles ne comprennent rien à rien, pense Patrick. Heureusement, son père semble vouloir l'aider : « Va l'installer dans le garage, Patrick, et attache-le. Demain, nous déciderons ce que nous pouvons faire de lui. » Patrick obéit* tristement : « Sois gentil, Mous- tique, s'il te plaît. Peut-être que Maman changera 33 d'avis. » Moustique a compris. Il se couche sans rien dire et, le matin, on ne l'entend pas. Plusieurs jours se passent. Patrick n'ose plus parler de Moustique. Deux fois par jour, il lui apporte à manger et le promène dans le jardin. Sa mère semble habituée à l'idée qu'un « veau » vit dans son garage. Maintenant, c'est même elle qui lui prépare ses repas. Elle lui achète de la viande chez le boucher. Elle ne va jamais le voir mais, un matin, en regardant Patrick le promener, elle lui crie par la fenêtre de la cuisine : Pourquoi ne le laisses-tu pas en liberté? C'est mau- vais pour cette bête d'être toujours attachée. — Tu veux dire qu'il peut aller où il veut? » demande Patrick, fou de joie. Mais ce n'est pas encore ce matin-là que les choses doivent s'arranger. Au moment où Moustique, tout con- tent de cette nouvelle liberté, se lance en courant dans le jardin, Patrick voit le facteur arriver. « Moustique, Moustique, viens ici! » Trop tard! Moustique est parti, rapide comme un éclair. Sa vieille colère s'est réveillée, et le pantalon du facteur est déjà tout déchiré quand Patrick réussit à attraper son chien. Tête basse, Patrick part pour la classe. Demain, c'est Noël : il n'aura pas de cadeau à offrir à sa mère. Au contraire, il lui a fait de la peine avec cette mauvaise idée. Et Moustique, que va-t-il devenir? Le père de Phil n'en veut plus non plus. La vie est trop difficile, vraiment. Le soir, en rentrant à la maison, Patrick va tout droit au garage. Il veut être seul pour dire au revoir à son ami, mais Moustique n'est plus là... Mon Dieu, est-ce que Maman l'a déjà fait partir? Patrick court à la maison. Dans la cuisine, sa mère prépare le dîner. A côté d'elle, un gros chien est assis. Le petit garçon se frotte les yeux. 34 « Eh bien, Patrick, entre. Moustique ne va pas te manger. — Mais...— Mais quoi? Tout cela est ma faute, après tout. Moustique a des excuses. Il était attaché depuis huit jours, il avait envie de jouer. Ce n'est pas étonnant! » Patrick n'y comprend plus rien, mais ce qui est impor- tant, c'est le sourire de sa mère, le premier depuis si longtemps. Il se jette dans ses bras. « Maman, il faut que je te dise quelque chose. Mous- tique, je voulais te le donner pour Noel. » La joue de Maman est un peu mouillée, mais Patrick sait qu'elle n'est pas malheureuse avec son petit garçon sur les genoux et sa main droite dans les poils d'un gros chien qui frotte sa tête contre sa jupe. A son tour, il sourit en l'entendant dire d'une drôle de voix.: « Demain, c'est Noël, le facteur ne passe jamais les jours de fête... » Aleth Delorme « 35 Aventures policières Cadavre* en vacances Tout a une fin, même les choses les plus agréables. Mes vacances françaises sont finies : j'ai passé un mois chez mes amis Girard, mais aujourd'hui, Jacques, le plus vieux des garçons, me conduit à la gare de Lyon où je dois prendre mon train pour Rome. Nous sommes arrivés trop tôt : j'ai toujours peur de manquer le train... Jacques m'installe à ma place, en face d'un vieux mon- sieur qui a l'air très gentil; nous nous disons au revoir et il descend sur le quai. Alors, je me rappelle quelque chose. Vite, je me penche par la fenêtre et je lui crie : « Oh Jacques! surtout, n'oublie pas de t'occuper du cadavre. — Non, non, n'aie pas peur. Ce sera fait. » Il sourit et le voilà parti. « Voie 13. Train rapide Rome-Express. En direction de Lyon, Aix-les-Bains, Modane, Turin, Gênes, Flo- rence, Rome, Naples. Départ 19 h 50. » Un peu triste, je retourne m'asseoir et je ferme les yeux pour me rappeler ces belles journées de vacances en Bretagne, et puis Paris, où j'ai passé les quinze der- niers jours. « Mademoiselle, mademoiselle... » Un très grand agent de police est planté devant moi, l'ceil sévère`. Qu'est-ce qu'il fait là, celui-là? Le vieux monsieur me regarde lui aussi, tout étonné. « Mademoiselle, suivez-moi, s'il vous plaît. — Qui, moi? — Oui, vous. Allons, dépêchez-vous! — Mais c'est impossible, le train part dans un quart d'heure, à dix-neuf heures cinquante... — Eh bien, vous prendrez le suivant. — Oh! Mais... monsieur, non... — Il n'y a pas de « mais ». Ne discutez pas et venez. » Il prend ma valise et descend du train. Je n'y com- prends rien, mais je suis bien obligée de le suivre. Nous traversons la gare et arrivons devant une porte où est écrit le mot : « Police ». Me voici dans un petit bureau en face d'un autre agent de police, encore plus grand et plus sévère que le premier. Il me regarde avec attention avant de com- mencer à parler. « Asseyez-vous, mademoiselle. Votre nom, s'il vous plaît? — Pezzani. — Nationalité? — Italienne. — Profession? — Je suis étudiante. — Où habitez-vous d'habitude? Que faisiez-vous à Paris? Depuis combien de temps y étiez-vous? Avec quel argent viviez-vous? Où alliez-vous? » J'ai fait des progrès en français, mais, quand même, cet homme parle quatre fois trop vite. Et puis, pour- quoi veut-il savoir tout ça? « Alors, mademoiselle, j'attends! » Oui, mais mon train, lui, ne m'attendra pas. A dix-neuf heures cinquante, il sera parti. Les trains français sont toujours à l'heure... Je regarde ma montre. Ça y est; il doit être parti. Et mes parents qui vont m'attendre à la gare. Les questions continuent : « A quoi avez-vous employé votre temps depuis jeudi matin? 