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Extrait de la publication
Im
possible de grandir
Extrait de la publication
Du même auteur
La Préférence nationale et autres nouvelles, Présence africaine,
2001.
Les Loups de l’Atlantique, nouvelle, dans le recueil collectif Nou-
velles Voix d’Afrique, éd. Hœbecke, 2002.
Ports de folie, nouvelle, dans la revue Brèves n° 66, 2002.
Le Ventre de l’Atlantique, Anne Carrière, 2003 ; Le Livre de
poche, 2005.
Kétala, Flammarion
Inassouvies, nos vies
Le Vieil Homme sur
coll. Livres d’he
Mauve, avec Titou
Celles qui attendent
, 2006 ; J’ai lu, 2007.
, Flammarion, 2008 ; J’ai lu, 2010.
 la barque, avec Titouan Lamazou, nouvelle,
ures, Naïve, 2010.
an Lamazou, Flammarion, 2010.
, Flammarion, 2010 ; J’ai lu, 2012.
Extrait de la publication
Fatou Diome
Imp
ossible de grandir
roman
Flammarion
Extrait de la publication
© Flammarion, 2013.
ISBN : 978-2-0813-0073-6
Extrait de la publication
À mes grands-parents,
Amina
Votre 
Votre 
Parce q
Chacu
À Nko
Que m
ta et Saliou SARR
amour, mon asile, mon souffle légitimé
présence chassait loups et ténèbres
ue muette, la gratitude vaut ingratitude
n de mes jours vous rend hommage.
to Bineta SARR, sœur, mère
a voie te rende ta voix de femme !
Extrait de la publication
Je m’appelle Sa
voudrais m’endo
d’écouter les ange
et me réclament 
Je m’appelle Sa
je me voudrais so
un feu assez vif 
Des rêves aussi 
oublier, regarder 
Que des mots ! M
s’en délecterait b
d’abeille. Hélas, l
me laissent cloué
N’ayant pas la sou
absolue des conva
quelle direction 
prière hésitante ? 
m’installer au so
chaque tour, je fe
jeter des poignée
plus rassurant qu
dis qu’il n’est peu
9
PROLOGUE
lie, les rétines brûlées à scruter la vie, je
rmir, mais je ne peux m’empêcher
s de la mémoire qui chuchotent la nuit
leur vie d’antan.
lie, à défaut d’un sommeil régénérateur,
rcière, avec un chaudron assez grand et
pour mijoter les rêves trop durs à cuir.
forts que des résolutions : apprendre à
devant soi, savourer chaque jour, etc.
ais des mots au goût miel de forêt. On
ien, à condition d’avoir une légèreté
es sorcières s’envolent sur leurs balais et
e au sol, cernée de mes vœux pieux.
veraine volonté des athées ni l’espérance
incus, j’interroge mon reste de foi. Dans
se tourne-t-on lorsqu’on effectue une
Je l’ignore. Qu’un ébéniste veuille bien
mmet d’une toupie ! Je sais, qu’après
rai toujours face au vide. Et, parce que
s de sable dans le grand canyon semble
e l’observation passive du gouffre, je me
t-être pas vain de prier encore. Sur ma
Extrait de la publication
toupie, qui tourne au milieu d’une existence où je navigue
sans carte, j’écarquille les yeux. En silence, je prie, comme
le chasseur élague sa piste sans être sûr de trouver du gibier
au bout. Après chaque prière, une autre prière vient dire
combien la précédente a été vaine. Avec une lucidité de
parieur, je ramasse mes vœux, un par un, les formule, les
reformule, les polis, telles des améthystes, et les dépose
avec ferveur au p
n’en attends qu’u
par là que vient le
mauve qui dissip
une prière ! Mais
promesses de l’au
tout, sauf les re
détourner, mener
quille, mais, parf
On achoppe sur 
sur un récif, par 
On largue les a
de pays et d’amis
route, chargé se
qu’une page vier
aucune entrave. 
pesaient, mais d
Guelwaar les port
un avenir prédéfin
ancestral, j’arpent
tudes de mes aïe
ment de questio
moi ? Que sont d
la diaspora, c’est 
de s’interroger m
chaque jour, de c
kilomètres qui m
10
ied de chaque aube. L’offrande faite, je
ne seule récompense : l’apaisement. C’est
 jour, c’est par là que s’élèvera la lumière
era les ombres qui me hantent. Encore
 rien n’oblige le crépuscule à honorer les
be. Le soir venant, les ténèbres couvrent
liefs de la mémoire. On voudrait s’en
 sa barque au loin, vers une crique tran-
ois, les courants en décident autrement.
