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Extrait de la publication Im possible de grandir Extrait de la publication Du même auteur La Préférence nationale et autres nouvelles, Présence africaine, 2001. Les Loups de l’Atlantique, nouvelle, dans le recueil collectif Nou- velles Voix d’Afrique, éd. Hœbecke, 2002. Ports de folie, nouvelle, dans la revue Brèves n° 66, 2002. Le Ventre de l’Atlantique, Anne Carrière, 2003 ; Le Livre de poche, 2005. Kétala, Flammarion Inassouvies, nos vies Le Vieil Homme sur coll. Livres d’he Mauve, avec Titou Celles qui attendent , 2006 ; J’ai lu, 2007. , Flammarion, 2008 ; J’ai lu, 2010. la barque, avec Titouan Lamazou, nouvelle, ures, Naïve, 2010. an Lamazou, Flammarion, 2010. , Flammarion, 2010 ; J’ai lu, 2012. Extrait de la publication Fatou Diome Imp ossible de grandir roman Flammarion Extrait de la publication © Flammarion, 2013. ISBN : 978-2-0813-0073-6 Extrait de la publication À mes grands-parents, Amina Votre Votre Parce q Chacu À Nko Que m ta et Saliou SARR amour, mon asile, mon souffle légitimé présence chassait loups et ténèbres ue muette, la gratitude vaut ingratitude n de mes jours vous rend hommage. to Bineta SARR, sœur, mère a voie te rende ta voix de femme ! Extrait de la publication Je m’appelle Sa voudrais m’endo d’écouter les ange et me réclament Je m’appelle Sa je me voudrais so un feu assez vif Des rêves aussi oublier, regarder Que des mots ! M s’en délecterait b d’abeille. Hélas, l me laissent cloué N’ayant pas la sou absolue des conva quelle direction prière hésitante ? m’installer au so chaque tour, je fe jeter des poignée plus rassurant qu dis qu’il n’est peu 9 PROLOGUE lie, les rétines brûlées à scruter la vie, je rmir, mais je ne peux m’empêcher s de la mémoire qui chuchotent la nuit leur vie d’antan. lie, à défaut d’un sommeil régénérateur, rcière, avec un chaudron assez grand et pour mijoter les rêves trop durs à cuir. forts que des résolutions : apprendre à devant soi, savourer chaque jour, etc. ais des mots au goût miel de forêt. On ien, à condition d’avoir une légèreté es sorcières s’envolent sur leurs balais et e au sol, cernée de mes vœux pieux. veraine volonté des athées ni l’espérance incus, j’interroge mon reste de foi. Dans se tourne-t-on lorsqu’on effectue une Je l’ignore. Qu’un ébéniste veuille bien mmet d’une toupie ! Je sais, qu’après rai toujours face au vide. Et, parce que s de sable dans le grand canyon semble e l’observation passive du gouffre, je me t-être pas vain de prier encore. Sur ma Extrait de la publication toupie, qui tourne au milieu d’une existence où je navigue sans carte, j’écarquille les yeux. En silence, je prie, comme le chasseur élague sa piste sans être sûr de trouver du gibier au bout. Après chaque prière, une autre prière vient dire combien la précédente a été vaine. Avec une lucidité de parieur, je ramasse mes vœux, un par un, les formule, les reformule, les polis, telles des améthystes, et les dépose avec ferveur au p n’en attends qu’u par là que vient le mauve qui dissip une prière ! Mais promesses de l’au tout, sauf les re détourner, mener quille, mais, parf On achoppe sur sur un récif, par On largue les a de pays et d’amis route, chargé se qu’une page vier aucune entrave. pesaient, mais d Guelwaar les port un avenir prédéfin ancestral, j’arpent tudes de mes aïe ment de questio moi ? Que sont d la diaspora, c’est de s’interroger m chaque jour, de c kilomètres qui m 10 ied de chaque aube. L’offrande faite, je ne seule récompense : l’apaisement. C’est jour, c’est par là que s’élèvera la lumière era les ombres qui me hantent. Encore rien n’oblige le crépuscule à honorer les be. Le soir venant, les ténèbres couvrent liefs de la mémoire. On