36 37 — Jeudi matin, jeudi matin, je ne sais pas, moi... je ne ... Ah, oui! je suis allée au Louvre, et, l'après- midi, au cinéma. Hier, j'ai fait mes bagages et j'ai dit au revoir à tous mes amis français. — Connaissez-vous Mme Renaud qui habite, ou plutôt habitait, 40, rue Saint-Honoré? —Non, je ne sais pas; mais enfin, pourquoi?... Enfin, non, je ne connais pas cette dame. — Naturellement, vous ne la connaissez pas! Vous mentez... Suivez-moi. Nous allons voir si votre ami dit la même chose que vous. » Mon ami, quel ami? Cet homme doit être fou. Bien sûr, les Girard habitent rue Saint-Honoré, mais elle est longue, cette rue. En quinze jours, je n'ai pas eu le temps de connaître tous les habitants du quartier! Nous entrons dans un autre bureau et je vois... Jacques, assis sur une chaise devant un autre agent. Je n'ose rien dire à Jacques. C'est mon agent qui parle le premier. « Bien sûr, ils ont raconté les mêmes histoires. Mais personne n'a vu cette vieille dame depuis jeudi soir et ces deux-là ont tué quelqu'un! — Je vous défends de dire une chose pareille. C'est faux, faux, faux! — Alors, pouvez-vous m'expliquer pourquoi made- moiselle vous a dit avant de partir : « N'oublie pas « de t'occuper du cadavre? » C'est bien ce qu'elle a dit, n'est-ce pas? Un voyageur sur le quai l'a entendu et il est venu nous le raconter. » Jacques et moi, nous nous regardons et nous écla- tons ` de rire. « Ah, ah, ah!... — Ah, c'était donc ça! — Oh, ce que c'est drôle, cette histoire! — Ah, ah, ah!... » 38 Les agents ont l'air très en colère. Jacques sort alors un petit livre jaune de sa poche. Sur la couverture, on peut lire : « Cadavre en vacances ». C'est un livre qu'une amie française m'avait prêté. Je n'avais pas eu le temps de le lui rendre : Jacques devait le faire pour moi et j'avais peur qu'il n'oublie. Tout s'explique. Les deux agents sont un peu rouges. Il semble bien qu'ils se sont trompés... « Allô! Bon... très bien, oui... d'accord. La prochaine fois, faites attention à ce que vous dites, hein? Allez, au revoir. » C'est mon agent qui a répondu au téléphone. Il est de plus en plus rouge. « Tout va bien, la vieille dame est retrouvée. Ma- demoiselle, monsieur, vous êtes libres. Excusez-nous. » Nous nous quittons bons amis. Une deuxième fois, Jacques me conduit à ma place. Il m'achète des bonbons* et des journaux, me dit au revoir, descend sur le quai. « Voie 7. Express 609 Paris-Naples. Fermez les por- tières. Attention au départ. » « A bientôt, Jacques, merci... et surtout, n'oublie pas de t'EN occuper! » D'après Catherine Dumas 39 Une petite faute En quittant son bureau, Georges Delage est content : le moment qu'il a préparé et attendu pendant six longues années est enfin arrivé. Dans sa serviette, il emporte 600 000 francs en billets. Il n'a pas été difficile pour lui de les voler : employé modèle', toujours à l'heure, aimé de ses directeurs, Georges Delage était chargé de payer tous les ouvriers de l'usine à la fin de chaque mois. Aujourd'hui, 30 avril, les ouvriers ne seront pas payés à l'heure, mais Georges Delage ne sera jamais puni pour ce vol... Dans quel- ques minutes, il aura disparu". La police pourra le chercher, les journaux pourront montrer sa photo à tout le monde : dans quelques minutes, il n'y aura plus de Georges Delage! Sans se dépêcher, l'homme descend l'escalier du métro'. Il y a beaucoup de monde, personne ne fait attention à lui. Il entre dans le cabinet de toilette " et commence à détruire"' le personnage* imaginé"' par lui, il y a six ans. Georges Delage était un homme grand et mince, avec les dents et les doigts jaunes de tabac, des che- veux blonds, des lunettes, une jambe plus courte que l' autre. Tranquillement, l'homme enlève ses faux cheveux blonds, ses lunettes, ses dents jaunes, le morceau de caoutchouc mis dans sa chaussure droite (pour grandir une de ses jambes). Il range tous ces objets * dans un paquet qu'il mettra tout à l'heure à la poste. Il lave avec soin* les taches de tabac sur ses doigts, met dans 40 sa bouche vide de belles dents bien blanches. Il retourne son manteau qui est gris d'un côté et bleu de l'autre, et sur sa tête nue, il pose un chapeau. Et voilà! Georges Delage est mort. Un sourire aux lèvres, Philippe Ledoux se regarde dans la glace au- dessusdu lavabo. Il se reconnaît à peine! Il y a si long- temps... Tout va bien. Il prend le métro, descend à Saint-Lazare. Dans une rue, tout près, il y a un bureau de poste. Philippe Ledoux envoie son paquet à Phi- lippe Ledoux, en Normandie, dans le petit village où il va pouvoir