les souvenirs, comme la barque échoue
inadvertance.
marres, on change de ville, parfois même
. Déterminé, on voudrait poursuivre sa
ulement d’un esprit neuf, aussi léger
ge. On voudrait avancer en paix, sans
Jadis, les lourdes chevillières d’argent
’un tout autre poids : les princesses
aient pour mieux tracer leur chemin vers
i. Guelwaar de la diaspora, loin de l’âtre
e les temps modernes, privée des certi-
uls, les chevilles lestées d’un enchevêtre-
ns. Où vais-je ? Qu’ai-je laissé derrière
evenus les miens ? Devenir quelqu’un de
porter en soi deux êtres qui ne cessent
utuellement. On se demande le sens de
haque acte, de chaque pas, parce que les
ènent à soi sont plus longs que ceux qui
conduisent d’un continent à l’autre. Se perdre ? On y
pense, on voudrait s’en distraire, mais on y pense tout le
temps, parce que c’est la pire des craintes. À quoi servirait
une boussole, quand le hasard mène la danse et se moque
de nos prétentions directionnelles ? Tout compte fait, la
vie n’a que deux directions : devant et derrière. Alors, on
avance, comme l’enfant suce son pouce, par réflexe. On
ne peut qu’avanc
zon, amant enjôle
on s’élance, emp
rieux qui ignoren
geurs sont des po
pas des merveille
le courage de par
quand on a l’es
inconscience, on 
rêves. Le sprinteu
propre foulée, ce
puis s’étonnent o
Qu’importe la qu
rythme de son 
bifurque au gré d
se plaît-on à le 
quand les bourra
tenir. Ainsi accro
branche, se doute
même embarqué 
On serait plus 
si l’esprit passait 
mesure, de ses s
tence, le corps so
immenses facultés
profit de ce qu’il
vellent et, même 
11
er. On ne se retourne pas quand l’hori-
ur, vous invite sans arrêt. Plein d’allant,
orté par la curiosité et des désirs impé-
t toute trêve. Rêveurs résolus, les voya-
ètes, car, si leur imagination ne cachait
s derrière l’horizon, jamais ils n’auraient
tir. Et la hardiesse jamais ne s’émousse,
prit fertile du poète. Dans une quasi-
enchaîne les pas, comme on enchaîne les
r n’ayant jamais le temps d’admirer sa
 sont toujours les autres qui l’évaluent,
u se désolent de la distance parcourue.
ête en ligne de mire, chacun avance au
souffle. L’itinéraire s’étire, s’allonge,
es circonstances. On s’y fait, du moins,
croire, puisqu’il s’agit de tenir. Même
sques du destin font vaciller, toujours
ché au fil de la vie, comme gibbon à la
-t-on qu’en s’éloignant on reste tout de
dans sa mémoire ?
léger, plus libre, plus heureux peut-être,
les étapes en se débarrassant, au fur et à
tigmates. Pour l’essentiel de notre exis-
uffre, guérit ; toujours rafistolé par ses
 régénératrices, il oublie ce qu’il perd au
 gagne. Nos cellules meurent, se renou-
si l’âge nous amoche un peu, aucun de
Extrait de la publication
nous ne vieillit en regrettant ses dents de lait. Aussi
voudrait-on pouvoir oublier certains souvenirs, comme on
oublie ses quenottes. Malheureusement, tel n’est pas le cas.
Il est des souvenirs que rien n’altère ; plus tenaces que des
kystes, ils plantent leurs ventouses en nous et défient le
temps. On se surprend parfois à murmurer : Telle chose,
c’était il y a bien longtemps, mais c’est comme si c’était
hier… Ce n’est p
Non, on ne se d
liberté. C’est le pa
un fil à la patte. 
tissé par une mèr
ne pas perdre la t
posées à l’autre b
me croyais hors 
de Sangomar trav
souffle ses litanies
Sine-Saloum s’en
son enfant : Salie,
Salie souviens-toi
Depuis que ce
nuit, aux rendez
l’averse au prom
l’improviste, des 
nuits pullulent de
âges et me réclam
retenues de leur v
même manière. E
découpe devant m
qui je suis ? Et je 
je me souviens ! 
trouée s’opère da
sinent : Niodior,
Mbassis, Passy, 
12
as qu’on se plaise à marcher à reculons.
