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Le Monde Magazine 2 Mai 2020

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BIBI BORTHWICK
COCO CAPITÁN
BRIANNA CAPOZZI 
LEA COLOMBO
ZOE GHERTNER
LARISSA HOFMANN
NADINE IJEWERE
NAMSA LEUBA
STEF MITCHELL
KRISTIN-LEE MOOLMAN
HANNA MOON
KATJA RAHLWES 
COLLIER SCHORR
SENTA SIMOND
GRAY SORRENTI
HARLEY WEIR
ET BRIGITTE LACOMBE
17 PHOTOGRAPHES
 CONFINÉES
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gestion de l’alimentation. La capacité maximale de la batterie diminuera naturellement avec le temps et l’utilisation. Voir www.bapco.com pour plus de détails.
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Stephen Shore.
CARTE BLANCHE À
AVEC SES CLICHÉS DE STATIONS-SERVICE, D’ENSEIGNES DE RESTAURANTS 
OU D’AUTOROUTES DÉSERTES, LE PHOTOGRAPHE AMÉRICAIN DE 72 ANS A 
IMMORTALISÉ UNE AMÉRIQUE À LA FOIS BANALE ET MYTHOLOGIQUE. AU DÉBUT 
DES ANNÉES 1970, SES PAYSAGES EN COULEURS TRANCHENT AVEC LE NOIR 
ET BLANC, DOMINANT À L’ÉPOQUE. ALORS QUE CERTAINES DE SES IMAGES 
SONT REGROUPÉES DANS L’OUVRAGE “TRANSPARENCIES: SMALL CAMERA 
WORKS 1971–1979”, PUBLIÉ CHEZ MACK, “M” OUVRE SA CARTE BLANCHE 
JUSQU’EN JUIN À CE PIONNIER DE LA PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE.
Image issue de Transparencies: 
Small Camera Works 
1971-1979 (Mack, 2020).
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IL Y A UN MOIS, LA PUBLICATION DE NOTRE NUMÉRO 
SPÉCIAL HOMMES dans lequel 16 photographes confinés se don-
naient à voir a provoqué quelques réactions courroucées sur les 
réseaux sociaux. Ces mécontentes et quelques mécontents nous 
ont accusés de ne pas faire de place aux femmes photographes… 
Ce ne sont sans doute pas des lecteurs et des lectrices attentifs de 
M car nous annoncions, dès ce numéro hommes, que nous avions 
déjà demandé à des femmes de se soumettre elles aussi à l’exer-
cice de l’autoportrait. Non pas pour nous rattraper mais parce que 
les photographes femmes sont depuis 450 numéros aujourd’hui 
les compagnes de route du magazine. Ainsi de Brigitte Lacombe 
qui apparaît en couverture de ce numéro de M Le magazine du 
Monde, ou des représentantes les plus brillantes de la jeune géné-
ration que sont Coco Capitán, Lea Colombo, Zoë Ghertner, Bibi 
Borthwick ou encore Harley Weir, que nous avons publiée dès le 
début de sa carrière. Avec M, elle a photographié les corps sou-
vent nus, souvent crus de jeunes gens, ses semblables. Elle est 
allée aussi dans la jungle de Calais suivre les migrants qui cher-
chaient à traverser la Manche. Et elle a réalisé évidemment 
quelques luxueuses séries de mode avec les top-modèles du 
moment, comme Adut Akech ou Rianne Van Rompaey. Souvent 
dénudées mais toujours maîtresses d’elles-mêmes, dégageant une 
sensualité à la fois brute et élégante… Les voici donc, dans ce 
numéro 450, ces photographes confinées, avec un « e », rejointes 
par d’autres, pour un portfolio qui suscitera sans doute encore 
des réactions mais dont nous sommes très fiers. Car il dit pas mal 
de choses de la trajectoire et des choix de M.
La controverse a été étonnamment absente de l’action des géants 
du luxe dans la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-
19, surtout si l’on se souvient des polémiques autour des dons des 
familles Arnault et Pinault au moment de l’incendie de Notre-
Dame l’an dernier. Fabrication de gel hydroalcoolique, achemine-
ment de masques depuis la Chine, renonciation au chômage partiel 
et annonce – par communiqué – d’une baisse de la rémunération 
des dirigeants, les grands groupes comme Kering et LVMH n’ont 
pas été en reste sur une mobilisation massive comme le racontent, 
dans ce numéro, Caroline Rousseau et Elvire Von Bardeleben. Dans 
une enquête passionnante, elles en retracent les différentes étapes 
et la décryptent. Cette mise en ordre de bataille des grandes mai-
sons semble galvaniser les troupes qui se réjouissent de mesurer là 
leur utilité. D’autant que cette crise touche des endroits où l’indus-
trie du luxe est très présente : la Chine où se joue le développement 
de beaucoup de marques tant les consommateurs y sont friands de 
mode ; l’Italie où est située la majorité des usines de prêt-à-porter 
et de chaussures ; la France, où siègent beaucoup de grands noms 
du secteur et les États-Unis, dont New York, où se trouvent les 
grands journaux et les puissants acheteurs des réseaux de grands 
magasins… Le secteur va perdre des sommes considérables et sans 
doute de nombreux emplois. Et il va également être contraint de 
revoir ses règles du jeu. Il n’y aura pas de défilés en juillet dans les 
grandes villes de mode, et la session de septembre reste très incer-
taine. La maison Saint Laurent vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle 
allait désormais décider seule de son calendrier pour montrer ses 
collections… En février dernier, alors que Milan et la Lombardie 
d’où arrivait la caravane de la mode étaient déjà touchées, la 
fashion week de Paris s’est tenue comme si de rien n’était. Défilés 
géants, bousculades à l’entrée et dîners intimes, il n’était pas ques-
tion de gestes barrière, de distanciation sociale, ni surtout d’annu-
ler quoi que ce soit… La plupart des acteurs parlaient d’exagération 
de la situation et les rarissimes personnes qui portaient un masque 
– comme le préconisait alors le gouvernement pour les personnes 
rentrant d’une zone à risque, avant de faire machine arrière – 
étaient prises pour des illuminées. Gênantes ou anxiogènes. Pas 
dans le ton en tout cas. « On l’a échappé belle », reconnaît pourtant 
aujourd’hui un responsable dans l’article de nos deux journalistes. 
L’irruption du réel ne peut que faire du bien à un secteur qui se 
grise de champagne et de légèreté. Dommage qu’il faille un événe-
ment si grave… Marie-Pierre LANNELONGUE
Au programme
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P O U R V O T R E S A N T É , É V I T E Z D E M A N G E R T R O P G R A S , T R O P S U C R É , T R O P S A L É . W W W . M A N G E R B O U G E R . F R
*À quoi vous attendez-vous?
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 LA SEMAINE
 10 Entre-soi 
Pétri de bonnes intentions.
 11 Les pilules amères 
de Michèle Barzach.
 13 Le sport américain 
 tourne à vide.
 14 Dans le métro, un Recueil 
social fortement perturbé.
 15 À titre personnel 
Théo Charron, 
ramasseur de fraises.
 16 Muriel Salmona, 
psy en état d’alertes.
 17 Objet de conversation 
L’hygiaphone. 
 LE MAGAZINE21 La mode se paie le luxe 
de la solidarité. Les grands 
groupes du secteur se sont 
mobilisés pour venir en aide 
aux soignants dans la lutte 
contre le Covid-19. Un 
engagement qui leur permet 
de soigner leur image.
 26 “Mon seul vrai contact est le 
robot.” En quarantaine dans 
une chambre d’hôtel à Pékin, 
après un reportage à Wuhan, 
le photographe français 
Gilles Sabrié raconte son 
expérience en isolement.
 28 Les ultraorthodoxes 
d’Israël sous la Loi du virus. 
Ayant adopté les mesures 
sanitaires avec retard, 
les communautés juives 
ultraorthodoxes ont été 
 18 Avec le coronavirus, le 
drive-in se refait une santé. 
 19 En mode confinés… 
La djellaba. 
 20 La première fois que 
“Le Monde” à écrit 
Open space. 
particulièrement touchées 
par le coronavirus. 
 34 Un pont en suspens. 
Au-dessus du détroit 
de Messine, il devait relier 
la Sicile et la péninsule 
italienne. Mais, depuis 
les années 2000, rien n’a 
bougé. Le sort de l’ouvrage 
devrait être scellé cet été.
 39 PORTFOLIO 
Un certain regard. Après 
leurs homologues masculins, 
dix-sept photographes, 
collaboratrices de M, ont 
livré des clichés intimes de 
leur confinement à New York, 
Londres, Bordeaux…
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Le sommaire
 LE GOÛT
 58 Sans alcool, le nouveau 
code bar. 
 62 Making of. Le clip 
patchwork de Magenta.
 63 Fétiche. Pli d’élégance. 
 64 Variations 
Premiers de cordons. 
 65 Tête chercheuse 
Comédienne dell’arte. 
 66 À l’origine. Lutte de classe. 
 68 Élément de langage 
Le serti signature. 
 70 Des nouvelles de 
Christophe Gaillard, 
marchand d’art.
 72 Voyage immobile à… Moscou.
 74 Premiers de tablées 
CheZaline.
 75 Sur tous vos écrans 
“Phase IV”, des fourmis 
et un homme.
 76 Traitement de saveur 
Ovins d’honneur.
 77 Sous la main. La fève.
 78 Écologiquement vôtre
 Le sac à compost.
 79 Confinement, mode d’emploi
 La paix des ménages.
 80 Jeux 
 82 Dans l’album photo… 
de Frédéric Malle 
La couverture 
a été réalisée 
par Brigitte 
Lacombe pour 
M Le magazine 
du Monde.
DIRECTRICE ADJOINTE DE LA RÉDACTION_ 
Marie-Pierre LANNELONGUE
DIRECTEUR DE LA CRÉATION_ 
Jean- Baptiste TALBOURDET-NAPOLEONE
Documentation : Sébastien CARGANICO (chef de service), Muriel GODEAU et Vincent NOUVET / 
Infographie : Le Monde / Directeur de la diffusion et de la production : Hervé BONNAUD / Fabrication : Xavier 
LOTH (directeur), Jean-Marc MOREAU (chef de fabrication), Alex MONNET / Directeur du développement 
numérique : Julien LAROCHE-JOUBERT / Directeur informatique groupe : José BOLUFER / Responsable infor-
matique éditoriale : Emmanuel GRIVEAU / Informatique éditoriale : Samy CHÉRIFI, Christian CLERC, Igor 
FLAMAIN, Aurélie PELLOUX, Pascal RIGUEL / DIFFUSION ET PROMOTION_Responsable des ventes France 
international : Sabine GUDE / Responsable commercial international : Saveria COLOSIMO MORIN / Directrice 
des abonnements : Pascale LATOUR / Abonnements : abojournalpapier@lemonde.fr; De France, 32-89 (0,30 
€/min + prix appel) ; De l’étranger (33) 1-76-26-32-89 / PROMOTION ET COMMUNICATION : Brigitte 
BILLIARD, Marianne BREDARD, Marlène GODET et Élisabeth TRETIACK / Directeur des produits déri-
vés : Hervé LAVERGNE / Responsable de la logistique : Philippe BASMAISON / Modification de service, réas-
sorts pour marchands de journaux : 0 805 05 01 47 / M PUBLICITÉ_Présidente : Laurence BONICALZI 
BRIDIER / Directrices déléguées : Michaëlle GOFFAUX, Tél. 01-57-28-38-98 (michaëlle.goffaux @mpublicite.
fr) et Valérie LAFONT, Tél. 01-57-28-39-21 (valerie.lafont@mpublicite.fr) / Directeur délégué - activités digi-
tales opérations spéciales : Sébastien NOËL / 80, bd Auguste-Blanqui, 75707 Paris Cedex 13 / Tél. : 01-57-28-
20-00/25-61 / Courriel des lecteurs : mediateur@lemonde.fr / Courriel des abonnements : abojournalpa-
pier@lemonde.fr / M Le magazine du Monde est édité par la Société éditrice du Monde (SA). Imprimé en 
France : Maury imprimeur SA, 45330 Malesherbes. 