maintenant vivre tranquillement, sans travailler. Puis, il prend un taxi pour aller au garage où — deux jours plus tôt — il a loué une voiture, déjà habillé en Philippe Ledoux. La jeune fille du garage se rappelle très bien et le reconnaît tout de suite : « Bonjour, monsieur Ledoux, je vais demander qu'on sorte votre voiture. En attendant, si vous le voulez bien, il y a quelques papiers à signer. — Mais bien sûr. — Voilà, c'est pour l'assurance". Nom. Adresse. Numéro de permis de conduire*. Très bien, il ne manque plus que votre signature, s'il vous plaît. Là, en bas... » M. Ledoux signe, monte dans la voiture. « Merci beaucoup, mademoiselle, au revoir. » Trois heures plus tard, sorti de Paris, il chante gaie- ment en conduisant. Près de lui, sa grosse serviette remplie de billets; le ciel est bleu, il fait doux, c'est le printemps, quelle belle journée! Mais qu'est-ce que c'est? On dirait que cette voiture noire le suit depuis plusieurs kilomètres. La police? Non, ce n'est pas possible. Il a tout arrangé, pensé à chaque petite chose; pourquoi la police le suivrait-elle? Tout à coup'`, la voiture noire va plus vite, roule 41 Vive le sport! quelques secondes à côté de lui, passe devant et l'oblige à s'arrêter. « Vos papiers, s'il vous plaît. Police! » C'est fini... Tout de suite, M. Ledoux comprend qu'il a perdu. Les policiers le font monter dans la voi- ture noire qui fait demi-tour et repart vers Paris. Au revoir le printemps, au revoir la Normandie! Triste- ment, il regarde par la vitre : le ciel lui paraît gris main- tenant. Il a même un peu froid... Mais que s'est-il passé? Comment l'ont-ils retrouvé? Quelle faute a-t-il faite? Il cherche, mais ne trouve pas. Alors, il se tourne vers l'un des policiers : « Dites-moi, je voudrais vous poser une question, une seule. Où et quand ai-je fait la petite faute qui vous a permis de me retrouver? — Quand vous avez signé les papiers d'assurance pour la voiture louée, vous avez signé Georges Delage. La jeune fille du garage a lu les journaux de l'après- midi qui parlaient du vol : elle a tout compris. C'est elle qui nous a téléphoné. » Philippe Ledoux pleure de colère. Ainsi, ce tout petit employé qu'il a lui-même créé", lui si intelligent, ainsi ce petit employé s'est montré plus fort que lui! Pendant six ans, au bureau, il a signé Georges Delage. Par la force de l'habitude, il a continué une fois, une seule fois de trop... D'après Alex Stuart Balle de match"' « Vous cherchez quelqu'un pour une partie?... Moi aussi. » Vincent lève la tête, regarde la jeune fille qui lui sourit, sa raquette à la main. Quelqu'un, enfin, lui parle dans ce club'. Une fille qui ne doit pas très bien jouer, c'est sûr!... Mais pourquoi pas?... Ce ne serait pas gentil de dire non. Ils entrent; ils commencent. Vincent envoie une balle molle en plein milieu. Deux pas rapides, et la fille renvoie une bonne balle, dure, dans un coin. « Tiens, pas si mal que je croyais », pense Vincent. Pour la seconde balle, il faut un coup plus difficile; elle le reçoit aussi facilement. « Si je joue un peu vite, dans cinq minutes elle sera perdue », pense Vincent, et il demande : « On fait un match? — Si vous voulez... — Cela ne va pas vous fatiguer? — Commençons toujours, on verra bien. » Vingt minutes plus tard, Vincent est mort de fatigue; la jeune fille, qui a gagné, est fraîche comme une rose. « Bien joué! reconnaît Vincent. Vous êtes plus forte que moi. —Un peu plus d'habitude, c'est tout », dit-elle gentiment. Vincent se met à rire : « Et moi qui vous ai demandé si cela ne vous fati- guerait pas! Vous avez dû me trouver bien ridicule`. Dites-moi, pourquoi vouliez-vous faire une partie avec 4342 moi? Vois ne devez pas manquer de partenaires'... — Pourquoi? Eh bien, voilà : depuis huit jours, je vous vois tourner autour des terrains. Oui, je vous vois de ma fenêtre : j'habite la maison à côté du club. Je m'appelle Claire Cognet. » Vincent devient tout rouge. Claire Cognet! Tout le monde la connaît et sait qu'elle est la meilleure joueuse du club. « Est-ce que je peux vous dire tu? demande Claire. Oui?... merci. Où jouais-tu avant de venir au club? — Avec des amis. — Toujours les mêmes, cela se voit. Tu as de bons coups, mais tu ne sais pas conduire ta partie. — Ce n'est pas ici que j'apprendrai, répond Vincent d'une voix triste. Personne ne veut jouer avec moi. — Parce que personne ne te connaît. Fais les cham- pionnats "` du club. Si tu passes deux tours, tu seras connu. — Et si je suis battu? — Impossible! Si tu veux, je serai ton professeur. Première leçon, demain, à la même heure, ça te va? » Et Claire devient le professeur de Vincent : chaque jour, elle oblige Vincent à répéter les mêmes coups dix fois, vingt fois, trente fois de suite. Elle lui explique ses fautes, lui apprend à jouer d'une façon intelli- gente. « Le tennis, ça se joue aussi avec sa tête. Regarde bien ton adversaire et essaie de trouver son point faible. » Enfin, trois jours avant les championnats, Claire lui dit : « Bon, eh bien, aujourd'hui, on fait une vraie partie, pour s'amuser. » Vincent se rend compte