étourne pas de bon cœur du cap de la
ssé, maudit sorcier, qui parfois vous jette
À moins que ce ne soit un fil de coton,
e possessive qui maille le monde afin de
race de ses enfants. Échappée, les valises
out du monde depuis tant d’années,je
d’atteinte. Mais la brise nocturne venue
erse le feuillage des cocotiers de Niodior,
 dans les bois sacrés sérères et, quand le
dort, j’entends la déesse Itoumbé appeler
 c’est la pensée qui rentre, reviens ! Salie,
 ! Et, soudain, je me souviens…
tte voix me parvient, je réponds, chaque
-vous qui s’imposent à moi, comme
eneur insouciant. Me reviennent, à
visages échappés d’un autre monde. Mes
 silhouettes qui remontent du fond des
ent de leur restituer les miettes que j’ai
ie. Le sortilège commence toujours de la
n songe ou éveillée, une silhouette se
oi et m’interroge : Salie, sais-tu encore
réponds, invariablement : Oui, bien sûr,
Dès que je prononce cette phrase, une
ns l’espace-temps et des paysages se des-
 Dionewar, Mar, Fatick, Foundiougne,
Kaolack, Sokone… Villes, villages ou
Extrait de la publication
modestes bourgades, le Sine-Saloum se décline, étale ses
champs arachidiers, couve ses îles, ses quais de pêche,
exhibe ses marais salants et se laisse ciseler par les entrelacs
du fleuve Sénégal. Amoureuse de la mer, sans bouder les
charmes bucoliques, cette terre alterne les saisons et les
panoramas comme on varie les plaisirs. Saison sèche/saison
des pluies, oui, je me souviens de ce diptyque que les
écoliers déclinen
L’enfance, c’était 
Les calendriers
dans une routine
pouvaient surpren
des couchers de s
les bras de mer, 
joies, les peines, 
confidences de n
levait sur des réal
tives, si quelques 
n’étaient là pour
cette époque-là, m
et maintenant. J’
L’amnésie volo
que mettre en év
s’évertue à dissim
nant que j’y sera
Aussi, quand les 
et me réclament 
persuadée qu’en r
aussi une part de
Avec les années
se partagent ma p
quation avec ce q
je peux de mes j
mes nuits pour s
13
t autrement : année scolaire/vacances.
là-bas, dans le Sine-Saloum, à Niodior.
, agraire et administratif, se succédaient
 ponctuée par quelques événements, qui
dre mais ne changeaient rien à la beauté
oleil. Le temps, crocodile, se coulait dans
se gavait de tout, emportant avec lui les
les feuilles mortes des palétuviers et les
os baignades d’enfance. Chaque jour se
ités qui, aujourd’hui, me paraîtraient fic-
photos jaunies et d’inoubliables mélodies
 en témoigner encore. C’était là-bas, à
ais, parfois, j’ai l’impression que c’est ici
ai fini par comprendre pourquoi.
ntaire est un moule de cire qui ne fait
idence les aspérités de la mémoire qu’on
uler. Oui, j’étais là-bas, je sais mainte-
i toujours, tant que je me souviendrai.
anges de la mémoire chuchotent la nuit
de les réincarner, j’accepte l’anamnèse,
estituant la vie des autres, je retrouverai
 la mienne.
, je me suis rendu compte que deux êtres
ropre vie : adulte, supposée vivre en adé-
ue la société entend ainsi, je fais ce que
ournées, mais une gamine s’est attribué
illonner ma mémoire et donner vie aux
Extrait de la publication
ombres. Être diurne, être nocturne, sous le même crâne,
la cohabitation serait parfaite si la Petite ne prenait un
malin plaisir à surgir, inopinément, pour faire des croche-
pieds à l’adulte. Est-ce possible de grandir quand la plus
banale des situations peut se muer en nid-de-poule et
contrarier la marche ? Parfois, un événement anodin suffit
pour que la Petite s’invite dans mon quotidien, avec son
monde, et s’acca
contre, une discu
et mes pensées d
je me cramponn
souvent du saut 
soixante-dix ou q
chiens fidèles. Il 
mordiller les mol
Une petite fill
après quelques dé
contre ses assaut
découvre avec stu
humeurs : grandi
pare mon esprit. Un visage, une ren-
ssion, une anecdote ou une scène fortuite
escendent le temps en rappel. Alors que
e aux années 2000, mes émotions font
à l’élastique, rebondissant sur les années
uatre-vingts, elles me reviennent, tels des
faut toujours que le passé vienne nous
lets.
e me poursuit, me harcèle, m’assiège ;
cennies de lutte, je ne peux toujours rien
s ; parfois, croyant agir à ma guise, je
peur que je ne fais que succomber à ses
r semble impossible !