 Origine du papier : Italie. Taux de fibres recyclées : 0%. Ce magazine est imprimé chez Maury certifié 
PEFC. Eutrophisation : PTot = 0.018kg/tonne de papier. Dépôt légal à parution. ISSN 0395-2037 Commission 
paritaire 0712C81975. Agrément CPPAP : 2000 C 81975. Distribution Presstalis. Routage France routage. 
RÉDACTION EN CHEF ADJOINTE_ Grégoire BISEAU, 
Agnès GAUTHERON, Clément GHYS.
DIRECTRICE DE LA MODE_ Suzanne KOLLER.
RÉDACTRICE EN CHEF TECHNIQUE_ Anne HAZARD.
Samuel BLUMENFELD, Zineb DRYEF, Vanessa SCHNEIDER, 
Laurent TELO.
Style-mode_Chloé AEBERHARDT (cheffe adjointe Style) et 
Caroline ROUSSEAU (cheffe adjointe Mode), 
Fiona KHALIFA (coordinatrice Mode). Avec Laëtitia LEPORCQ.
Chroniqueurs_Marc BEAUGÉ, Guillemette FAURE.
Assistantes_Christine DOREAU, Marie-France WILLAUME.
Photo_Lucy CONTICELLO et Laurence LAGRANGE (direction), 
Hélène BÉNARD-CHIZARI, Françoise DUTECH, Federica ROSSI. 
Avec Ronan DESHAIES (Instagram).
Graphisme_Audrey RAVELLI (cheffe de studio) 
et Marielle VANDAMME. Avec Camille DURAND. 
Photogravure_Fadi FAYED, Philippe LAURE. Avec Ingrid MAILLARD
Stéphanie GRIN, Julien GUINTARD (chefs adjoints) et Paula RAVAUX 
(adjointe numérique). Boris BASTIDE, Béatrice BOISSERIE, 
Nadir CHOUGAR, Joël MÉTREAU et Agnès RASTOUIL. 
Avec Geneviève CAUX.
Révision_Jean-Luc FAVREAU (chef de section), 
Adélaïde DUCREUX-PICON. Avec Arnaud DUBOIS.
PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE, DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : 
Louis DREYFUS
DIRECTEUR DU “MONDE”, DIRECTEUR DÉLÉGUÉ DE LA 
PUBLICATION, MEMBRE DU DIRECTOIRE : Jérôme FENOGLIO
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Luc BRONNER
DIRECTRICE DÉLÉGUÉE À L’ORGANISATION DES RÉDACTIONS : 
Françoise TOVO
DIRECTION ADJOINTE DE LA RÉDACTION : Grégoire ALLIX, 
Philippe BROUSSARD, Emmanuelle CHEVALLEREAU, Alexis 
DELCAMBRE, Benoît HOPQUIN, Caroline MONNOT, Cécile PRIEUR
DIRECTEUR DÉLÉGUÉ AUX RELATIONS AVEC LES LECTEURS : 
Gilles VAN KOTE
DIRECTRICE DES RESSOURCES HUMAINES : Émilie CONTE
SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA RÉDACTION : Christine LAGET
RÉDACTION
DÉPARTEMENT 
VISUEL
ÉDITION
Elles et ils ont participé à ce numéro.
2 – ISABELLA COTIER, illustratrice 
indépendante, vit et travaille dans le 
quartier de Dalston, à Londres. Elle 
collabore régulièrement au maga­
zine Vogue, ou pour des maisons de 
mode comme Gucci. Fine observa­
trice de la nature humaine en géné­
ral et des citadins en particulier, elle 
utilise la couleur pour renforcer les 
ambiances et donner vie à ses per­
sonnages. Pour M Le magazine du 
Monde, elle a illustré, avec humour, 
l’enquête d’Elvire von Bardeleben et 
Caroline Rousseau sur la nouvelle 
stratégie des groupes de luxe face à 
la crise sanitaire, sommés de com­
muniquer, pour la première fois, sur 
leur utilité sociale. P. 21
4 – TOMMASO BONAVENTURA est 
auteur photographe. Diplômé en 
histoire de l’art à Rome, il se consacre 
à la photographie documentaire et 
aux projets au long cours depuis 
1992. Ses œuvres, récompensées du 
World Press Photo ou du Sony 
Award, font partie des collections 
permanentes du Musée national des 
arts du xxie siècle, à Rome, et de la 
Biennale de Venise. Pour ce numéro 
de M, il traite un sujet qui le fascine 
depuis toujours, le projet du pont du 
détroit de Messine, le « fantôme » le 
plus célèbre de la politique italienne. 
« Photographier un pont, symbole de 
passages et d’union des territoires, 
c’est déjà exceptionnel ; si en plus ce 
pont est invisible, cela devient fantas-
tique… » P. 26
5 – GILLES SABRIÉ, photojournaliste 
installé à Pékin, documente la Chine 
et l’Asie depuis plus de quinze ans. 
Urbanisation, migrations, consom­
mation, surveillance sont les thèmes 
récurrents de son travail. « Il y a plus 
d’un mois, pour un quotidien améri-
cain, je photographiais à distance la 
quarantaine de deux Pékinois. Je 
n’imaginais pas, un peu plus tard, 
tourner l’objectifvers moi-même, et 
documenter une quarantaine de l’in-
térieur pour découvrir que l’isole-
ment et l’immobilisme sont aussi un 
voyage. » P. 30
3 – THOMAS SAINTOURENS est journa­
liste indépendant. Il s’est rendu, en 
décembre 2019, sur le détroit de 
Messine, lieu de l’hypothétique arri­
mage de la Sicile à la péninsule ita­
lienne par un pont, évoqué depuis 
l’Empire romain, mais jamais réalisé. 
« Le “ponte sullo stretto’’ est un objet 
inexistant fascinant. Il s’est invité 
dans toutes les campagnes électorales, 
a mis à l’épreuve les ingénieurs, mais 
aussi alimenté les discussions de 
comptoir… Tant et si bien que ce 
monument imaginaire est devenu une 
mythologie. Au même titre que 
Charybde et Scylla, les monstres du 
détroit qu’il est censé franchir. » P. 26
1 – ELVIRE VON BARDELEBEN ET 
CAROLINE ROUSSEAU sont journa­
listes au Monde. La première est 
chargée de la mode pour le quoti­
dien et la seconde, cheffe adjointe 
mode à M. Elles signent cette 
semaine une enquête sur la mon­
tée en puissance de la crise liée au 
coronavirus au sein des groupes de 
luxe français. « Depuis février der-
nier, nous avons vu les grandes 
marques nier, encaisser le coup, puis 
réagir. Et surtout, pour l’une des 
rares fois de leur histoire, redéfinir 
leur rôle en mettant leur puissance 
au service de tous. » P. 21
6 – LOUIS IMBERT, correspondant du 
Monde à Jérusalem, a suivi la propa­
gation de l’épidémie due au corona­
virus dans la communauté ultra­
orthodoxe, la plus touchée en Israël. 
« C’est l’histoire la plus importante 
dans le pays aujourd’hui. Les hare-
dim, ceux qui “tremblent” devant 
Dieu, vivent à l’écart de l’État, qu’ils 
honnissent ou ignorent. Peu connec-
tés aux médias, ils ont tardé à com-
prendre. Leurs élites ont failli à les 
protéger. Ce séisme ébranle leurs cer-
titudes. “La Torah protège et sauve” : 
que devient ce pilier du dogme, 
quand la prière collective ne pré-
serve pas mais tue ? » P. 32
7 – MICHAL CHELBIN, photographe, 
vit et travaille à Tel­Aviv. Elle est 
l’auteure de trois livres, dont l’un sur 
les acrobates, qui a été récompensé 
du prix PDN Photo Annual en 2008. 
Son travail a été exposé au 
Metropolitan Museum de New York, 
au Getty Center de Los Angeles, au 
Tel Aviv Museum… Collaboratrice 
régulière de The New York Times 
Magazine , The New Yorker, 
BusinessWeek, cette Israélienne s’est 
penchée dans ce numéro sur le sort 
des juifs ultraorthodoxes face à la 
pandémie : « Toutes les personnes 
rencontrées à Bnei Brak étaient bien 
intentionnées. Elles tenaient à mon-
trer qu’elles respectaient les consignes 
en portant gants et masques. » P. 32
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Le M de la semaine.
« LA TERRASSE DE L’IMMEUBLE OÙ JE SUIS CONFINÉ À CASABLANCA, AU MAROC. »
Pour envoyer vos photographies de M : lemonde.fr/lemdelasemaine
Pour nous écrire : mediateur@lemonde.fr
Sylvain HUARD
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IL EST BIENTÔT 11 HEURES DU 
MATIN. Des inconnus se dirigent vers 
un immeuble parisien proche du cime-
tière du Montparnasse, à Paris, com-
posent le code et déposent derrière la 
porte de mystérieux sacs. Accrochés 
dessus, des dessins et des étiquettes : 
« Nos petits soins pour vos grands 
soins. » Dedans, on trouve des pâtisse-
ries très élaborées, mais aussi beau-
coup de cookies, de cakes aux fruits, 
de mini-carrot cakes, de tartes aux 
pommes, de quatre-quarts ou de 
muffins.
Dans quelques minutes, Valentine, 
28 ans, viendra récupérer le tout et 
partira en tournée livrer les gâteaux 
aux soignants de l’institut Montsouris. 
Pour desservir hôpitaux et Ehpad dont 
les cafétérias ont fermé, les 9 000 pâtis-
siers amateurs du groupe @vosgateaux 
se sont organisés en secteurs géogra-
phiques. Leurs noms d’équipes font 
rêver (Chouquette, Fougasse ou 
Craquelin). Il n’y a pas de raison que 
ceux qui sont enfermés chez eux soient 
les seuls à grossir en attendant le 
11 mai.
Les chefs d’équipe ont souvent la tren-
taine, le recrutement se faisant majo-
ritairement sur Instagram. Leurs 
équipes de pâtissiers bénévoles ral-
lient des gens qui n’arrivent pas à 
accepter que ce que l’on peut faire de 
plus utile actuellement, c’est de rester 
chez soi. Ils ne sont pas les seuls à avoir 
décidé de combattre le Covid-19 avec 
de la farine. À voir ceux qui multiplient 
les fournées de gâteaux pour eux et 
leurs proches, on se dit que la farine 
qui a disparu des rayons des super-
marchés n’a pas été achetée pour être 
stockée par les anxieux.