voudrait s’en sa barque au loin, vers une crique tran- ois, les courants en décident autrement. les souvenirs, comme la barque échoue inadvertance. marres, on change de ville, parfois même . Déterminé, on voudrait poursuivre sa ulement d’un esprit neuf, aussi léger ge. On voudrait avancer en paix, sans Jadis, les lourdes chevillières d’argent ’un tout autre poids : les princesses aient pour mieux tracer leur chemin vers i. Guelwaar de la diaspora, loin de l’âtre e les temps modernes, privée des certi- uls, les chevilles lestées d’un enchevêtre- ns. Où vais-je ? Qu’ai-je laissé derrière evenus les miens ? Devenir quelqu’un de porter en soi deux êtres qui ne cessent utuellement. On se demande le sens de haque acte, de chaque pas, parce que les ènent à soi sont plus longs que ceux qui conduisent d’un continent à l’autre. Se perdre ? On y pense, on voudrait s’en distraire, mais on y pense tout le temps, parce que c’est la pire des craintes. À quoi servirait une boussole, quand le hasard mène la danse et se moque de nos prétentions directionnelles ? Tout compte fait, la vie n’a que deux directions : devant et derrière. Alors, on avance, comme l’enfant suce son pouce, par réflexe. On ne peut qu’avanc zon, amant enjôle on s’élance, emp rieux qui ignoren geurs sont des po pas des merveille le courage de par quand on a l’es inconscience, on rêves. Le sprinteu propre foulée, ce puis s’étonnent o Qu’importe la qu rythme de son bifurque au gré d se plaît-on à le quand les bourra tenir. Ainsi accro branche, se doute même embarqué On serait plus si l’esprit passait mesure, de ses s tence, le corps so immenses facultés profit de ce qu’il vellent et, même 11 er. On ne se retourne pas quand l’hori- ur, vous invite sans arrêt. Plein d’allant, orté par la curiosité et des désirs impé- t toute trêve. Rêveurs résolus, les voya- ètes, car, si leur imagination ne cachait s derrière l’horizon, jamais ils n’auraient tir. Et la hardiesse jamais ne s’émousse, prit fertile du poète. Dans une quasi- enchaîne les pas, comme on enchaîne les r n’ayant jamais le temps d’admirer sa sont toujours les autres qui l’évaluent, u se désolent de la distance parcourue. ête en ligne de mire, chacun avance au souffle. L’itinéraire s’étire, s’allonge, es circonstances. On s’y fait, du moins, croire, puisqu’il s’agit de tenir. Même sques du destin font vaciller, toujours ché au fil de la vie, comme gibbon à la -t-on qu’en s’éloignant on reste tout de dans sa mémoire ? léger, plus libre, plus heureux peut-être, les étapes en se débarrassant, au fur et à tigmates. Pour l’essentiel de notre exis- uffre, guérit ; toujours rafistolé par ses régénératrices, il oublie ce qu’il perd au gagne. Nos cellules meurent, se renou- si l’âge nous amoche un peu, aucun de Extrait de la publication nous ne vieillit en regrettant ses dents de lait. Aussi voudrait-on pouvoir oublier certains souvenirs, comme on oublie ses quenottes. Malheureusement, tel n’est pas le cas. Il est des souvenirs que rien n’altère ; plus tenaces que des kystes, ils plantent leurs ventouses en nous et défient le temps. On se surprend parfois à murmurer : Telle chose, c’était il y a bien longtemps, mais c’est comme si c’était hier… Ce n’est p Non, on ne se d liberté. C’est le pa un fil à la patte. tissé par une mèr ne pas perdre la t posées à l’autre b me croyais hors de Sangomar trav souffle ses litanies Sine-Saloum s’en son enfant : Salie, Salie souviens-toi Depuis que ce nuit, aux rendez l’averse au prom l’improviste, des nuits pullulent de âges et me réclam retenues de leur v même manière. E découpe devant m qui je suis ? Et je je me souviens ! trouée s’opère da sinent : Niodior, Mbassis, Passy, 12 as qu’on se plaise à marcher à