Depuis quelqu
une charge trop 
draient mon farde
de juger de la rés
Depuis quelqu
obligation sociale
creuse mes cerne
m’invite à dîner. 
aller chez les aut
rétorqué d’un ton
— Justement, 
moi. Enfin, nous
même venir dîne
Ces phrases s’
geôle mentale q
Sachant toute con
tins d’argumenter
haussaient mes so
Pourquoi perso
dis que je n’aime 
sont ceux qui 
rechigne à boire 
15
I
es jours, j’ai l’impression de tituber avec
lourde sur les épaules. Beaucoup pren-
au pour un fétu de paille, mais à chacun
istance de son échine.
es jours, je râle, rouspète, soupire ; une
, des plus banales, blanchit mes nuits,
s et noircit mon humeur : une amie
Je lui ai pourtant dit que je n’aime pas
res, au domicile des autres, mais elle a
 péremptoire :
ce n’est pas chez les autres, c’est chez
 sommes amies ou pas ? Tu peux quand
r chez moi !
étaient abattues, grilles inflexibles de la
u’elle venait d’ériger autour de moi.
tradiction neutralisée d’avance, je m’abs-
, pendant que les points d’interrogation
urcils.
nne ne se sent jamais concerné quand je
pas aller chez les autres ? D’ailleurs, rares
me demandent pourquoi. Lorsqu’on
une coupe, les gens, individuellement,
restent toujours persuadés qu’on peut avaler le Gange
pour leurs beaux yeux. Leur expliquer que leur requête
soulève la même objection que ses similaires reviendrait
à égratigner les susceptibilités. Ceux qui se proclament
amis admettent difficilement qu’une fin de non-recevoir,
que l’on adresse au commun des mortels, leur soit aussi
destinée. Voilà comment Marie-Odile, qui m’invitait à
dîner, me tenait 
qu’elle.
— Enfin, nou
en levant les yeux
Au judo menta
me coller, mais u
un sourire comm
tion indignée, on
un bien sûr cont
sincèrement, à l’
répondu pour de
Nos chemins s
auparavant, un jo
ami commun ass
d’enthousiasme. D
trouver l’excuse q
chez Marie-Odile
règles élémentaire
filer en douceur,
de sable, contou
des estuaires, fair
voguer sur ses e
barque, j’appréci
marée peut aussi 
aguerris. Marie-O
routes, ne cessait 
tion. Je ramais, el
16
prisonnière d’un projet qui n’enchantait
s sommes amies ou pas ? avait-elle lancé,
 au ciel.
l, ce n’est pas un yuko qu’elle venait de
n incontestable ippon. Sans mots, j’étalai
e on s’affale sur un tatami. Cette ques-
 se sent toujours obligé d’y répondre par
rit. Et même si je me la posais encore
évidence Marie-Odile, elle, y avait déjà
ux.
’étaient croisés seulement quelques mois
ur d’été, à la terrasse d’un café, où un
ura les présentations avec beaucoup trop
epuis, du lundi au vendredi, j’essaie de
ui va me soustraire au dîner du samedi
. Fille des îles du Saloum, consciente des
s de navigation, je sais qu’il faut se fau-
 suivre les méandres, négocier les bancs
rner les atolls, passer le bougonnement
e une révérence à l’Atlantique avant de
aux profondes. Aussi, pour mener ma
e les vertus de la lenteur. Attendre la
faire gagner du temps, disent les marins
dile, elle, citadine rompue aux auto-
d’appuyer sur l’accélérateur de notre rela-
le klaxonnait. Je m’embourbais, elle filait
Extrait de la publication
vers son objectif. On me disait d’un tempérament résolu,
j’avais trouvé mon chef de régiment. Avec une femme de
son caractère aux côtés de Napoléon en 1812, la Bérézina
n’aurait jamais eu lieu. Elle aurait balayé l’armée de Tchit-
chagov du pont de Borisov d’un simple revers de la main.