Sur Google Trends, les requêtes 
« recettes de gâteau » ont bondi de 
400 %, celles de cookies de 200 % 
après un pic à 400 %, la baisse relative 
s’expliquant peut-être par la montée 
de la tendance « recettes gâteau sans 
farine » (+180 %).
À QUOI ON LES RECONNAÎT
Ils ne parlent pas de « gâteaux » mais 
de « douceurs ». Ils font des gâteaux au 
yaourt comme on regarde des films de 
De Funès, parce que la vie était quand 
même moins dure quand on était 
petits. Ils ont déjà cliqué sur les liens 
« 5 recettes de #desserts sans farine à 
réaliser pour tenir jusqu’au 11 mai » ou 
« Confinement  : des gâteaux sans 
farine, c’est possible ! » avant de se dire 
que les vrais gâteaux sont ceux dans 
lesquels on peut faire des puits.
Ils se refilent les adresses de boulangers 
qui se sont mis à vendre de la farine, se 
partagent les PDF de fousdepatisserie 
dans les groupes WhatsApp et vérifient 
que le point de collecte des pâtisseries 
de @vosgateaux se trouve bien dans un 
rayon d’un kilomètre de chez eux.
COMMENT ILS PARLENT
« Préparez tout type de gâteaux cuits. 
Pas de tiramisu, mousse au chocolat, 
crème brûlée… » 
« J’ai trois boîtes de fiches cuisine ELLE 
des années 1980 à donner. Ça intéresse 
quelqu’un ? » 
« Grosse journée aujourd’hui, je ferai 
seulement un banana bread . » 
« N’oubliez pas d’emballer et de préciser 
les ingrédients. » 
« Top les meringues, on peut avoir votre 
recette ? » 
« Marbré déposé rue Froidevaux ».
LEURS PONCIFS
« Ça fait du bien de se faire du bien. » 
« Le gâteau, c’est du lien social. » 
« On peut vivre sans coiffeur mais pas 
sans farine. »
LEURS QUESTIONS EXISTENTIELLES
Où sont passés les intolérants au glu-
ten d’avant le confinement ? Qui sont 
ces gens qui viennent sur les blogs cri-
tiquer ceux qui cuisent leurs gâteaux 
au yaourt dans des moules à cake ?
LEUR GRAAL
Le meunier de Saint-Héand (Loire) qui 
vend de la farine par sac de cinq kilos. 
La farine de châtaigne qu’on a rappor-
tée de Corse ou achetée l’hiver dernier 
au Bon Marché.
LA FAUTE DE GOÛT
Lu sur Twitter : « Ceux qui râlent sur le 
fait que les gens fassent plus de gâteaux 
ou de pain pendant le confinement 
parce que du coup vous ne trouvez pas 
de farine au supermarché, j’ai une ques-
tion : vous vouliez faire quoi avec la 
farine, vous ? » 
ENTRE-SOI
Texte Guillemette FAURE
PÉTRI DE BONNES INTENTIONS.
EN CES TEMPS DE CONFINEMENT, TOUT EST BON POUR SE FAIRE PLAISIR ET SURTOUT S’OCCUPER… 
RÉSULTAT, ENTRE LES COLLECTIFS DE PÂTISSIERS AMATEURS SUR INSTAGRAM QUI RÉGALENT 
LES SOIGNANTS OU LES DÉSŒUVRÉS QUI ENCHAÎNENT LES FOURNÉES DE COOKIES, LA FARINE 
EST EN RUPTURE DE STOCK DANS LES SUPERMARCHÉS. 
Michèle Barzach, 
alors ministre de 
la santé, annonçant 
la création d’une 
fondation sur 
le sida à Paris, le 
27 novembre 1986.
LES PILULES AMÈRES 
DE MICHÈLE BARZACH.
Texte Stéphanie MARTEAU et Dominique PERRIN
L’AFFAIRE MATZNEFF N’EN FINIT PAS DE RATTRAPER LES 
PERSONNALITÉS DU MONDE LITTÉRAIRE ET POLITIQUE, sans 
épargner les plus solides réputations… En arrivant à Nanterre, 
le 2 mars dernier, Michèle Barzach, 76 ans, s’est prestement 
engouffrée dans les locaux de l’Office central pour la répression 
des violences aux personnes (OCRVP), le service de police 
chargé de l’enquête pour « viols sur mineurs de moins de 
15 ans » qui vise l’écrivainGabriel Matzneff. Le nom de 
l’ancienne ministre de la santé et de la famille de Jacques Chirac 
(de 1986 à 1988) est cité à plusieurs reprises dans deux 
ouvrages du sulfureux auteur, tous minutieusement épluchés 
par les policiers. Selon nos informations, les enquêteurs 
ont pourtant attendu quelques semaines avant d’entendre, 
comme témoin dans l’affaire de pédophilie qui secoue le 
microcosme parisien, cette ancienne figure de la droite libérale, 
sociale, auréolée d’un engagement sans faille dans la lutte 
contre le sida et dans l’humanitaire. 
Le scandale a éclaté en janvier dernier, lors de la parution 
du livre de Vanessa Springora, Le Consentement (Grasset). 
La quadragénaire, devenue éditrice, y raconte dans le 
Missions à l’OMS et au Fonds mondial de 
lutte contre le sida, présidence de l’Unicef 
France… L’ancienne ministre de la santé 
de Jacques Chirac semblait ne rien avoir à 
se reprocher. Selon nos informations, elle 
a été entendue par la justice dans l’affaire 
Gabriel Matzneff en tant que gynécologue 
ayant prescrit la pilule aux jeunes filles 
que l’écrivain lui amenait dans son cabinet.
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LA SEMAINE
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détail sa relation avec Matzneff, en 1986, alors qu’elle avait 
14 ans et lui 49. Encouragée par ce premier témoignage et 
l’ ouverture d’une enquête, à la demande du parquet, une autre 
ancienne victime présumée de l’écrivain, Francesca Gee, a, à 
son tour, décidé de rompre le silence dans le New York Times, 
dénonçant l’emprise que Matzneff a exercée sur elle pendant 
trois ans à partir de 1973, lorsqu’elle avait 15 ans, et lui 37… 
C’est cette dernière, aujourd’hui âgée de 62 ans, qui a confirmé 
aux enquêteurs, le 20 février dernier, le rôle que jouait Michèle 
Barzach, alors gynécologue avenue Félix-Faure, à Paris, dans le 
15e arrondissement : au début des années 1970, la doctoresse, 
en toute connaissance de cause, prescrivait la pilule à des 
jeunes filles mineures que Matzneff mettait dans son lit.
Beaucoup, en réalité, avait déjà été dévoilé par Gabriel 
Matzneff lui-même dans plusieurs de ses récits. Dès 1991, 
dans Élie et Phaéton, la partie de son « journal intime » qui 
couvre la période 1970 à 1973, il racontait son inquiétude, au 
bout de trois mois de relation avec la très jeune Francesca : 
« J’achète un truc à la pharmacie pour savoir si on attend un 
bébé ou non. Francesca sèche l’école, vient chez moi faire 
le test. Ouf ! c’est négatif. Toutefois, il faut que nous trouvions 
un gynécologue qui accepte de lui prescrire la pilule sans 
prévenir sa mère. Si nous tombons sur un médecin réac, hyper-
catho, c’est fichu. » L’écrivain est un mondain, connecté au 
Tout-Paris. À l’automne 1973, après quelques coups de fil, 
Matzneff emmène Francesca prendre un café près des 
Champs-Élysées avec une connaissance, la journaliste Juliette 
Boisriveaud. Alors âgée de 41 ans, cette ancienne voix de RTL, 
militante féministe revendiquée, est débordée : elle s’apprête 
à lancer le magazine 
Cosmopolitan, qu’elle pilotera pen-
dant des années. « Je garde le sou-
venir d’une femme très sympa-
thique, se souvient Francesca Gee. 
Elle a chaleureusement recom-
mandé Michèle Barzach en expli-
quant que c’était… la nouvelle 
petite amie de son ex-mari ! Mes 
propres parents étaient en train de 
divorcer et ça se passait plutôt mal, 
j’étais donc stupéfaite. » En ce 
début des années 1970, Michèle 
Barzach, gynécologue férue de psychologie, a organisé des 
colloques avec le psychologue Bruno Bettelheim, participé à 
des séances de thérapie de groupe, suivi une psychanalyse et 
même fondé une consultation de gynécologie à Aubervilliers 
avec Joëlle Kauffmann, militante historique du Groupe 
Information Santé (GIS)… « Matzneff a pris rendez-vous avec 
Michèle Barzach et m’a conduite à son cabinet, rapporte 
Francesca Gee. La conversation entre eux a commencé sur un 
ton assez mondain, puis il est allé s’asseoir dans la salle d’at-
tente et est revenu dans le cabinet pour régler la consultation. » 
À l’issue du premier rendez-vous, le 13 novembre 1973, 
Matzneff s’extasie : « Nous y sommes allés avec la crainte d’être 
critiqués, sermonnés, aussi avons-nous été très agréablement 
surpris. Michèle Barzach est une jeune femme douce, jolie, 
attentive, qui à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce 
monsieur de 37 ans et à sa maîtresse de 15. Elle a, je pense, tout 
de suite compris que nous formons un vrai couple, que nous nous 
aimons. » Francesca Gee affirme avoir consulté la gynécologue 
« 5 ou 6 fois en trois ans », toujours en compagnie de Matzneff : 
« Il m’a toujours accompagnée chez elle, j’ai la vague impression 
qu’il était content d’entretenir des relations avec elle. En tout cas, 
il ne se plaignait jamais de devoir y aller. »
Francesca Gee a gardé trace de ces visites : une ancienne pres-
cription pour une prise de sang, signée en février 1974 par la 
gynécologue, sur laquelle ne figure pas le nom de la patiente. En 
ce temps, la loi Neuwirth permettait la vente de produits contra-
ceptifs aux mineures, mais elle était soumise à autorisation 
parentale jusqu’à la loi Veil de décembre 1974… Qu’importe, 
Michèle Barzach, comme bien des médecins progressistes à 
l’époque, assumait de violer la loi. Pourtant, Matzneff ne cache 
pas ses penchants. À l’automne 1974, il publie même Les moins 
de seize ans, une apologie de la pédophilie, où il reproduit des 
lettres de Francesca. « Elle ne m’a jamais posé de questions, 
mais à l’époque personne ne trouvait à redire à ma relation avec 
Matzneff, observe Francesca Gee. Alors que j’étais juste une 
gamine dont les parents ne s’occupaient pas, sous l’emprise d’un 
prédateur expérimenté. » Contactée, Michèle Barzach n’a pas 
souhaité nous répondre. Mais celle qui, alors ministre de la santé, 
a géré l’apparition du sida en France, libéralisé la vente des 
seringues en pharmacie et s’est forgé une belle réputation 
jusque dans les milieux de gauche fait savoir, par ses proches, 
qu’elle agissait en toute conscience. Malgré sa rupture avec 
Francesca Gee, en 1976, Matzneff aurait continué à consulter la 
gynécologue pendant plusieurs années. Dans Les Soleils révolus 
(1979-1982), il raconte ainsi avoir accompagné, en juin 1979, 
« Marie-Elisabeth, 16 ans… » avenue Félix-Faure.