reculons. étourne pas de bon cœur du cap de la ssé, maudit sorcier, qui parfois vous jette À moins que ce ne soit un fil de coton, e possessive qui maille le monde afin de race de ses enfants. Échappée, les valises out du monde depuis tant d’années,je d’atteinte. Mais la brise nocturne venue erse le feuillage des cocotiers de Niodior, dans les bois sacrés sérères et, quand le dort, j’entends la déesse Itoumbé appeler c’est la pensée qui rentre, reviens ! Salie, ! Et, soudain, je me souviens… tte voix me parvient, je réponds, chaque -vous qui s’imposent à moi, comme eneur insouciant. Me reviennent, à visages échappés d’un autre monde. Mes silhouettes qui remontent du fond des ent de leur restituer les miettes que j’ai ie. Le sortilège commence toujours de la n songe ou éveillée, une silhouette se oi et m’interroge : Salie, sais-tu encore réponds, invariablement : Oui, bien sûr, Dès que je prononce cette phrase, une ns l’espace-temps et des paysages se des- Dionewar, Mar, Fatick, Foundiougne, Kaolack, Sokone… Villes, villages ou Extrait de la publication modestes bourgades, le Sine-Saloum se décline, étale ses champs arachidiers, couve ses îles, ses quais de pêche, exhibe ses marais salants et se laisse ciseler par les entrelacs du fleuve Sénégal. Amoureuse de la mer, sans bouder les charmes bucoliques, cette terre alterne les saisons et les panoramas comme on varie les plaisirs. Saison sèche/saison des pluies, oui, je me souviens de ce diptyque que les écoliers déclinen L’enfance, c’était Les calendriers dans une routine pouvaient surpren des couchers de s les bras de mer, joies, les peines, confidences de n levait sur des réal tives, si quelques n’étaient là pour cette époque-là, m et maintenant. J’ L’amnésie volo que mettre en év s’évertue à dissim nant que j’y sera Aussi, quand les et me réclament persuadée qu’en r aussi une part de Avec les années se partagent ma p quation avec ce q je peux de mes j mes nuits pour s 13 t autrement : année scolaire/vacances. là-bas, dans le Sine-Saloum, à Niodior. , agraire et administratif, se succédaient ponctuée par quelques événements, qui dre mais ne changeaient rien à la beauté oleil. Le temps, crocodile, se coulait dans se gavait de tout, emportant avec lui les les feuilles mortes des palétuviers et les os baignades d’enfance. Chaque jour se ités qui, aujourd’hui, me paraîtraient fic- photos jaunies et d’inoubliables mélodies en témoigner encore. C’était là-bas, à ais, parfois, j’ai l’impression que c’est ici ai fini par comprendre pourquoi. ntaire est un moule de cire qui ne fait idence les aspérités de la mémoire qu’on uler. Oui, j’étais là-bas, je sais mainte- i toujours, tant que je me souviendrai. anges de la mémoire chuchotent la nuit de les réincarner, j’accepte l’anamnèse, estituant la vie des autres, je retrouverai la mienne. , je me suis rendu compte que deux êtres ropre vie : adulte, supposée vivre en adé- ue la société entend ainsi, je fais ce que ournées, mais une gamine s’est attribué illonner ma mémoire et donner vie aux Extrait de la publication ombres. Être diurne, être nocturne, sous le même crâne, la cohabitation serait parfaite si la Petite ne prenait un malin plaisir à surgir, inopinément, pour faire des croche- pieds à l’adulte. Est-ce possible de grandir quand la plus banale des situations peut se muer en nid-de-poule et contrarier la marche ? Parfois, un événement anodin suffit pour que la Petite s’invite dans mon quotidien, avec son monde, et s’acca contre, une discu et mes pensées d je me cramponn souvent du saut soixante-dix ou q chiens fidèles. Il mordiller les mol Une petite fill après quelques dé contre ses assaut découvre avec stu humeurs : grandi pare mon esprit. Un visage, une