Rien ne pouvait dévier Marie-Odile de son cap. J’avais
beau esquiver ses invitations, cela ne la décourageait pas.
Une nasse longte
toujours par don
avait donc fini p
ma seule véritab
alors qu’elle avait
déjà dû gober.
— Tu sais, je 
et c’est depuis to
avais-je avoué d’u
— Justement, 
Je reçus l’upp
boxeur Battling S
me restait-il ? Ass
repris mes esprits
pas jugé nécessair
rejetais ce qui lui 
contentée de cho
la mâchoire : agis
parlà ? Agir en ad
se plier à toute i
sonnelle, pour as
des siens ? Marie
ditions. Elle igno
de ce qu’on incu
Guelwaar tètent 
On nous tue, on n
il y a du déshonn
17
mps posée, même à contre-courant, finit
ner satisfaction au pêcheur. Marie-Odile
ar me prendre en défaut de prétexte et
le excuse n’était pas audible pour elle,
 inspiré toutes les fariboles qu’elle avait
n’aime vraiment pas aller chez les autres
ute petite, ça n’a rien à voir avec toi, lui
n ton conciliant.
tu n’es plus petite, alors, agis en adulte !
ercut. Son rire n’atténuait rien, seul le
iki cognait plus fort. Combien de dents
ez pour afficher un sourire étourdi. Ayant
, je remarquai qu’elle non plus n’avait
e de me demander pour quelle raison je
semblait tellement aller de soi. Elle s’était
isir des mots marteaux pour me dévisser
 en adulte ! Mais qu’entendait-elle donc
ulte, est-ce devenir assez hypocrite pour
njonction, surseoir à toute volonté per-
souvir les désirs des autres au détriment
-Odile prenait les silences pour des red-
rait que la soumission ne fait pas partie
lque aux enfants en terre niominka. Les
leur devise et ne l’oublient plus jamais :
e nous déshonore pas ! Or, même infime,
eur à se laisser fourguer des couleuvres
Extrait de la publication
dont la longueur dépend du caprice des autres. La
courtoisie, soit, mais dans les limites idoines. Car si la
courtoise offre un supplément d’âme, elle n’ajoute pas des
muscles à notre cou, afin de nous aider à porter les sacs
de sable que d’autres remplissent pour nous. Sursum corda,
élevons notre cœur ! D’accord, et dans les deux acceptions
du verbe. Mais Hercule ne posait-il pas, parfois, un genou
à terre ? Les ques
moquait, mon sil
Nous étions at
France, une paus
longue promenad
Deux diabolos me
expressos pour do
de sucre pour at
sans oublier l’eau
tout juste de quo
Combien de tem
dans les cafés, co
Cette détente, ce
n’oserait se perm
d’autrui. Les dern
notre table en deu
nant dans la riviè
mon vis-à-vis.
— Très jolis c
— Ah oui ! T
partir d’un fou 
contagieux.
— Mais, enfin
demanda Marie-
perplexité.
Mais je n’osai
nous n’avons pl
18
tions de cette nature, Marie-Odile s’en
ence lui signifiait sa victoire.
tablées à la terrasse d’un café de la Petite
e salvatrice pour nos jambes, après une
e dédiée aux splendeurs de Strasbourg.
nthe pour reprendre notre souffle. Deux
nner goût à la discussion, avec un peu
ténuer l’amertume au fond de la gorge,
, rendue précieuse par les miniverres,
i rincer le sourire et lui garder son éclat.
ps étions-nous restées là ? On s’enlise
mme la barque se prend dans une ria.
tte façon de lambiner en ces lieux, nul
ettre une telle insouciance dans le salon
iers rayons d’un timide soleil coupaient
x. Notre conversation se noyait mainte-
re de l’Ill, qui filait derrière l’épaule de
es géraniums sur les balcons, me dit-elle.
rès jolis, en effet, répondis-je, avant de
rire qui intrigua d’abord avant d’être
, Salie, qu’est-ce qui te fait tant rire ? me
Odile, lorsqu’elle parvint à articuler sa
s le lui dire. J’avais pensé : Alors là, si
us que les géraniums comme sujet de
conversation, c’est que les carottes sont cuites. Surtout
quand on sait que la dame est une Alsacienne pure rhé-
nane, plus qu’habituée à la végétation en question. Il n’y
a que l’ennui pour nous faire remarquer des choses aussi
familières.