Michèle Barzach a cessé d’exercer la médecine au mitant des 
années 1980, alors qu’elle faisait ses premiers pas en politique, 
comme conseillère d’arrondissement à Paris, sous le parrainage 
de son ami de toujours, Jacques Toubon, secrétaire général 
du RPR et parrain de sa fille aînée. En 1995, alors ministre de 
la culture, ce dernier a remis à Gabriel Matzneff les insignes de 
chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. « Je n’avais pas lu ses 
livres, je ne savais pas qu’il était pédophile, je ne savais pas qu’il 
connaissait Michèle Barzach », plaide aujourd’hui le Défenseur 
des droits. Cette année-là, l’aventure politique de la gynéco-
logue est déjà terminée. Les missions qu’elle enchaîne pour 
l’OMS ou le Fonds mondial contre le sida, son mariage, en 2003, 
avec le docteur Jacques Lebas (décédé en 2019), l’un des fonda-
teurs de Médecins du monde, son élection en 2012 à la tête 
d’Unicef France (fauteuil qu’elle quitte en 2015), l’agence des 
Nations unies chargées de défendre les droits de l’enfant, 
laissent voir de Michèle Barzach « une façon d’être qui ne dévie 
pas », selon l’ex-ministre Philippe Douste-Blazy, qui lui a succédé 
à la santé. Jusqu’à ce 2 mars, où son passé l’a rattrapée. 
“Michèle Barzach ne m’a 
jamais posé de questions, 
mais à l’époque personne 
ne trouvait à redire à ma 
relation avec Maztneff.” 
Francesca Gee, victime présumée 
de l’écrivain
Gabriel Matzneff (ici, en 1986) 
avait trouvé en Michèle Barzach 
une jeune médecin « qui à 
aucun moment n’a cru devoir 
faire la morale à ce monsieur de 
37 ans et à sa maîtresse de 15 ».
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CES JOURS-CI, LES SPORTIFS PROFES-
SIONNELS AMÉRICAINSfont dans l’humanitaire. 
Privés de leurs terrains de jeu par le Covid-19, 
basketteurs, footballeurs et joueurs de 
 base-ball, enfants chéris du public, distribuent 
des masques, paient des repas aux soignants 
ou donnent un coup de main aux banques 
 alimentaires, qui nourrissent des  millions de 
chômeurs. Dans un improbable échange 
sur Instagram, Stephen Curry, une des grandes 
stars de la National Basketball Association 
(NBA), a même interviewé le docteur Anthony 
Fauci, pilier scientifique de l’équipe mise 
en place à la Maison Blanche pour lutter contre 
le virus. Faute de résultats sportifs, le tout est 
dûment documenté sur les réseaux sociaux et 
les sites des ligues. Mais les fans, confinés, 
rongent leur frein.
Et Donald Trump aussi semble s’impatienter. 
Pour le président américain, pressé d’en finir 
avec le blocage du pays, la reprise des événe-
ments sportifs constitue une des priorités. 
Dans le comité spécial qu’il a désigné, mi-avril, 
pour le conseiller sur la réouverture de l’éco-
nomie, on retrouve, aux côtés d’Elon Musk, 
Jeff Bezos ou Tim Cook, les patrons des ligues 
de basket et de football américain, deux pro-
priétaires d’équipes professionnelles ainsi que 
le président de la World Wrestling 
Entertainment (WWE), Vince McMahon. 
Quelques jours plus tôt, le gouverneur de 
Floride, Ron DeSantis, avait d’ailleurs déclaré 
les matchs de catch « activité essentielle » dans 
son État. « Les gens meurent d’envie de voir 
LE SPORT 
 AMÉRICAIN 
TOURNE 
À VIDE.
Texte Stéphanie LE BARS des événements sportifs », justifiait l’élu répu-
blicain, visiblement las de se contenter de 
« rediffusions du début des années 2000 ». 
Cette décision, assez unique, permet à WWE 
d’organiser des combats dans la région 
d’ Orlando et de les diffuser en direct à la télévi-
sion. Une manière aussi pour cette entreprise 
de divertissement de ne pas voir s’envoler les 
millions de dollars tirés des droits de diffusion.
Mais la plupart des ligues pro n’en sont pas là, 
en dépit de pertes financières inédites dans un 
secteur qui génère chaque année un chiffre 
d’affaires de quelque 71 milliards de dollars et 
emploie des dizaines de milliers de personnes. 
La diète sportive a débuté le 11 mars, avec l’an-
nonce surprise par la NBA de l’interruption de 
la saison, après un premier cas de joueur testé 
positif au Covid-19 et avant que des mesures de 
distanciation sociale n’aient été décrétées dans 
le pays. La Ligue majeure de base-ball lui a 
emboîté le pas le lendemain, alors que la saison 
était censée démarrer le 26 mars. Les matchs 
d’entraînement ont tous été annulés et le début 
de la compétition reporté sine die. La ligue de 
hockey a fait de même à quelques semaines de 
la fin de la saison 2020. Les footballeurs améri-
cains de la NFL, et leurs fans, gardent pour 
l’heure l’espoir que la rentrée de leurs équipes 
aura lieu, comme prévu, le 10 septembre.
En attendant, les responsables des compéti-
tions rivalisent de créativité pour sauver ce qui 
peut l’être. Les franchises de base-ball songe-
raient à s’isoler dans des régions désertiques 
autour de Phoenix, dans l’Arizona, pour relan-
cer le championnat en vase clos dès le mois de 
mai. Les joueurs, les entraîneurs, les équipes 
de télévision… (soit quelque 3 000 personnes) 
seraient confinés dans des hôtels, testés 
Le Los Angeles 
Memorial 
Coliseum, 
le 8 avril.
Les principales ligues sont 
à l’arrêt et tentent d’imaginer 
les conditions d’une reprise 
rapide des compétitions. Sans 
spectateurs. Seul le catch fait 
pour l’heure figure d’exception.
régulièrement et ne se déplaceraient que pour 
se rendre sur les terrains. La NFL, elle, a inau-
guré cette nouvelle réalité, virtuellement. Les 
traditionnelles sélections (draft) de printemps 
des joueurs sortant de l’université ou étrangers 
ont eu lieu à distance le 25 avril, donnant 
même lieu à l’organisation d’un « Draft-a-
Thon » pour collecter des fonds destinés à 
la lutte contre la pandémie. La NBA pourrait 
recourir, en juin, au même procédé. En atten-
dant, certaines équipes pourraient jouer « sous 
bulle » dans le Nevada, à condition que les 
sportifs soient dépistés à intervalles réguliers. 
Mais le doute persiste sur la volonté des 
joueurs de reprendre la compétition dans de 
telles conditions. En attendant, l’Association 
des joueurs professionnels et la NBA se sont 
mises d’accord, mi-avril, pour diminuer de 
25 % les salaires des joueurs au cas où la sai-
son 2020 ne reprendrait pas.
Dans tous les cas, l’heure n’est plus à la commu-
nion dans les stades. Toutes les ligues envi-
sagent une reprise à huis clos. Un manque à 
gagner de 19 milliards de dollars, soit la somme 
dépensée chaque année par les supporteurs 
américains pour assister aux épreuves spor-
tives. Selon un sondage de l’ université Seton 
Hall, seuls 13 % des fans de sport se disent 
prêts à se rendre au stade « comme avant », mais 
61 % d’entre eux (et 72 % des Américains en 
général) assurent qu’ils ne le feront pas tant 
qu’un vaccin contre le coronavirus n’aura pas 
été découvert. Même Donald Trump, qui, début 
avril, espérait encore voir des enceintes spor-
tives « bondées » dès le mois d’août, semble 
s’être résigné : il plaide désormais pour des 
matchs sans public, mais diffusés à la télévision 
« comme au bon vieux temps ». 
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IL EST 11 H 30 CE MARDI QUAND UN GRAND BUS BLANC 
ET VERT D’EAU RATP se gare le long de la place du Palais-Royal. Il 
ne s’est pas passé dix minutes que déjà sept personnes, surgies 
d’on ne sait où, s’avancent vers le véhicule dans lequel trois 
agents proposent du café et des gâteaux. À l’avant, ces autobus 
n’affichent ni numéro de ligne ni destination, juste leur fonction : 
« Recueil social ». Cette unité de la RATP, composée de 
66 agents, propose une assistance aux sans-abri 365 jours par 
an. Une mission chamboulée par le confinement. De trois tour-
nées quotidiennes, les agents sont passés à deux. Ils ne sont 
plus que six par jour à arpenter les couloirs du métro.
Alors que Johanne Rosier, responsable du Recueil social, reste 
près du bus, Jean-Pierre Charbonnier et Fabrice Desplan des-
cendent dans la station Palais-Royal. On leur a signalé des sans-
abri sur les quais des lignes 1 et 7. Enroulé dans un duvet bleu, 
un homme est endormi, la tête appuyée contre un gros sac de 
sport noir. Fabrice le reconnaît : « C’est Christian. » Christian lève 
les yeux. L’uniforme marron de Fabrice lui est familier. Il le salue 
avant d’annoncer qu’il ne veut pas bouger. Plus loin, Lou, une 
DANS LE MÉTRO, UN RECUEIL 
SOCIAL FORTEMENT PERTURBÉ.
Texte Zineb DRYEF — Photo Lucien LUNG
habituée de la station, refuse aussi de se déplacer. 
Elle se recouche dès que l’agent s’est éloigné. Fabrice les laisse 
tranquille. « Christian et Lou, c’est particulier, ils sont totalement 
désocialisés, explique Fabrice. Les gens du quartier les 
connaissent, ils leur apportent de quoi se nourrir. Ils ne sont pas 
du tout dans la mendicité, ils ne poseront jamais de gobelet. » 
Bien que sa mission principale soit de conduire en surface ceux 
qui sont parfois quasi sédentarisés dans le métro (250 à 
350 personnes en temps normal, 150 à 170 en ce moment), 
le Recueil veille, surtout en ce moment, à s’assurer qu’ils vont 
bien. Créé en 1994, ce dispositif humanitaire, dont les agents 
sont largement issus du groupe de sûreté de la RATP (groupe 
de  protection et de sécurisation des réseaux, ou GPSR), 
n’est pas sans ambiguïtés. Théoriquement, la mendicité 
comme les campements dans le métro sont interdits, mais 
les agents du Recueil ne verbalisent pas. C’est à leurs 
ex-collègues de la police de la RATP qu’il revient de dresser 
des PV et de vider les quais.
Alors que de rares passagers s’engouffrent dans le métro, 
Fabrice repère un homme resté immobile. Il s’approche de lui : 
« Monsieur ? On peut faire quelque chose pour vous ? On pro-
pose des cafés en haut. » L’homme répond qu’il n’a besoin 
de rien, qu’il ne vit pas dehors.Puis il demande : « Le café, c’est 
gratuit ? » Oui. Alors il monte. En dix ans de métier, Fabrice, 
38 ans, a appris à détecter les plus vulnérables, à retenir leurs 
prénoms et leurs visages. Il s’étonne de voir Gilles (le prénom 
a été changé), l’air lessivé. L’homme est parti sur un coup de 
tête du centre d’hébergement d’urgence où il logeait à Clichy. 