alors des progrès qu'il a faits : Claire gagne encore, mais pas du tout comme le 44 premier jour. Cette fois-ci, elle est obligée de se donner du mal! « Bravo! lui dit-elle à la fin. Maintenant, repose-toi jusqu'à samedi. » Le grand jour arriva. Les trois premiers joueurs que Vincent doit rencontrer sont faciles à battre. Et le pre- mier tour est vite passé; il faut maintenant faire les demi-finales". Le jour suivant, Vincent doit jouer avec un certain Forestier. « Tu verras; c'est un bon joueur », lui dit Claire. C'est vrai, Forestier est très bien. Meilleur que Vin- cent, qui perd le premier set"". Au second, ils arrivent à 5-3, 40-0, balle de match! C'est la fin... Vincent va perdre. Mais à ce moment- là, Forestier s'arrête et dit : « J'abandonne""! » Puis, il explique à Vincent : « De toute façon, je dois partir en voyage demain. Je ne pourrai pas faire la finale*, je préfère vous laisser la place. Bonne chance! » Vincent n'a pas vraiment gagné, mais enfin, il sera en finale... Même s'il est battu, tout le monde le verra. Il sera enfin connu au club. Et puis, pourquoi battu? On ne sait jamais... Le jour de la finale, il part vers le club de bonne heure. Mais... qui est ce garçon, là-bas, de l'autre côté de la rue? On dirait Forestier! Eh oui, c'est bien lui. Il avait dit qu'il devait partir en voyage. Pourquoi lui avoir fait ce cadeau'? « Ce doit être Claire..., pense Vincent; mais oui, bien sûr, c'est elle qui a tout arrangé. » Vincent, qui était si joyeux' , devient alors très triste... Au club, il rencontre la jeune fille. « Pourquoi Forestier a-t-il abandonné? — Il te l'a dit, il partait en voyage. — C'est faux, je viens de le rencontrer. — Alors, il a changé d'avis, c'est tout. 45 — C'est toi qui le lui as demandé! — Qu'est-ce que tu racontes? — Oui, tu le lui as demandé. Et tout le monde va le savoir. Vainqueur ' ou battu, je serai de toute façon ridicule à cause de toi! — Tu es bête, bête et méchant. » Et elle lui tourne le dos. « Finale du simple Messieurs, crie l'arbitre " . René Hémond contre Vincent Duc. » La partie commence, mais Vincent n'a plus envie de gagner. Sa raquette tremble" dans sa main. Très vite, il perd le premier set, puis le second. Changement de côté : Claire lui tend une serviette pour s'essuyer. « Laisse-moi tranquille D , dit-il. Il va à sa place et le jeu recommence. Faute!« C'est bientôt fini », pense Vincent, et alors il rencontre le regard de Claire, un regard tout mouillé, et il comprend. Il se rend compte de tout ce qu'elle a fait pour lui, de tout le mal qu'elle s'est donné pour qu'il devienne un grand joueur. Pauvre Claire, elle a été si gentille... Vincent décide donc de se battre, et il attaque"! Tout étonné, Hémond voit en face de lui un nouveau joueur, rapide, adroit, intelligent, qui gagne le troi- sième set. Au quatrième set, ils arrivent à 4 partout, puis 5 partout, 6-5, 6 partout. A 7-6, Vincent sauve deux balles de match, une autre à 8-7. Il y a deux heures que le match est commencé. 10-9 pour Hémond. Ça y est, cette fois, c'est la balle de match. C'est fini, Vincent a perdu. Il quitte le terrain, il ne voit plus rien tellement il est fatigué! Claire s'avance vers lui. « Tu as perdu, mais tu t'es battu, c'est ça l'impor- tant. La prochaine fois... » Alors Vincent se met à rire : « Eh, laisse-moi res- pirer. Si tu veux bien, on attendra demain pour reprendre l'entraînement""! Paul Cogan 47 avoir une voiture à soi, c'est raconter tout cela à Paul. « Paul, Paul, on a gagné, on — C'est vrai, tu as réussi? — Mais oui, je te dis. — Mais ton père sait ce que — Oui, oui, il est d'accord. — Et ta mère? — Je ne lui en ai pas encore peut-être plus difficile... » Après avoir discuté deux Jacques emporte la victoire* : « Bon, je veux bien... si différent... Vite, il faut les a! nous voulons faire? parlé. Avec elle, ce sera Le rallye La scène se passe dans une salle de ventes. « Et... pour finir, trois 4 CV : elles sont usées, mais un bon bricoleur * peut s'en servir pour fabriquer "' une voiture qui marchera. Mise à prix : 500 francs. -- Achète-les, papa. — Mais pour quoi faire? — Pour faire des rallyes" avec Paul. — Mais tu es fou? Il faudrait des semaines de travail pour faire une auto entière" avec ces vieux morceaux. — Mais je m'occuperai des réparations. — Toi, laisser le cinéma pour rester à l'atelier? Je voudrais bien voir ça! Eh bien, tu le verras si tu les achètes. — Je répète" : 500 francs, c'est une affaire! Alors, qui les prend? — Papa, s'il te plaît! — Mais, tu n'as pas l'âge de faire des rallyes. — C'est Paul qui conduira. — Bon, d'accord. Essayons. 500 francs : je prends! — 500 francs, qui dit mieux? 