ren- ssion, une anecdote ou une scène fortuite escendent le temps en rappel. Alors que e aux années 2000, mes émotions font à l’élastique, rebondissant sur les années uatre-vingts, elles me reviennent, tels des faut toujours que le passé vienne nous lets. e me poursuit, me harcèle, m’assiège ; cennies de lutte, je ne peux toujours rien s ; parfois, croyant agir à ma guise, je peur que je ne fais que succomber à ses r semble impossible ! Depuis quelqu une charge trop draient mon farde de juger de la rés Depuis quelqu obligation sociale creuse mes cerne m’invite à dîner. aller chez les aut rétorqué d’un ton — Justement, moi. Enfin, nous même venir dîne Ces phrases s’ geôle mentale q Sachant toute con tins d’argumenter haussaient mes so Pourquoi perso dis que je n’aime sont ceux qui rechigne à boire 15 I es jours, j’ai l’impression de tituber avec lourde sur les épaules. Beaucoup pren- au pour un fétu de paille, mais à chacun istance de son échine. es jours, je râle, rouspète, soupire ; une , des plus banales, blanchit mes nuits, s et noircit mon humeur : une amie Je lui ai pourtant dit que je n’aime pas res, au domicile des autres, mais elle a péremptoire : ce n’est pas chez les autres, c’est chez sommes amies ou pas ? Tu peux quand r chez moi ! étaient abattues, grilles inflexibles de la u’elle venait d’ériger autour de moi. tradiction neutralisée d’avance, je m’abs- , pendant que les points d’interrogation urcils. nne ne se sent jamais concerné quand je pas aller chez les autres ? D’ailleurs, rares me demandent pourquoi. Lorsqu’on une coupe, les gens, individuellement, restent toujours persuadés qu’on peut avaler le Gange pour leurs beaux yeux. Leur expliquer que leur requête soulève la même objection que ses similaires reviendrait à égratigner les susceptibilités. Ceux qui se proclament amis admettent difficilement qu’une fin de non-recevoir, que l’on adresse au commun des mortels, leur soit aussi destinée. Voilà comment Marie-Odile, qui m’invitait à dîner, me tenait qu’elle. — Enfin, nou en levant les yeux Au judo menta me coller, mais u un sourire comm tion indignée, on un bien sûr cont sincèrement, à l’ répondu pour de Nos chemins s auparavant, un jo ami commun ass d’enthousiasme. D trouver l’excuse q chez Marie-Odile règles élémentaire filer en douceur, de sable, contou des estuaires, fair voguer sur ses e barque, j’appréci marée peut aussi aguerris. Marie-O routes, ne cessait tion. Je ramais, el 16 prisonnière d’un projet qui n’enchantait s sommes amies ou pas ? avait-elle lancé, au ciel. l, ce n’est pas un yuko qu’elle venait de n incontestable ippon. Sans mots, j’étalai e on s’affale sur un tatami. Cette ques- se sent toujours obligé d’y répondre par rit. Et même si je me la posais encore évidence Marie-Odile, elle, y avait déjà ux. ’étaient croisés seulement quelques mois ur d’été, à la terrasse d’un café, où un ura les présentations avec beaucoup trop epuis, du lundi au vendredi, j’essaie de ui va me soustraire au dîner du samedi . Fille des îles du Saloum, consciente des s de navigation, je sais qu’il faut se fau- suivre les méandres, négocier les bancs rner les atolls, passer le bougonnement e une révérence à l’Atlantique avant de aux profondes. Aussi, pour mener ma e les vertus de la lenteur. Attendre la faire gagner du temps, disent les marins dile, elle, citadine rompue aux auto- d’appuyer sur l’accélérateur de notre rela- le klaxonnait. Je m’embourbais, elle filait Extrait de la publication vers son objectif. On me disait d’un tempérament résolu, j’avais trouvé mon chef de régiment. Avec une femme de son caractère aux côtés de Napoléon en 1812, la Bérézina n’aurait jamais eu lieu. Elle aurait balayé l’armée de Tchit- chagov du pont de