« Gilles, je sais que tu n’as pas la pêche, mais viens, on va discuter 
là-haut. » Gilles se laisse convaincre. Jean-Pierre est bluffé par 
l’efficacité de son collègue. Il nous interpelle : « Tu as vu la diffé-
rence entre moi et Fabrice ? Fabrice sait prendre des 
 nouvelles… » Après un peu moins d’un an dans le service, Jean-
Pierre veut retourner à la sécurité : « Je trouve ça dur, la misère 
au quotidien. Voir des gens d’un certain âge dans cet état… » 
Le bus roule jusqu’à la halte soins de l’association Aurore, près 
de Nation. Gilles est en vrac. Il soupire : « J’ai les larmes aux yeux 
et la merde au cul. La honte. » Il va pouvoir prendre une douche 
et laver ses vêtements. Son manteau est bon à jeter, même à 
60 °C les poux résistent. Fabrice finit par en dénicher un autre 
dans les sacs de vêtements remis par un de ses collègues, une 
collecte qu’il a lancée auprès de son club de rugby. Après la 
pause déjeuner, destination Strasbourg-Saint-Denis. La ligne 4 
est réputée pour être l’une de celles qui abritent le plus de toxi-
comanes. Sur le quai direction Montrouge, ils sont dix. Alignés 
les uns à côté des autres sur les sièges jaune citron, ils carburent 
à la bière et au crack. Certains ont l’air contents de revoir 
Johanne. « Je les connais de mes anciens boulots. Yves, ça fait 
treize ans… », dit-elle en le désignant. Rangé des voitures et 
hébergé en hôtel, le quinquagénaire continue à descendre tous 
les jours. Elle demande des nouvelles de… elle a oublié son 
nom. C’est quand elle imite sa démarche de danseur de ragga 
qu’ils percutent. « Ah ! mais oui, Georges ! Il est à Jaurès. » 
Fabrice, lui, arpente les quais un carnet à la main. Il croise Patrick 
(le prénom a été changé), qui a le pied très gonflé. Fabrice 
insiste : ça fait plusieurs semaines qu’il se plaint de cette douleur. 
L’homme accepte d’être transporté à l’hôpital. Plus loin, il note le 
prénom d’un « nouveau ». Il ajoute « le barbu » pour s’en souvenir. 
Direction Lariboisière pour déposer Patrick. Fabrice connaît le 
moindre recoin de cet hôpital du 10e arrondissement : « Ma mère 
était aide-soignante ici. Je suis né là, j’ai grandi là, je connais les 
sous-sols par cœur. » Johanne les connaît aussi : elle s’y est sou-
vent perdue en tentant de récupérer des fumeurs de crack. 
Ancienne prof d’histoire-géo, elle a bifurqué dans le travail social 
au milieu des années 2000. « La situation des gosses était trop 
triste, j’ai eu envie de les aider en m’occupant des adultes. » 
Près de 150 personnes sans-abri 
trouvent actuellement refuge dans 
le métro. Ici, sur un quai du RER A 
de la station Nation, le 25 avril.
Le Recueil social, une unité de la RATP créée en 1994, 
se préoccupe de “raccompagner vers la surface” les SDF 
présents dans le métro, sans les verbaliser. Mais, depuis la 
mi-mars, les maraudes de ce dispositif, bien que réduites, 
ont pris une dimension humanitaire plus prégnante. 
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dégrader, de couper la queue à la base du fruit et 
de le déposer délicatement dans une barquette. 
Pour remplir un plateau de 20 barquettes, vous 
avez trente minutes environ. Il n’y a pas de 
pression, mais il faut que le produit soit bien 
présenté. Un mois de fraises, c’est 1 500 euros 
pour 170 heures. Pas l’idéal, mais convenable. 
Au début, mes collègues étaient tous marocains. 
Ensuite, l’équipe s’est agrandie. Des gens des 
villes environnantes, qui ont perdu leur emploi, 
sont arrivés. Comme on ne nous fournissait pas 
de masque, je m’en suis procuré un grâce à mon 
amie. J’ai obtenu du gel hydroalcoolique après 
trois semaines. Mais j’ai eu du mal à accepter 
que l’on ne nous propose pas de courtes pauses 
ou simplement de l’eau pour nous hydrater. Ce 
premier contrat n’a pas été renouvelé. Je me suis 
inscrit sur la plateforme mise en place par le 
gouvernement, mais je n’ai eu aucun retour. En 
ce moment, je suis pour un mois dans une grosse 
exploitation qui fait pousser des courgettes. On 
monte les serres, on dispose les tuyaux d’eau, 
on plante. Ce n’est pas comme dans un entrepôt 
Amazon, mais il y a du monde ! Les autres 
employés sont presque tous équatoriens. Sauf un, 
roumain, avec qui je travaille en duo. Ce n’est pas 
l’ambiance des vendanges, faut pas rêver, mais ça 
se passe bien. Je ne me considère pas altruiste. 
J’ai pensé à mon autonomie financière. Mais, 
en ayant trouvé un autre travail, 
en continuant à consommer, je 
contribue à aider les agriculteurs et 
je participe à l’économie du pays.
Le samedi 14 mars, vers 18 heures, mon patron 
m’a appelé pour me dire que tous les projets 
étaient suspendus sine die et qu’il fallait que je 
trouve autre chose. Je me suis souvenu d’une 
annonce d’emploi d’un exploitant agricole à Saint-
Rémy-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, 
que j’avais repérée fin janvier sur les réseaux 
sociaux. Je l’ai appelé, mais cela n’a pas fonctionné. 
J’ai téléphoné à tous les maraîchers dans la même 
zone géographique. L’un d’entre eux m’a dit oui, 
ses salariés marocains ne pouvant quitter leur 
pays. Dès le dimanche, j’ai cherché un appartement 
sur Internet et lundi à 18 heures, juste avant 
l’interdiction des déplacements, je me suis mis 
en route. Le mardi matin, j’étais à Saint-Rémy-de-
Provence. L’après-midi, l’employeur m’a proposé 
un contrat et j’ai attaqué le lendemain matin dans 
les serres de fraises. 
Professionnellement, je suis « multicarte ». 
Régisseur dans le spectacle, moniteur de canoë-
kayak, VTC… Mais, même si mes grands-parents 
étaient agriculteurs en Bretagne, je n’avais plus 
travaillé dans les champs depuis mes 17 ans. 
À l’époque, c’était pour la récolte de pommes. 
J’ai fait quelquefois les vendanges aussi. J’ai même 
rencontré ma compagne à cette occasion. 
Pour les fraises, on est à genoux de 7 heures 
à 19 heures, avec une heure de pause. C’est dur, 
mais je suis résistant physiquement. Les fraises 
sont dans des serres de cent mètres de long, la 
température y monte jusqu’à 35 degrés. Il n’y a 
pas de formation : on vous dit juste de ne pas 
mettre les doigts sur la fraise pour éviter de la 
À TITRE PERSONNEL
SOUDAINEMENT PRIVÉ DE TOUT CONTRAT DANS SON SECTEUR, CE RÉGISSEUR 
DE 42 ANS A ILLICO QUITTÉ PARIS POUR SE RENDRE DANS LE SUD DE LA FRANCE. 
IL Y TRAVAILLE DANS DES EXPLOITATIONS AGRICOLES EN MAL DE MAIN-D’ŒUVRE.
THÉO CHARRON, RAMASSEUR DE FRAISES.
Avant le confinement, mon activité 
principale était celle de régisseur plateau dans 
la production audiovisuelle en région parisienne. 
Propos recueillis par Gilles ROF
EN CES TEMPS CONFINÉS, MURIEL 
SALMONA NE CHÔME PAS. Spécialisée dans 
l’aide aux victimes de violences sexuelles, 
la psychiatre de 64 ans se dit submergée par 
les téléconsultations. On l’appelle avec Skype 
un matin de la fin avril. Carré noir impeccable, 
grand sourire, elle apparaît devant la biblio-
thèque de sa maison, à Bourg-la-Reine 
(Hauts-de-Seine). La veille au soir encore, elle 
a dû s’occuper d’une urgence. Vivant seule 
dans un studio, une femme de 20 ans, qu’elle 
connaît, a échangé avec un homme par 
Internet. Il l’a invitée chez lui « pour un câlin ». 
Elle y est allée, il est vite devenu violent et 
l’a violée. Muriel Salmona l’a orientée vers 
la plateforme de signalement en ligne des 
violences sexuelles. « Dans ce contexte de 
confinement, les gens très isolés se sentent 
encore plus seuls et deviennent la cible de pré-
dateurs, constate-t-elle. Et, dans les familles, 
des femmes et des enfants sont enfermés avec 
leur bourreau, à l’abri des regards et sans pou-
voir partir. Je suis en alerte tout le temps. »
Trèstôt, Muriel Salmona s’est inquiétée des 
risques de violences en huis clos. Désormais, 
les chiffres alarment. Le nombre d’appels 
reçus au 119 pour des enfants en danger 
a presque doublé à la mi-avril. Certains 
commissariats constatent de fortes hausses 
de signalements pour violences conjugales. 
« Mes relations avec Marlène Schiappa [secré-
taire d’État chargée de l’égalité entre les 
femmes et les hommes] n’ont pas toujours été 
faciles, remarque la psychiatre, mais je salue 
sa réactivité, avec, par exemple, la mise en 
place d’un système d’alerte dans les pharma-
cies. » Depuis plus de vingt ans, Muriel 
Salmona se bat pour faire comprendre que les 
violences sexuelles sont un problème collec-
tif. À la tête de son association, Mémoire trau-
matique et victimologie, créée en 2009, elle 
est de tous les combats féministes. Le 8 mars, 
elle manifestait pour le droit des femmes 
en compagnie de l’actrice Adèle Haenel.
Son engagement vient de la mort de son père. 
Il était boucher à Vernouillet, dans les 
Yvelines, avant de faire faillite. « Mon père a 
subi, enfant, des violences sexuelles et a été 
traumatisé par la guerre d’Indochine, raconte 
sa fille unique. Alcoolique tabagique, à côté 
de la réalité, il est mort d’un cancer à 48 ans. 
Il a juste eu le temps d’apprendre que je venais 
d’avoir mon bac et que j’étais inscrite en 
médecine. » Elle est convaincue qu’il est 
décédé de ses traumatismes. Pendant 
son internat, à l’hôpital de Villejuif, dans le 
Val-de-Marne, elle découvre le harcèlement 
sexuel et échappe même à une tentative de 
viol. Syndiqué, féministe, son militantisme 
date de ces années 1980.
Mais, au fil de la discussion, Muriel Salmona 
révèle une autre raison à son engagement, 
longtemps tue. « Vers l’âge de 6 ans, j’ai subi 
des viols. Des pénétrations digitales, de façon 
MURIEL SALMONA, 
PSY EN ÉTAT D’ALERTES.
Texte Dominique PERRIN
répétée sur une courte période. J’ai revécu 
ces sensations corporelles, comme des flash-
back. Mon seul souvenir est un arrêt sur 
image. Je suis assise sur un tabouret haut, je 
vois, sur une table, le rôti empaqueté que ma 
mère vient de livrer dans une villa. Elle m’a 
laissée seule au milieu d’adultes. Autour de 
moi, je perçois juste des ombres. » À 13 ans, 
de nouveau, elle subit un viol en vacances par 
un jeune homme d’une vingtaine d’années. 