500 francs pour ce monsieur devant moi. Rien à droite..., rien à gauche; c'est bien vu? Une fois, deux fois, trois fois : adjugé"! Toc! Le petit marteau d'ivoire " est tombé. Les voi- tures sont vendues. Jacques est fou de bonheur " . Depuis deux ans, il travaille dans le garage de son père, à l'atelier. Ce n'est pas toujours très amusant, mais travailler pour 48 heures vous réussissez à me avec sa mère, faire tourner une de ces voitures, ... et si ton père me promet qu'elle n'est pas dangereuse, et, et aussi, si tous les deux vous faites très attention, alors, je vous permets d'essayer. — Merci, maman! » Tous les soirs, quand le travail pour les clients est fini, les deux garçons travaillent à leur oeuvre; ils nettoient, réparent, essayent, recommencent. On ne peut plus les arrêter... « Jacques, viens dîner : il est huit heures. — Je n'ai pas fini. — Mais tu ne peux pas rester toute la nuit sans man- ger. Allons, viens. — Encore une minute. — Comme cet enfant a changé! » dit encore son père. Trois semaines passent et puis, le chef-d'oeuvre` est prêt. La voiture ne ressemble plus du tout à une 4 CV. Rouge et blanche, elle brille', prête à « manger » les kilomètres de toute la force de son nouveau moteur. « Allons l'essayer avec papa. Il nous dira ce qu'il en pense. » La petite voiture se lance, gagne de la vitesse, monte les côtes, prend les tournants en épingle à cheveux, passe comme un éclair dans les lignes droites. « Ouf! tout va bien. — Quel est le prochain rallye? — Le rallye des Sept-Monts; ce n'est pas le plus facile... — Ah, ce n'est pas le moment de reculer, Paul: nous avons une voiture, il y a un rallye, nous devons le gagner! » Le soir du rallye, il neige. Soyez très prudents". — Arrêtez-vous même, si c'est nécessaire. 50 — Mais oui, mais oui. » Et les voilà partis... Dans la nuit, la première partie n'est pas trop mau- vaise. Paul arrive à garder une bonne vitesse. A côté de lui, Jacques le prévient : « Ici, il y a un tournant difficile. Attention! un mau- vais creux à cet endroit-là. Là, c'est tout droit, tu peux y aller. Ah! nous avons fait la moitié du premier tour, courage, mon vieux! — Oui, mais maintenant, il fait beaucoup plus froid... Il y a de la glace sur la route... Je ne peux plus aller aussi vite. » Ils finissent le premier tour avec un quart d'heure de retard. « Oh! Nous n'avons plus qu'à arrêter. — Non, ne faites pas ça, dit le directeur de la course. Les autres n'ont pas fait mieux, vous n'êtes pas si mal placés. — Allez, hop! On repart. » Mais la neige tombe de plus en plus serrée. « On n'y voit pas à vingt mètres, quel sale temps! — Oh! regarde à droite, ça brûle! — Quoi? Nous brûlons? — Non, pas nous, là-bas, dans le fossé, c'est une autre voiture. Arrête-toi. — Et notre place? — C'est moins important, arrête! » Les deux garçons courent, il était temps! Deux corps sont couchés dans la neige. Jacques et Paul les tirent loin de la voiture en feu juste avant que l'essence se mette à brûler avec un grand bruit. « Aide-moi, installons les blessés à l'arrière. — On va les conduire à l'hôpital. » « Alors, docteur? 51 Partons en vacances 52 — Leurs blessures sont légères. Dans quelques jours, ils seront debout. — Merci, docteur, bonsoir! » « Bon, eh bien! on rentre à la maison, maintenant? — Passons d'abord voir les résultats. C'est amusant de savoir qui a gagné. » « Vite, donnez-moi vite votre feuille, dit le direc- teur de la course. Vous êtes les seuls, toutes les autres équipes* ont dû s'arrêter en route. Avec ce temps, ce n'est pas étonnant. — Mais ce n'est pas possible : nous nous sommes arrêtés une heure à l'hôpital. — Ça ne fait rien : vous êtes passés à tous les postes* faire signer votre feuille de route, ici vous êtes les premiers, donc vous avez gagné. — Eh bien, ça alors! — On a gagné, on a gagné! tu te rends compte? — Oui, mais il nous reste le plus difficile à faire... — Quoi donc? — Faire croire à ta mère que nous avons été très prudents! D'après Philippe About Cléo Le soleil d'avril chauffe doucement les rives* de la Seine. Les arbres n'ont pas encore beaucoup de feuilles, pourtant, déjà, cela sent le printemps. Des voitures pressées circulent* sur les ponts, mais, sur les quais, les gens se promènent à pas lents, heureux de cette première belle journée de la saison. Quai de la Mégisserie, Jérôme et Sophie ne se fatiguent pas d'admirer* les magasins de fleurs et d'ani- maux, nombreux dans ce quartier. Il y a des oiseaux dans leurs cages*, des poissons rouges, des souris" blanches, tant de choses encore. Sophie court d'une cage à l'autre. « Oh! regarde, dit-elle en riant : quel joli petit singe*! — Oh! tu le trouves beau? — Mais oui, pas toi? Il a l'air si intelligent. Tu crois que je peux le caresser*? — Ah! si j'étais toi, je n'essaierais pas », répond Jérôme. Mais déjà Sophie a fait une nouvelle connaissance. Elle se donne beaucoup de mal pour essayer de faire parler un magnifique* perroquet" bleu et jaune. « Coco, allons, Coco. Oh! répète, voyons. » Mais Coco regarde Sophie de son oeil rond, sans ouvrir le bec. « Ah! tu ne sais pas t'y prendre, dit Jérôme. Laisse- moi faire. — Allons, Coco, Coco, ne fait pas la mauvaise tête, Co... Coco... » 53 55 Jérôme 'ne réussit pas mieux que Sophie qui se met à rire et se moque de lui. Cela ne fait rien... Il est telle- ment heureux de la voir gaie!