Borisov d’un simple revers de la main. Rien ne pouvait dévier Marie-Odile de son cap. J’avais beau esquiver ses invitations, cela ne la décourageait pas. Une nasse longte toujours par don avait donc fini p ma seule véritab alors qu’elle avait déjà dû gober. — Tu sais, je et c’est depuis to avais-je avoué d’u — Justement, Je reçus l’upp boxeur Battling S me restait-il ? Ass repris mes esprits pas jugé nécessair rejetais ce qui lui contentée de cho la mâchoire : agis parlà ? Agir en ad se plier à toute i sonnelle, pour as des siens ? Marie ditions. Elle igno de ce qu’on incu Guelwaar tètent On nous tue, on n il y a du déshonn 17 mps posée, même à contre-courant, finit ner satisfaction au pêcheur. Marie-Odile ar me prendre en défaut de prétexte et le excuse n’était pas audible pour elle, inspiré toutes les fariboles qu’elle avait n’aime vraiment pas aller chez les autres ute petite, ça n’a rien à voir avec toi, lui n ton conciliant. tu n’es plus petite, alors, agis en adulte ! ercut. Son rire n’atténuait rien, seul le iki cognait plus fort. Combien de dents ez pour afficher un sourire étourdi. Ayant , je remarquai qu’elle non plus n’avait e de me demander pour quelle raison je semblait tellement aller de soi. Elle s’était isir des mots marteaux pour me dévisser en adulte ! Mais qu’entendait-elle donc ulte, est-ce devenir assez hypocrite pour njonction, surseoir à toute volonté per- souvir les désirs des autres au détriment -Odile prenait les silences pour des red- rait que la soumission ne fait pas partie lque aux enfants en terre niominka. Les leur devise et ne l’oublient plus jamais : e nous déshonore pas ! Or, même infime, eur à se laisser fourguer des couleuvres Extrait de la publication dont la longueur dépend du caprice des autres. La courtoisie, soit, mais dans les limites idoines. Car si la courtoise offre un supplément d’âme, elle n’ajoute pas des muscles à notre cou, afin de nous aider à porter les sacs de sable que d’autres remplissent pour nous. Sursum corda, élevons notre cœur ! D’accord, et dans les deux acceptions du verbe. Mais Hercule ne posait-il pas, parfois, un genou à terre ? Les ques moquait, mon sil Nous étions at France, une paus longue promenad Deux diabolos me expressos pour do de sucre pour at sans oublier l’eau tout juste de quo Combien de tem dans les cafés, co Cette détente, ce n’oserait se perm d’autrui. Les dern notre table en deu nant dans la riviè mon vis-à-vis. — Très jolis c — Ah oui ! T partir d’un fou contagieux. — Mais, enfin demanda Marie- perplexité. Mais je n’osai nous n’avons pl 18 tions de cette nature, Marie-Odile s’en ence lui signifiait sa victoire. tablées à la terrasse d’un café de la Petite e salvatrice pour nos jambes, après une e dédiée aux splendeurs de Strasbourg. nthe pour reprendre notre souffle. Deux nner goût à la discussion, avec un peu ténuer l’amertume au fond de la gorge, , rendue précieuse par les miniverres, i rincer le sourire et lui garder son éclat. ps étions-nous restées là ? On s’enlise mme la barque se prend dans une ria. tte façon de lambiner en ces lieux, nul ettre une telle insouciance dans le salon iers rayons d’un timide soleil coupaient x. Notre conversation se noyait mainte- re de l’Ill, qui filait derrière l’épaule de es géraniums sur les balcons, me dit-elle. rès jolis, en effet, répondis-je, avant de rire qui intrigua d’abord avant d’être , Salie, qu’est-ce qui te fait tant rire ? me Odile, lorsqu’elle parvint à articuler sa s le lui dire. J’avais pensé : Alors là, si us que les géraniums comme sujet de conversation, c’est que les carottes sont cuites. Surtout quand on sait que la dame est une Alsacienne pure rhé- nane, plus qu’habituée à la végétation en question. Il n’y a