— Autre chose, mesdames ? nous claironna le serveur,
après avoir déposé d’immenses verres de bière devant un
couple de tourist
Au lieu de répo
relle pour avoir t
le nord, préférant
Nous nous consu
aveugle, les mots
ses talons pressés.
à main et, comme
nous quittâmes n
synchronisée. Un
notre escale. Il éta
son monde. Enc
talons sur les pavé
des venelles, débo
soustraire très vite
Kléber le temps 
s’acharnait à trou
lâcher quelques p
sincère foi d’artis
taine de mètres 
geâmes des bises 
— Au revoir e
moi.
— Alors, à sam
— Euh…
Pendant que j
quitter des yeux, 
19
es qui trépignaient à la table voisine.
ndre à l’Allemand qui lui cherchait que-
rop attendu sa Heineken, il avait gardé
 venir nous pousser à la consommation.
ltâmes du regard et, comme il n’était pas
 déclinant sa proposition tombèrent sur
 Sourires entendus, chacune saisit son sac
 exécutant les gestes d’une chorégraphie,
os chaises d’une manière parfaitement
e cloche invisible avait sonné la fin de
it temps pour chacune de retourner dans
ore quelques pas ensemble : rayer nos
s, traverser un ou deux ponts, emprunter
uler sur la place de l’Homme-de-Fer, se
 à la ronde des tramways, s’attarder place
d’applaudir un homme-orchestre – qui
ver une harmonie au chaos du monde –,
ièces dans son chapeau pour saluer sa
te et s’en aller. Place Broglie, à une cen-
de l’Opéra, Marie-Odile et moi échan-
convenues.
t bonne soirée, dis-je, prête à foncer chez
edi !
e faisais la carpe à marée basse, sans la
elle crut utile de préciser :
Extrait de la publication
— Oui, à samedi, tu sais, pour le dîner.
— Oui, bonne soirée !
Elle esquissa un sourire qui effaça le mien et bifurqua
à droite. Je me dirigeai à gauche, en pensant : Je suis une
carpe prise dans le filet d’un pêcheur niominka, plus rien
ne me sauvera du foyer ardent. Qu’on m’écaille, qu’on me
tranche, qu’on verse du citron et du piment sur ma chair
vive et, surtout, q
puisque les brais
sauvera du gril.
C’était évident
étaient diamétrale
mondaine que j’é
tance dans une 
emploi du temps
monde ne s’effon
mer, le plus souve
de comprendre c
devenues des fail
Marie-Odile et m
chacune voulait g
mais nos tactique
Dans une préc
à l’école primaire
éventa sa vocatio
toute façon, elle e
maille des autres,
récolter, de surcro
Mais le temps pa
marmaille et déco
de ses corvées, le
Elle était ravie de
soutenait-elle ; d’a
toujours pas reno
20
u’on m’embroche à la fourche du diable,
es m’attendent. Rien, plus rien ne me
, il n’y avait pas que nos demeures qui
ment opposées. Cette femme était aussi
tais casanière. Sa vie trouvait sa consis-
succession de dîners, dressés dans son
, tels des piquets censés éviter que son
dre. Et ma vie à moi consistait à m’enfer-
nt possible, pour scruter, étudier, essayer
es fissures, qui, avec le temps, étaient
les et menaçaient les murs de ma vie.
oi n’avions qu’une chose en commun,
arder debout la bâtisse de son existence,
s étaient totalement divergentes.
édente vie, Marie-Odile était enseignante
. Après la gifle d’un parent d’élève, qui
n, elle s’était recyclée esthéticienne. De
n avait eu assez de s’occuper de la mar-
 disait-elle à l’époque, et si c’était pour
ît, autant d’ingratitude, ah non, merci !
ssant, elle avait eu, elle aussi, sa propre
uvert, en même temps que l’immensité
s avantages d’un emploi à temps partiel.
 pouvoir consacrer du temps à son foyer,
utant plus que son cher époux, qui n’avait
ncé à ses prérogatives préhistoriques, se
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N° d’
édition : L.01ELJN000510.N001
Dépôt légal : mars 2013
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	Impossible de grandir
	PROLOGUE
	Chapitre I