« Allez, viens, nous allons visiter* le quartier des chiens. — Comme ils sont jolis! Un, deux, trois, quatre, cinq, six! Six frères et sœurs. Quelle famille! — Ah! ceux-là, tu peux les caresser. — Tu n'as pas un sucre dans ta poche? — Mais ils sont bien trop jeunes, voyons! A leur âge, ils ne boivent que du lait. — C'est vrai, tu as raison. — Oh! celui-là, tout seul dans sa cage. » Une boule de poils très doux, de longues oreilles, de grands yeux un peu tristes, un petit cocker habite la cage voisine. « Oh! Oh! Comme je l'aime, soupire'' Sophie. Je voudrais tellement le prendre dans mes bras. » Le marchand a entendu; il s'avance, les clefs à la main. « Tenez, mademoiselle. Si cela vous fait plaisir... — Oh! Merci! Oh! Comme il est mignon"! — Combien coûte-t-il? souffle* Jérôme dans l'oreille du marchand. — Trois cents francs, monsieur. — Oh! trois cents francs... », répète Jérôme d'une voix désolée'. Ce soir-là, Jérôme a du mal à s'endormir. Dans sa tête, revient toujours la même image : sur l'épaule de Sophie, un petit chien heureux parce qu'il a enfin trouvé quelqu'un pour l'aimer... Le lendemain' matin, Sophie lui téléphone : « Allô, tu sais, j'ai rêvé* toute la nuit de Cléo. — Cléo? — Mais oui, tu sais bien, le petit chien d'hier... 54 C'est le nom que je lui ai donné. Tu aimes? — Beaucoup, cela lui va très bien. Mais, écoute, Sophie... — Oh! non, je t'en prie, ne me dis pas comme les parents que je passe mon temps à rêver... Mais qu'est- ce que tu veux, je sais que je n'aurai jamais assez d'ar- gent pour l'avoir vraiment. Alors... » Mais Jérôme ne l'écoutait plus. C'était décidé : il achèterait Cléo pour Sophie. Heureusement, ce sont les vacances de Pâques. « Oh! 'enfin quoi, j'ai seize ans, non? A mon âge, un garçon peut bien se débrouiller pour gagner trois cents francs. » Après avoir lu toutes les petites annonces* du jour- nal. Jérôme croit avoir trouvé ce qu'il lui faut. « Vous cherchez quelqu'un pour remplacer votre employé qui est malade, monsieur? — Oui, mon p'tit gars'. Mais, tu as déjà travaillé? — Non, monsieur, mais j'apprends très vite, vous savez. — Hum! Tu sais qu'on n'est pas là pour rire. C'est fatigant de porter des paquets, de faire les courses, de charger le camion. — Ça ne fait rien, monsieur. Je suis solide. — Bon, d'accord. On va essayer. Vingt francs par jour si tu fais bien ton travail. — Oh! merci, merci, monsieur. » Il avait raison de le prévenir*, le patron... Jérôme n'aurait jamais cru que c'était si fatigant de travailler. Cent fois, il a envie d'arrêter. Tant' pis pour Cléo! Dans quelque temps, Sophie n'y pensera plus. Mais non! A l'idée de voir les yeux de sa meilleure amie briller* de bonheur, Jérôme reprend courage. Et puis le soir, en rentrant chez lui, il passe par les quais et va faire une petite visite* à Cléo. « Attends encore un peu, Cléo, dans quelques jours, je te sors de là... Tu verras, j'ai des projets* pour toi! » Comme pour le remercier*, le petit chien lui passe la langue sur la main. Ils sont amis maintenant. Les jours passent... et puis un matin... « Et voilà tes trois cents francs, mon garçon. Tu les as bien mérités! Mon employé est rentré, demain ce n'est pas la peine de venir! a Jérôme crie merci, mais déjà il est dans la rue. Il ne court pas, il vole! « Bonjour, bonjour, monsieur. Je viens chercher... Cléo. J'ai les trois cents francs! — Cléo? dit le marchand qui n'y comprend rien. — Ah! pardon, c'est... Bien sûr, vous ne savez pas : le petit cocker, vous savez, celui qui était tout seul dans une cage; où est-il? Vite, je le prends... — Le petit cocker? Je suis désolé, monsieur, nous venons de le vendre à un client... — Oh! » Le soleil d'avril chauffe doucement les rives de la Seine... Sur les quais, un jeune garçon marche lente- ment. Demain, les vacances sont finies... D'après François Pradeau 56 57 Le déjeuner sur l'herbe « Catherine! Catherine! Viens vite, j'ai quelque chose à te dire. — Que se passe-t-il? Tu en fais une tête! — Tu ne sais pas ce qui arrive? les parents ont invité* des amis à déjeuner pour jeudi. — Et alors? — Et alors, tu _ sais bien que, jeudi, tous nos amis devaient venir, et si les parents ont des invités, on ne sera pas tranquilles! Il va falloir reculer notre déjeuner à nous. » Ma cousine Isabelle a l'air très malheureux... Heu- reusement Hubert, mon frère, et Jacques, mon cousin, entrent à ce moment-là : « Qu'est-ce que vous avez, les filles? Nous leur expliquons. « Eh bien, faisons un pique-nique*, dit Hubert. Ce sera très amusant. — Quelle bonne idée! Ce qu'il est débrouillard", ce garçon... — Merci, dit Hubert. Mais attention, il va falloir penser à tout. « Vous, les filles, vous vous occuperez du menu*. Quand vous l'aurez décidé, nous vous aiderons à pré- parer tout ce qu'il faut, et nous nous chargerons des boissons`. — D'accord. — Mais surtout, dit Jacques, essayez de trouver autre chose que les gros sandwiches''. Ce n'est pas bon et ça donne trop soif! 58 — Oh, là là! ce qu'il est difficile, celui-là... Tu ne penses tout de même pas qu'on va t'offrir des huîtres'' et du foie gras*. — Non, mais Jacques a raison; notre pique-nique doit être un succès*. Que pensez-vous de poulet froid? — Bravo! — Avec une bonne salade*. — Une salade? Tu es folle, comment veux-tu qu'on