De l’âge de 6 à 10 ans, elle dit ne garder qua-
siment aucun souvenir de sa vie d’enfant. Une 
amnésie traumatique, soit une période pen-
dant laquelle une personne n’a pas cons cience 
des violences qu’elle a endurées. C’est 
le concept qu’elle développe depuis des 
années, mais sans parler de son propre cas. 
« J’estimais qu’il n’était pas judicieux de le men-
tionner, pour ne pas ramener mon combat à 
ce que j’avais subi. Maintenant, je pense que je 
suis assez reconnue pour prendre ce risque. » 
Le 2 mars, elle a alors lâché six courtes lignes 
sur Twitter, pour évoquer ces viols.
Reconnue, elle l’est sans aucun doute. La 
 psychiatre forme des magistrats, des poli-
ciers… « Muriel est une professionnelle qui 
fait avancer la connaissance sur les victimes 
de violences conjugales et sexuelles, avec une 
détermination de militante », estime le psy-
chiatre Roland Coutanceau. Le 14 juillet 2018, 
elle a reçu la Légion d’honneur, sur proposi-
tion du ministère de la justice. « Un parcours 
exemplaire », a salué Ernestine Ronai, direc-
trice de l’Observatoire des violences envers 
les femmes de Seine-Saint-Denis, qui lui a 
remis la médaille, le 5 avril 2019. Mais son 
concept d’amnésie traumatique ne fait pas 
pour autant l’unanimité. Une hypothèse 
utile pour comprendre les fluctuations de la 
mémoire, mais un peu simplificatrice, jugent 
certains psychiatres.
Cette amnésie peut durer des décennies, 
rétorque Muriel Salmona. Raison pour 
laquelle elle demande que les crimes sexuels 
sur mineurs ne soient pas prescrits. C’est un 
des points qui l’a menée à critiquer durement 
la loi Schiappa de 2018 contre les violences 
sexuelles. Elle réclame aussi que le seuil d’âge 
légal du non-consentement soit porté à 
15 ans. Aujourd’hui, elle se réjouit que la 
secrétaire d’État ait confié à la députée des 
Bouches-du-Rhône Alexandra Louis la 
mission d’évaluer cette loi. Le 9 avril, l’élue 
a auditionné par visioconférence Muriel 
Salmona. « Une femme engagée dans un 
combat très lourd », commente-t-elle en toute 
sobriété. Bilan plus précis à l’automne. 
Médecin et militante, Muriel Salmona 
(ici, en 2017) se bat pour que les crimes 
sexuels sur mineurs ne soient pas prescrits.
Cette psychiatre spécialiste 
des violences conjugales 
et sexuelles a développé le 
concept d’amnésie traumatique. 
Depuis le confinement, 
elle est confrontée à un 
déferlement d’appels à l’aide.
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INVENTÉE À LA SUITE DE L’ÉPIDÉMIE DE GRIPPE DE 1945 POUR PROTÉGER LES AGENTS 
DE LA SNCF, CETTE INSTALLATION VITRÉE EST ACTUELLEMENT TRÈS DEMANDÉE, 
AVEC DES COMMANDES QUI ONT BONDI DE 40 % DEPUIS LE 16 MARS.
PARLEZ DANS L’HYGIAPHONE.
Texte Zineb DRYEF
UN ÉQUIPEMENT ULTRADÉSIRÉ.
Bientôt, nous reparlerons tous dans l’Hygia-
phone. Soixante-quinze ans après sa création, ces 
parois transparentes laissant passer le son, dont 
on équipe les guichets pour protéger les salariés 
de toute conta mination, n’ont jamais été aussi 
désirables. Propriété de Fichet Group, cette 
marque française a vu ses commandes bondir 
depuis le début du confinement en France  : 
+ 40 % au mois de mars. De nombreuses TPE qui 
se sont lancées dans la création de ce dispositif, 
mais pas sous la marque Hygiaphone, croulent 
sous les demandes. Outre sa fonction aux gui-
chets des services publics et dans les commerces, 
il pourrait être utilisé plus amplement dans les 
mois qui viennent. En Corée du Sud, beaucoup 
d’entreprises ont ainsi équipé leurs tables de 
 cantines de grandes cloisons de Plexiglas. 
Bientôt, peut-être, nous déjeunerons aussi tous 
dans l’Hygiaphone.
UN REMÈDE ANTIGRIPPE.
C’est en 1945 que l’Hygiaphone est créé par une 
entreprise française à la demande de la SNCF, qui 
s’inquiète du taux d’absentéisme important dans 
ses rangs. Cette année-là, une épidémie de grippe 
touche massivement les agents chargés de la 
vente des tickets de transport. L’ingénieur André 
Bourlois imagine alors ce dispositif sanitaire 
transparent doté d’une fenêtre passe-son pour 
permettre aux agents de répondre aux passagers 
tout en évitant les microbes.
UNE BARRIÈRE DE SÉCURITÉ.
Dans les années 1980 et 1990, les secteurs à 
risque s’équipent : banques, bureaux de poste, 
ambassades… Dans les guichets de l’ANPE et des 
Assedic où se pressent les Français touchés par le 
chômage de masse, les incidents se multiplient : 
aux insultes s’ajoutent parfois les coups, les cra-
chats. Pour protéger leurs agents, les agences 
recrutent des vigiles, installent des grillages et 
des Hygiaphone. Mais, au bout de dix ans de 
OBJET DE CONVERSATION
distanciation physique, cette cloison, devenue 
synonyme d’une bureaucratie froide et distante, 
est progressivement abandonnée au début des 
années 2000. Néanmoins, en prison, les parloirs 
dotés d’Hygiaphone sont toujours réservés aux 
détenus dangereux ou à ceux qui font l’objet 
d’une sanction.
UN BOUCLIER MULTIFONCTION.
Ce sont les grandes crises qui ont, à chaque fois, 
remis l’Hygiaphone au goût du jour. En 2009, l’épi-
démie de grippe A (H1N1) inquiète les grands 
groupes qui voient leurs collaborateurs en Asie 
tomber les uns après les autres. Outre des masques 
et du gel, Total envisage de poser des Hygiaphone 
dans toutes ses stations-service. Après les attentats 
de 2015, ce sont moins des raisons sanitaires que 
sécuritaires qui poussent des entreprises, notam-
ment dans les médias, à s’équiper. Les Français se 
réhabituent alors à parler dans l’Hygiaphone 
comme ils se sont accoutumés à ouvrir leurs sacs 
avant d’entrer dans un commerce. Ro
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LE COVID-19 ENTRAÎNE-T-IL UNRETOUR EN GRÂCE DU 
DRIVE-IN ? Cette « salle » de cinéma alternative avait connu 
son âge d’or dans les années 1950 et 1960, principalement 
aux États-Unis, son pays d’origine, où l’on en dénombrait près 
de 5 000. Devant un écran géant installé en plein air, les spec-
tateurs découvraient leur film à l’intérieur de leur voiture. 
Le son était diffusé dans les véhicules par des haut-parleurs 
reliés à des bornes implantées sur l’aire de stationnement. 
La culture du drive-in était particulièrement ancrée dans les 
zones rurales américaines, où la voiture restait (et demeure) 
 indispensable, et où, faute de centre urbain, les salles 
de cinéma traditionnelles étaient plus rares. Les œuvres 
 projetées étaient souvent des films d’horreur ou de science-
fiction, produits par des petites compagnies, comme Allied 
Artists ou American International Pictures (AIP), au sein des-
quelles des acteurs tels que Jack Nicholson, ou le réalisateur 
Francis Ford Coppola avaient fait leurs débuts. Les drive-in 
s’étaient également développés au Canada et en Australie 
– pays au vaste territoire et à la faible densité de population, 
beaucoup moins en Europe, particulièrement en France, 
où les quelques rares tentatives ont échoué. Puis, dans les 
années 1980, avec l’irruption de la vidéo et le développement 
de la télévision par câble, les spectateurs américains ont 
délaissé leurs habitacles pour leur salon.
En raison de la fermeture des salles obscures pour cause 
de pandémie, les drive-in effectuent actuellement un retour 
 inattendu, parfois sur des territoires où ils n’avaient jamais 
prospéré. Autokino à Essen, l’un des deux drive-in en 
LE DRIVE-IN REPREND DES 
COULEURS GRÂCE AU CORONAVIRUS.
Allemagne, affiche complet tous les soirs – les 
projections en plein air ne peuvent se dérou-
ler que la nuit – depuis le 12 mars, date des 
premières mesures de confinement dans 
le pays. On y projette Manta Manta, dont la 
vedette, en dehors du couple principal, est 
une Opel Manta. Cette comédie adolescente 
a été un énorme succès au box-office alle-
mand en 1991, sans jamais connaître d’exploi-
tation à l’étranger – sans doute en raison de 
son extrême médiocrité. Interrogé par le 
magazine américain, The Hollywood Reporter, 
le patron d’Autokino Essen expliquait que 
« l’œuvre projetée n’a aucune importance. 
Les gens veulent sortir et voir un film. Nous 
sommes complets plusieurs semaines à 
l’avance ». L’autre « autokino », à Cologne, 
enregistre également un grand nombre de 
réservations et inscrit avec humour sur sa 
page Facebook : « méthadone pour les junkies 
de cinéma ». Cette drogue de substitution se 
montre respectueuse des normes sanitaires, 
puisque seulement 350 voitures, pour une 
capacité de mille véhicules, sont autorisées afin de respecter 
les distances réglementaires. Toujours en Allemagne, un 
drive-in « sauvage » vient même d’ouvrir, dans la ville de Marl, 
sur un terrain situé derrière un bar de motards.
On retrouve le même engouement en Corée du Sud, depuis 
la fermeture des cinémas en février. À Daegu, où s’étaient 
déroulés les championnats du monde d’athlétisme en 2011, 
la fréquentation du drive-in local a augmenté de 20 % depuis 
le début de la crise sanitaire. Dans le district de Nowon, dans 
l’est de Séoul, les autorités locales encouragent leur installa-
tion pour aider la population à lutter contre le stress. Aux 
États-Unis, la situation de cette industrie en déclin est 
aujourd’hui plus favorable toujours en raison de la fermeture 
du parc de salles depuis mars. Sur les 320 drive-in en activité, 
seuls une vingtaine sont pourtant restés ouverts. Leur princi-
pal handicap tient dans l’absence de films à exploiter puisque, 
aux États-Unis comme en France, les rares nouveautés sont 
diffusées par les plateformes de vidéo à la demande. Un drive-
in à Hockley, au Texas, a vu ses recettes augmenter de 40 % 
à la mi-mars, avant de les multiplier par deux une semaine plus 
tard, en proposant en alternance deux fictions, En avant, le 
nouveau film d’animation de Pixar, et Invisible Man. Ce n’est 
sans doute pas suffisant pour tenir au-delà du début du mois 
de juillet, la date très hypothétique à laquelle les salles 
 américaines devraient de nouveau ouvrir leurs portes. Mais si 
la fermeture devait se prolonger au-delà de l’été, le drive-in 
constituerait un débouché que ne manqueraient pas 
 d’exploiter les studios hollywoodiens. 