que l’ennui pour nous faire remarquer des choses aussi familières. — Autre chose, mesdames ? nous claironna le serveur, après avoir déposé d’immenses verres de bière devant un couple de tourist Au lieu de répo relle pour avoir t le nord, préférant Nous nous consu aveugle, les mots ses talons pressés. à main et, comme nous quittâmes n synchronisée. Un notre escale. Il éta son monde. Enc talons sur les pavé des venelles, débo soustraire très vite Kléber le temps s’acharnait à trou lâcher quelques p sincère foi d’artis taine de mètres geâmes des bises — Au revoir e moi. — Alors, à sam — Euh… Pendant que j quitter des yeux, 19 es qui trépignaient à la table voisine. ndre à l’Allemand qui lui cherchait que- rop attendu sa Heineken, il avait gardé venir nous pousser à la consommation. ltâmes du regard et, comme il n’était pas déclinant sa proposition tombèrent sur Sourires entendus, chacune saisit son sac exécutant les gestes d’une chorégraphie, os chaises d’une manière parfaitement e cloche invisible avait sonné la fin de it temps pour chacune de retourner dans ore quelques pas ensemble : rayer nos s, traverser un ou deux ponts, emprunter uler sur la place de l’Homme-de-Fer, se à la ronde des tramways, s’attarder place d’applaudir un homme-orchestre – qui ver une harmonie au chaos du monde –, ièces dans son chapeau pour saluer sa te et s’en aller. Place Broglie, à une cen- de l’Opéra, Marie-Odile et moi échan- convenues. t bonne soirée, dis-je, prête à foncer chez edi ! e faisais la carpe à marée basse, sans la elle crut utile de préciser : Extrait de la publication — Oui, à samedi, tu sais, pour le dîner. — Oui, bonne soirée ! Elle esquissa un sourire qui effaça le mien et bifurqua à droite. Je me dirigeai à gauche, en pensant : Je suis une carpe prise dans le filet d’un pêcheur niominka, plus rien ne me sauvera du foyer ardent. Qu’on m’écaille, qu’on me tranche, qu’on verse du citron et du piment sur ma chair vive et, surtout, q puisque les brais sauvera du gril. C’était évident étaient diamétrale mondaine que j’é tance dans une emploi du temps monde ne s’effon mer, le plus souve de comprendre c devenues des fail Marie-Odile et m chacune voulait g mais nos tactique Dans une préc à l’école primaire éventa sa vocatio toute façon, elle e maille des autres, récolter, de surcro Mais le temps pa marmaille et déco de ses corvées, le Elle était ravie de soutenait-elle ; d’a toujours pas reno 20 u’on m’embroche à la fourche du diable, es m’attendent. Rien, plus rien ne me , il n’y avait pas que nos demeures qui ment opposées. Cette femme était aussi tais casanière. Sa vie trouvait sa consis- succession de dîners, dressés dans son , tels des piquets censés éviter que son dre. Et ma vie à moi consistait à m’enfer- nt possible, pour scruter, étudier, essayer es fissures, qui, avec le temps, étaient les et menaçaient les murs de ma vie. oi n’avions qu’une chose en commun, arder debout la bâtisse de son existence, s étaient totalement divergentes. édente vie, Marie-Odile était enseignante . Après la gifle d’un parent d’élève, qui n, elle s’était recyclée esthéticienne. De n avait eu assez de s’occuper de la mar- disait-elle à l’époque, et si c’était pour ît, autant d’ingratitude, ah non, merci ! ssant, elle avait eu, elle aussi, sa propre uvert, en même temps que l’immensité s avantages d’un emploi à temps partiel. pouvoir consacrer du temps à son foyer, utant plus que son cher époux, qui n’avait ncé à ses prérogatives préhistoriques, se Extrait de la publication Extrait de la publication N° d’ édition : L.01ELJN000510.N001 Dépôt légal : mars 2013 Extrait de la publication Impossible de grandir PROLOGUE Chapitre I
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