l'emporte? — Mais si, c'est facile. On la lave et on la coupe, puis on la met dans une boîte, et, dans une bouteille, l'huile et le vinaigre*. Au dernier moment on fait le mélange. — Bon, et pour commencer? — Des veufs durs, c'est commode. — Et des melons`! — Très bien. Et après le poulet, du fromage et des fruits. Ça vous va, les garçons? — Ça ira. Maintenant, il faut décider de l'endroit... — Près de la rivière, bien sûr. D'abord, parce qu'on pourra se baigner avant le déjeuner, ensuite parce qu'on y mettra les bouteilles au frais. — Et s'il fait mauvais? dit Jacques. — Oh, toi, si on t'écoutait, on ne ferait jamais rien... » Jeudi matin. Isabelle coupe les poulets pendant que je prépare la salade. Les garçons tournent autour de nous en faisant beaucoup de bruit. « Tu as pensé au tire-bouchon*? — Oui, il est dans le panier. — Et les verres? — Nous avons deux douzaines de verres en papier et deux douzaines d'assiettes. — Combien Papa t'a-t-il donné de bouteilles de vin? —Quatre, mais il y a aussi de la bière et des jus' de fruits. 59 ((Oh! j'ai oublié le beurre, dit Isabelle. Hubert, sois gentil, va vite à la maison le chercher... » Hubert part en bicyclette. Quand il revient, il est tout rouge, mais il rapporte le beurre, des serviettes en papier que Maman lui a données à la dernière minute et une radio. « Comme ça, on pourra danser », dit-il, très content de son idée. Les nuages ont disparu'', nos invités sont arrivés, le poulet est très applaudi... Tout le monde semble heureux... sauf' Jacques : « Oh! ces sales mouches! Pourquoi tombent-elles toujours dans « mon » verre? « Aïe! une guêpe m'a piqué! « Et le café? Bien sûr, vous n'avez pas pensé au café... Oh! les filles! a Je vais vous dire... à mon avis, Jacques n'aime pas les pique-nique!... v Aleth Delorme — Bon. Isabelle, n'oublie pas de prendre 'du sel pour les oeufs durs. — Est-ce qu'il y aura assez de pain? — Mais oui, mais oui. Allez, tout est prêt, on s'en va. » Près de la rivière, nous sommes les premiers. Nous avons le temps de mettre les provisions à l'ombre et les bouteilles dans l'eau avant l'arrivée de nos invités. Jacques regarde le ciel. « Ça y est, il y a des nuages. — Tais-toi donc! Tu vas nous porter malheur. Tu ferais mieux de nous aider à mettre la table. » Sur une nappe" à carreaux", nous installons les assiettes, les verres, les fourchettes et les couteaux. 60 61 Départ en vacances Commeje te l'ai promis, je t'écris pour te donner des nouvelles'. Et quelles nouvelles! Imagine*-toi que je suis toujours à Paris. Il fait un temps extraordinaire*, un temps à être sur la plage'. Seulement, voilà! nous n'y sommes pas. Mais il faut que je te raconte tout depuis le commencement. Donc, nous devions partir hier samedi. « Les enfants, départ à 6 heures demain matin, dit Papa vendredi, au petit déjeuner. Nous aurons moins de monde sur la route. (Tête de Maman qui n'aimé pas se lever tôt!) — 6 heures du matin? Pourquoi si tôt? — Mais il fait jour en été à 6 heures, ma chérie, répond Papa d'une voix* douce. — Nous nous coucherons tôt. — Bon, très bien, nous allons faire les valises tout de suite. François, va les chercher au grenier, s'il te plaît. — Mais l'ascenseur` ne marche pas! — Eh bien, monte à pied... Toi, Alice, apporte-moi tes affaires d'été et celles de tes frères. » Au bout de cinq minutes, François descend en traî- nant' les pieds. « Il n'y a pas de valises au grenier. — Comment cela, pas de valises au grenier? — Non, aucune. — Alice, les hommes ne savent pas chercher. Va voir, toi, sois gentille. » Je ne sais pas si c'est la même chose dans ta famille, mais comme les hommes ne sont « bons à rien », mes frères s'arrangent toujours pour ne rien faire pendant que je fais tout à leur place. Mais, là, François n'avait pas tort, je dois dire : il n'y avait vraiment aucune valise au grenier. « Mon Dieu! crie Maman en se frappant le front avec la main, elles étaient abîmées*, je les ai données à réparer. Il faut vite aller les chercher au magasin. Fran- çois, cours-y. Tiens, voilà de l'argent. Reviens vite. — Où est-ce que c'est? — Rue La Fayette. — Mais c'est très loin! Il y en a combien? — Quatre. — Et comment je vais faire pour les rapporter? — Prends le métro* pour aller et tu reviendras en taxi. — Bon, j'y vais. Mais vous m'attendrez pour déjeu- ner, hein? — N'aie pas peur. » Celui-là, il ne pense qu'à manger. Maman dit que c'est de son âge, mais quand même... A ce point là, c'est extraordinaire*! Une heure plus tard, il revient toujours sans valises. « Le magasin est fermé. — Comment cela, fermé? — Ben oui, fermé, quoi! pour les vacances, depuis hier soir. Il n'ouvre que le premier septembre. C'est écrit sur la porte. » Alors, là, Maman s'est assise. Elle était toute blanche. « Quand je pense qu'on a oublié d'aller les chercher! s « On s était une façon de parler... Pauvre Maman, qui a tellement de choses à penser et qui, d'habitude, n'oublie jamais rien. A ce moment-là, on a sonné à la porte d'entrée. Une grosse dame était là, quatre valises à côté d'elle. « Pardon de vous déranger, madame Dupuy. Je me 62 