Samuel BLUMENFELD
Un drive-in 
« sauvage » 
récemment 
installé dans 
un champ, à Marl, 
en Allemagne.
Aux États-Unis, en Allemagne ou en Corée 
du Sud, ces désuets cinémas en plein air et en 
voiture, respectueux par nature des mesures 
de distanciation sociale, connaissent un soudain 
regain d’activité depuis le début de la pandémie.
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LA RÉSISTANCE AU COVID-19 PASSE PAR UNE ASSIGNATION À RÉSIDENCE. 
ATTENTION TOUTEFOIS, EN CES TEMPS INCERTAINS, NOUS RAPPELLE NOTRE 
CHRONIQUEUR, À NE PAS SACRIFIER L’ÉLÉGANCE LA PLUS ÉLÉMENTAIRE.
Texte Marc BEAUGÉ 
Illustration Jean-Michel TIXIERLA DJELLABA.EN MODE CONFINÉS
APRÈS DES SEMAINES ET DES SEMAINES DE 
CONFINEMENT, ce qui devait arriver est arrivé. Nous 
avons craqué et sommes partis loin, très loin. Si le 
déplacement jusqu’à la penderie fut bref, le voyage 
fut en effet grandiose quand nous commençâmes 
à exhumer, d’un poussiéreux carton, quelques sou-
venirs rapportés de différents voyages autour du 
monde. Un tee-shirt grisâtre Hard Rock Cafe nous 
envoya à New York, un mini-sombrero au Mexique, 
un kilt en Écosse… Finalement, c’est au Maroc que 
nous posâmes nos valises, à la faveur d’une djellaba, 
rapportée d’un voyage à Marrakech en 1998.
L’enfiler fut une révélation. Si le monde avait changé, 
nous découvrîmes aussi, sans ménagement, que 
notre corps n’était plus le même que vingt ans aupa-
ravant. Autrefois ample, pour ne pas dire « over-
sized », ladite djellaba s’avérait désormais un peu 
juste au niveau du postérieur… De face, cela n’enle-
vait rien à sa beauté. Si notre djellaba n’était pas 
l’une de ces djellabas de prestige fabriquées par les 
femmes berbères de la tribu hantifa depuis des 
siècles dans la ville de Bzou, sa blancheur immacu-
lée, sa capuche délicate et ses broderies en fil d’or 
lui donnaient néanmoins une allure spectaculaire.
Après des semaines de tergiversations stylistiques, 
débraillées et baroques, nous prîmes ainsi plaisir à 
nous admirer paré d’une majesté nouvelle, impé-
riale, historique. Vêtement ancestral des dignitaires 
maghrébins (l’étymologie du mot « djellaba » fait 
l’objet de plusieurs hypothèses, mais l’une d’entre 
elles affirme qu’il désigne le « vêtement du djellab », 
c’est-à-dire du marchand d’esclaves), la djellaba 
nous fit ainsi, comme par magie, sortir de notre 
déplorable condition du moment, en même temps 
que de notre zone de confort. De fait, les questions 
stylistiques se bousculèrent vite. Comment se 
chausser en djellaba ? Après avoir balayé l’option 
babouche par crainte du total-look, nous décidâmes 
d’avancer pieds nus. Que mettre sous une djellaba ? 
Après avoir écarté l’option cul nu (elle est taillée 
dans un coton blanc assez léger), nous enfilâmes un 
sous-vêtement et rien d’autre. Et cette capuche ? 
Fallait-il vraiment nous en coiffer? Nous décidâmes 
que non. Quant à savoir comment marcher dans 
cette robe, les deux fentes latérales nous invitèrent 
à le faire le plus normalement du monde. 
Finalement débarrassé de ces interrogations, nous 
nous sentîmes allégé, presque aérien. Taillée dans 
une seule pièce de tissu fluide, cette djellaba nous 
donna le sentiment d’avancer comme avant, sans 
entrave ni autorisation de sortie. Où aurions-nous 
pu la mettre, d’ailleurs ? Il n’y a aucune poche… 
OPEN SPACE
C’EST L’UNE DES RARES CRITIQUES 
QU’ON NE LUI AVAIT PAS ENCORE FAITE. Parce 
qu’il suppose la présence dans une pièce 
sans cloison de plusieurs dizaines de salariés, 
l’open space pourrait favoriser la propagation 
du Covid-19. De quoi redouter le déconfine-ment des salariés du tertiaire, majoritairement 
installés dans ce genre d’espace. Et, espèrent 
ses détracteurs, donner un coup d’arrêt à ce 
type d’organisation du travail. Lorsqu’il fait 
son apparition dans Le Monde, le 8 mai 1971, 
l’open space porte aussi le joli nom de 
« bureau paysage ». « Mot devenu magique 
pour des milliers de citadins privés d’arbres 
et de pelouses et qui, accolé à n’importe quel 
autre, évoque espace, verdure et liberté », 
s’amuse Michèle Champenois, pas dupe : 
« Bureau paysage (…) Un mot dont la poésie 
cache une technicité un peu terne puisqu’il 
désigne tout simplement des bureaux non 
cloisonnés. Les Allemands qui ont inventé, 
dit-on, ce mode d’organisation, l’appellent 
“Grossroundbüro”, les Anglais et les 
Américains, qui l’utilisent beaucoup, “lands-
cape” ou “openspace”. » La journaliste met 
déjà en garde : « Que cherchent les chefs 
d’entreprise qui s’intéressent au bureau- 
paysage ? Pas à gagner de la place en suppri-
mant les couloirs inutiles, les coins perdus et 
les pièces mal commodes, car ils seraient 
déçus. Un bureau paysage bien conçu, affir-
ment les spécialistes, ne doit pas être “plein 
comme un œuf”. Au contraire. La distance 
remplace les cloisons, et l’on se sépare de son 
voisin en s’en éloignant. Pas à économiser de 
l’argent, car celui qu’on gagne en se passant 
de murs et de portes doit être consacré à 
d’autres dépenses : climatisation et insonori-
sation sont indispensables. » Il n’empêche : 
« L’aménagement des bureaux non cloisonnés 
est meilleur marché, assurent pourtant les 
 installateurs, que celui des “cellules” clas-
siques à confort égal. Simplement, en choisis-
sant d’installer une centaine de personnes sur 
plus de mille mètres carrés, on doit prendre 
certaines précautions pour que la “vie com-
munautaire” ne devienne pas l’enfer des 
“pools” de dactylos », prévient la journaliste.
Après cet article précurseur, l’open space va 
disparaître des colonnes du Monde jusque 
dans les années 1990 : c’est seulement à ce 
moment-là qu’il commence vraiment à faire 
partie du paysage des salariés français. 
Le quartier de la Défense en est le symbole. 
Au retour de sa visite chez IBM, installé dans 
la tour Descartes, Philippe Godard constate 
le 24 octobre 1991 : « Plus répandu dans les 
entreprises anglo-saxonnes et nippones (y 
compris celles installées en France), l’open 
space rencontre de nombreux détracteurs… 
principalement chez les salariés qui acceptent 
mal de “devoir voir tout en étant vu”. Le débat 
est loin d’être clos. » À partir de là, autant le 
dire tout de suite : on n’a pas trouvé d’articles 
du Monde vantant les qualités de l’open 
space. Au mieux, le journal se contente-t-il 
d’être descriptif comme lorsqu’il rend compte, 
le 24 décembre 2004, du déménagement de 
son propre siège de la rue Claude-Bernard 
au boulevard Auguste-Blanqui : « Concernant 
le mobilier et l’aménagement des bureaux, 
le choix a été fait de l’open space, de grandes 
salles comportant le minimum de cloisons. 
Permettant des contacts plus directs entre les 
rédacteurs de chaque service, il compense la 
faible hauteur de plafond, mais contraint aussi 
les aménageurs à trouver des techniques plus 
performantes pour atténuer les bruits », relève 
Frédéric Edelmann, qui fut longtemps le 
grand spécialiste de l’architecture au Monde. 
À noter que l’actuel confinement est intervenu 
alors que le quotidien était de nouveau en plein 
déménagement vers un nouvel immeuble, 
près de la gare d’Austerlitz. En open space.
Dans une passionnante enquête sur le mal-
être des cadres, publiée le 17 septembre 
2008, Benoît Hopquin relayait la critique 
sévère énoncée dans L’open space m’a tuer, 
un essai d’Alexandre des Isnards et Thomas 
Zuber : « L’open space, ce bureau ouvert, 
devient finalement un lieu d’enfermement 
qu’on n’ose quitter sous peine d’être déconsi-
déré. Le jeune cadre devient alors un “no life” 
(sans vie sociale, hors d’un écran). Il est sans 
cesse “en mode projet”, c’est-à-dire débordé 
par son travail, une “propale” (proposition 
commerciale) à “implémenter” (mettre 
en œuvre). Et ce jusqu’au “burn-out”, la 
consomption du corps et de l’esprit. » Sans 
aller aussi loin, Isabelle Rey-Lefebvre sou-
ligne, le 4 juillet 2011, le malaise créé par ces 
bureaux qui n’en sont plus à l’occasion de la 
publication d’un sondage Louis Harris : 
« parmi [les personnes] qui travaillent dans 
ce que l’on appelle des “open spaces”, une 
sur deux (49 %) se dit mécontente. À l’opposé, 
le plébiscite est réel pour ceux qui travaillent 
dans un bureau individuel (81 %), et mieux 
encore à domicile (83 %). De quoi tordre 
le cou à l’idée que la fameuse organisation 
décloisonnée du travail favoriserait la commu-
nication, la créativité et le travail en commun. » 
L’objectif, de toute façon, est ailleurs : « éco-
nomiser sur les coûts immobiliers et parvenir 
à 10, voire 8 m2 par personne, alors que 15 à 
20 m2 étaient la norme il n’y a pas si longtemps. 
(…) D’après le même sondage, 53 % des 
 salariés (et 63 % des cadres) ne se font pas 
d’illusions et s’attendent à ce que la superficie 
allouée à chacun d’eux diminue à l’avenir. » 
Que les salariés reprochent-ils concrètement 
à l’open space ? Claire Gatinois énumère, à la 
suite d’un autre sondage allant dans le même 
sens, le 3 novembre 2014 : outre « un senti-
ment de déclassement » exprimé par des 
« cadres intermédiaires » « attachés aux signes 
statutaires », « les nuisances sonores, qui per-
turbent 52 % des salariés, l’aménagement de 
l’espace (un problème pour 39 % des Français 
et 56 % des salariés en open space) et même 
l’air qu’ils respirent (32 %) ». Pratiquées année 
après année, les enquêtes ne cesseront de 
mettre en évidence le rejet de l’open space 
par des Français qui plébiscitent au contraire 
le « télétravail, depuis sa maison, (…) lié à l’idée 
de bien-être, indique le directeur du départe-
ment opinion d’OpinionWay, interrogé le 
27 novembre 2015 par Isabelle Rey-Lefebvre, 
à condition de ne le pratiquer que deux jours 
par semaine »…
Texte Agnès GAUTHERON
LE 8 MAI 1971, LA PREMIÈRE FOIS QUE “LE MONDE” A ÉCRIT
L A S E M A I N E
La mode se paie le luxe de la solidarité.