63 64 permets • de vous rendre vos valises parce que, vous comprenez, nous allons faire des travaux dans le maga- sin. Alors, ça prend de la place, tout cela, et comme elles étaient prêtes, j'ai pensé... » J'ai bien cru que Maman allait l'embrasser! La matinée s'est continuée dans une course aux robes d'été et aux costumes" de bain. Claude, mon grand frère, prudent'', avait préféré disparaître` de la mai- son : « Vous n'avez pas besoin de moi. Alice, tu verras, tout ce que je veux emporter est rangé tout en haut de mon armoire. Tu me feras ma valise, dis? Je te promets que je t'apprendrai à conduire pendant les vacances. » Ouais! je les connais, les promesses de Claude... Et en haut de son armoire, il n'y avait qu'un anorak*, des bonnets* et des chaussettes de laine, des chaussures de ski, etc. Qu'il est distrait, celui-là! Enfin, on a quand même réussi à les remplir, ces valises. Quand Papa est rentré, il a décidé qu'on allait charger les bagages* dans la voiture : « Comme ça, demain matin, tout sera prêt. Nous ne perdrons pas de temps. » Ah! ma pauvre Armelle, si tu avais vu la scène'! Une fois les valises toutes rangées dans la voiture, il n'y avait plus que les deux places de devant pour s'asseoir. « Et nous? Où est-ce qu'on va se mettre? pleurait François. — Toi, tu courras derrière, c'est tout simple! » répondait Claude, enfin rentré. Dès' qu'ils sont en- semble, ces deux-là, ils se disputent"". « Mais qu'est-ce que vous emportez donc? deman- dait Papa qui perd vite patience'. Tout cela pour vous promener sans rien sur le dos tout l'été! C'est bien la pe ine... QUESTIONS — Mais, Papa... — Il n'y a pas de « Mais, Papa » : vous voyez bien que c'est impossible de tout emporter. » Il a fallu recommencer toutes les valises. J'ai cru devenir folle. A minuit, nous étions encore dans le garage à char- ger la voiture. Tout le monde a mal dormi de peur de ne pas se réveiller. Personne n'entend jamais sonner le réveil dans cette famille. Enfin, à 6 heures nous étions prêts, assis dans la voiture. Il faisait beau. C'était le premier jour des vacances. Ouf! Eh bien, tu me croiras si tu veux, à dix kilomètres de Paris, la voiture s'est arrêtée et n'a plus jamais voulu repartir. « Il me faut bien 24 heures pour la réparer, Mon- sieur », a dit le garagiste. Et voilà, chère Armelle, pourquoi je t'écris de ma chambre en regardant le soleil briller sur Paris. Maman dit que nous irons au cinéma cet après-midi pour nous changer les idées. Je pense que le cinéma sera fermé ou que je me casserai la jambe dans l'escalier en y allant. Qu'est-ce qué tu veux, il y a des jours où tout va mal... Je t'embrasse quand même et j'espère que tu passes de bonnes vacances, toi! Alice Aleth Delorme 66 Victoire d'équipe — Quand Jean et Hervé décident-ils de faire des progrès chacun de leur côté? — Quelle est la victoire qui, à votre avis, vous parait la plus difficile à remporter, celle de Jean ou celle d'Hervé? Deux vies pour la science — Pourquoi Marie est-elle venue continuer ses études à Paris? — Montrez en quoi l'identification de la première substance radioactive est pour Pierre et Marie une récompense. — Quelles difficultés Pierre et Marie rencontrent-ils pour parvenir à leur but? Le Gourdi — Est-ce la peur qui empêche le Gourdi de nager avec ses amis jusqu'au n Groun » ? — Pourquoi le lendemain Hervé arrive-t-il souriant, la tête haute? Le paravent — Pourquoi les deux garçons n'auraient-ils pas dû changer de place et aller s'installer derrière le paravent? — Qu'est-ce qui les oblige à demander l'hospitalité à un particulier? Joyeux anniversaire — Pourquoi la vie paraît-elle belle à Élisabeth quand elle pense à son anniversaire? — Quelles déceptions Élisabeth a-t-elle pendant la journée? — Comment Elisabeth comprend-elle son erreur? 67 Boum — A partir de quel moment comprend-on qu'il s'agit d'un rêve? pourquoi? — La fin et le début de ce récit ne se ressemblent-ils pas? — Quelle différence y a-t-il pourtant? C'était le 24 décembre — Qu'est-ce qui fait croire à Mathieu qu'il n'est « bon à rien » ? — Comment le directeur de la chorale s'y prend-il pour montrer à Mathieu qu'il n'est pas bon à rien? Surprise de Noël — Patrick a-t-il eu une bonne idée de vouloir offrir Mous- tique à sa maman comme cadeau de Noël? Pourquoi? Cadavre en vacances — Pourquoi le policier demande-t-il à la demoiselle de le suivre? — Qu'est-ce qui fait croire à la police que les jeunes gens ont tué quelqu'un? — L'emploi d'un mot à la place d'un autre peut avoir par- fois des conséquences désagréables; montrez que les jeunes gens l'ont bien compris. Une petite faute — Quelle différence y a-t-il entre Georges Delage et Philippe Ledoux? — Quelle faute permet à la police d'identifier le voleur? Balle de match — Pourquoi Claire Cognet, la meilleure joueuse de tennis du club, se donne-t-elle beaucoup de mal pour que Vincent devienne un bon joueur? — Comment l'encourage-t-elle? — Le jour de la finale, Vincent ne se montre-t-il pas ingrat, injuste? — Quelles sont les raisons de son attitude?
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