PRODUCTION À L’ARRÊT, VENTES EN CHUTE LIBRE, NOUVELLES COLLECTIONS AU PLACARD… COMME LA PLUPART 
DES SECTEURS, LE LUXE EST LOURDEMENT IMPACTÉ PAR LA PANDÉMIE. APRÈS UN MOMENT DE DÉNI, LES 
GRANDES MAISONS SE SONT MISES EN ORDRE DE BATAILLE, PROPOSANT LEUR CARNET DE CHÈQUES MAIS AUSSI 
LEUR SAVOIR-FAIRE AUX HÔPITAUX. FABRICATION DE GEL HYDROALCOOLIQUE, CONFECTION DE MASQUES, 
FINANCEMENT D’IMPRIMANTES 3D : UNE CONTRIBUTION INÉDITE QUI PERMET À UN MILIEU SOUVENT BROCARDÉ 
DE COMMUNIQUER SUR SON UTILITÉ SOCIALE. Texte Elvire VON BARDELEBEN et Caroline ROUSSEAU— Illustrations Isabella COTIER
LE MAGAZINE
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LES LUMIÈRES DU PALAIS DE L’ÉLYSÉE le font ressembler 
ce soir-là à un phare dans la nuit. Rassurant, il semble indiquer le 
cap. Le 24 février, Emmanuel et Brigitte Macron reçoivent la mode 
à dîner pour célébrer la création en présence du couturier Jean Paul 
Gaultier, de la rédactrice en chef de Vogue US, Anna Wintour, de la 
top-modèle Naomi Campbell… et de 200 invités. Au menu, 
des mets fins servis dans de la porcelaine de Sèvres, sur fond d’or-
chestre. Sous les lustres rutilants de la salle de réception, pas 
l’ombre d’un flacon de gel hydroalcoolique. Quand arrive le café, 
servi debout, on quitte la table pour un selfie avec le président et 
son épouse. Il a l’air fatigué mais sourit, elle n’a pas fait de discours 
mais rayonne. On se dit que les gens postillonnent peut-être un 
peu trop près du chef de l’État… Quarante-huit heures plus tôt, 
l’Italie déclarait 2 morts du Covid-19 et la Lombardie, d’où arrivait 
une partie des convives en direct de la Fashion Week de Milan, 
88 cas de contamination au coronavirus.
Mais pendant celle de Paris, qui doit se terminer le 3 mars, la vie 
glamour suit son cours. Les principaux défilés rassemblent plusieurs 
milliers de personnes serrées surdes bancs. On claque des bises à 
qui mieux mieux, on boit des cocktails dans les soirées, la bouche 
collée à l’oreille de son interlocuteur (volume sonore oblige). Des 
masques sont distribués chez Paco Rabanne ou Dries Van Noten, 
mais peu d’invités les portent et certainement pas les dirigeants de 
marques, au premier rang. À la sortie du dernier show, seuls 
deux défilés auront été annulés : agnès b. et A.P.C.. Quelques jours 
plus tard, le 12 mars, Frédéric Arnault – quatrième enfant de 
Bernard – lance en fanfare, à New York, la nouvelle génération de 
montres connectées Tag Heuer, dont il est le directeur stratégique. 
« On peut dire maintenant qu’on a joué avec le feu, nous confirme 
sous couvert d’anonymat un membre du comité exécutif d’un autre 
grand nom du luxe. Il aurait suffi d’un cas. On a eu du bol. »
DÈS 
janvier, les manageurs français ont pourtant 
suivi de près l’évolution de la situation 
chinoise. LVMH, implanté en Chine depuis les 
années 1990, y compte 22 000 collabora-
teurs, Kering plus de 10 000. Depuis vingt ans 
au moins, la région fait figure d’eldorado pour Vuitton, Dior, 
Chanel, Hermès, Gucci & Co. Le fleuron du chic à la française et 
à l’italienne y ouvre à tour de bras d’immenses boutiques dans 
les beaux quartiers de Pékin ou de Shanghaï mais aussi dans les 
malls climatisés de villes dont aucun Occidental ne sait épeler le 
nom. Ils nouent des partenariats commerciaux et industriels 
juteux et font les yeux doux à une clientèle chinoise qui raffole 
des produits griffés. À tel point que la sino-dépendance du luxe 
commence à faire débat au sein même des maisons. Obsédé qu’il 
est par l’Asie, on aurait pu penser que le secteur serait plus clair-
voyant que d’autres. Mais non. Cette épidémie qui n’a pas encore 
de nom ne fait pas vraiment peur. Elle semble ne sévir que sur 
un autre continent, et très localement : dans les confins du confi-
nement de Wuhan, décrété le 23 janvier.
L’arrivée potentielle du virus sur notre sol monte si peu au cerveau 
des puissants, politiques comme économiques, que le luxe n’hésite 
pas à soutenir son allié commercial chinois dans l’épreuve qu’il tra-
verse. Fin janvier, Kering fait don de plus de 1 million d’euros à la 
Croix-Rouge de la province du Hubei, LVMH offre 2 millions d’euros 
à la Croix-Rouge chinoise. Trois semaines plus tard, LVMH récidive 
avec une contribution financière à l’envoi de fret médical organisé 
par la France pour les hôpitaux du Hubei. Un Airbus A380 décolle 
de l’aéroport Charles-de-Gaulle avec à son bord 17 tonnes de maté-
riel médical, dont des masques… On ignore encore qu’ils devien-
dront bientôt une denrée rare.
Nous sommes le 19 février et les grandes maisons pas plus que le 
reste des Français n’envisagent le confinement. Pourtant, la tour-
nure dramatique que prennent les événements en Italie, où sont 
installés beaucoup de fournisseurs et de sites de production, 
commence à inquiéter. Comme si le virus jouait à la bataille 
navale avec l’industrie de la mode. Les clients, magasins et fabri-
cants asiatiques, puis le nord de l’Italie (Lombardie, Émilie-
Romagne, Vénétie) d’où sortent leurs beaux lainages et souliers 
en cuir : touché coulé.
Il n’empêche, l’annonce, le 16 mars, par Emmanuel Macron du 
confinement de la France fait l’effet d’une bombe. Du jour au len-
demain, les patrons du luxe hexagonal se retrouvent à organiser la 
fermeture de leurs usines, de leurs boutiques, à gérer leurs 
employés et fournisseurs désœuvrés, à tailler dans les budgets, à 
reporter les défilés sine die. Dans l’Oise, foyer majeur de la propa-
gation du virus en France, les écoles ont fermé dès le lundi 9 mars, 
mais le travail continue. À Beauvais, les salariés de l’usine de par-
fums de Givenchy (LVMH), inquiets pour leur santé et leur emploi, 
envisagent rapidement de créer du gel hydroalcoolique : ils ont de 
l’eau, de l’alcool et de la glycérine. Les dirigeants de Givenchy, Dior 
et Guerlain se réunissent avec les équipes de LVMH Recherche 
pour mettre au point une formule.
Jusque-là, le gel ne pouvait être produit que par l’industrie pharma-
ceutique. Mais tout s’accélère. Marc-Antoine Jamet, secrétaire géné-
ral de LVMH, est proche du directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch : 
sans être de la même promotion, les deux hommes ont fait l’ENA 
à la fin des années 1980, ils se connaissent bien. Hirsch lui apprend 
que, dans les soixante-douze heures, l’AP-HP n’aura plus de gel 
hydroalcoolique. Vendredi 13 mars, le ministère de la transition 
écologique autorise les entreprises de parfums et cosmétiques à 
produire le précieux liquide. Samedi 14, Bernard Arnault donne son 
accord pour lancer la production en interne. Dimanche 15, l’AP-HP 
valide la formule soumise par LVMH. Le lundi 16, dès 5 heures du 
matin, les usines de parfums de Givenchy à Beauvais, de Dior à 
Saint-Jean-de-Braye et de Guerlain à Chartres s’activent avec 
quelques centaines de volontaires par site. Elles fonctionnent alors 
avec les moyens du bord, en détournant les bouteilles de savon 
liquide Dior, des tubes de sérums Givenchy ou de crèmes Guerlain. 
Malgré l’improvisation, la première semaine se déroule mieux que 
prévu  : l’AP-HP avait annoncé un besoin de  12  tonnes 
hebdomadaires, 20 tonnes sont livrées gracieusement. Le retentis-
sement est mondial : Anna Wintour envoie un message personnel 
aux usines pour les féliciter… Cette histoire de gel hydroalcoolique, 
c’est un peu l’acte I d’une participation inédite, car concrète, des 
géants du luxe au bien commun. Pour une fois, leurs grands patrons 
ne se limitent pas à signer un chèque pour endiguer une catas-
trophe. Ils mettent la main à la pâte.
Mais il faut aller vite et, tant qu’à faire, dégainer le premier. Car, 
même transposée sur le terrain sanitaire, la rivalité qui meut ces 
entreprises concurrentes a la peau dure. Or, mi-mars, la fabrication 
de gel permet d’être plus agile que celle, très complexe, des 
masques. « Oui, on peut y voir un concours d’ego. Mais, honnête-
ment, pour une fois que cela sert quelque chose de plus grand que 
nous », réagit Cédric Charbit, directeur général de Balenciaga, qui, 
tout comme Saint Laurent chez Kering, lance très rapidement 
sur la base du volontariat ses salariés sur le prototypage et la 
confection de masques, tout en formant des gens capables de veil-
ler sur site au respect des gestes barrière. Grand, noble, respon-
sable, certes, mais aussi aux antipodes de ce qui sort d’habitude 
des ateliers de confection. On parle ici non pas d’un plissé soleil 
en soie aubergine rebrodée de sequins pour l’été… mais de dispo-
sitifs médicaux qui exigent alors une homologation de la Direction 
générale de l’armement.
D’ailleurs, LVMH, qui souhaite fournir des masques aux hôpitaux 
français, abandonne d’abord l’idée d’en produire et fait plutôt jouer 
son réseau en Chine. Mettre la main sur des lots n’est pas une mince 
affaire : aux portes des usines, plusieurs États et entreprises font 
monter les enchères. Le 20 mars, le leader du luxe parvient à décro-
cher une offre pour l’État français de 40 millions de masques 
livrables en un mois, à condition de régler un acompte dans l’heure. 
Le groupe débloque aussitôt 5 millions d’euros et assure le transport. 
Le 29 mars, un avion d’Air France chargé de plusieurs millions de 
masques se pose à Roissy, accueilli par des gendarmes armés 
jusqu’aux dents… Parallèlement, Kering achemine 3 millions de 
masques chirurgicaux qu’il s’est aussi procurés en Chine.
Pendant que les poids lourds s’agitent d’un bout à l’autre du monde, 
Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établisse-
ment de l’AP-HP et chef du service néphrologie pédiatrique de 
Necker, qui s’est fait connaître du grand public en dénonçant verte-
ment la tenue du premier tour des élections municipales, discute 
avec son ex-femme, Anne Vincent-Salomon. Cette médecin patholo-
giste à l’Institut Curie a une amie dans le monde de la mode et tous 
deux imaginent que le secteur pourrait fabriquer des masques. 
Contactés, Louis

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