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Source: Banque Mondiale Source: Banque Mondiale ECONM834 | Politique monétaire | Étude de pays Caractéristiques économiques, financières et monétaires du Brésil Les caractéristiques de la Banque centrale du Brésil (BCB) La politique monétaire de la BCB (2008-2016) Finances publiques et financement extérieur Cycles, chocs externes et instabilité politique Sur l’axe du temps d’un pays, son économie est soumise périodiquement à des chocs qui affectent d’une manière ou d’une autre l’activité des acteurs économiques. Qu’ils soient d’ordre internes ou externes, d’offre ou de demande, l’ampleur de ces chocs est symptomatiquement différente selon les pays, au vu de leurs caractéristiques propres. Les réponses apportées sont elles aussi différenciées et leur efficacité dépend de la pertinence, et de ce fait, de la crédibilité des mesures politiques prises par les autorités en place. Il leur incombe en effet d’user des outils monétaires adéquats afin de sortir des carcans dans lesquels peuvent mener ces crises périodiques. Dans le cas des économies émergentes, dont le Brésil fait partie, les chocs exogènes sont pour elles d’autant plus forts que leurs économies ont tendance à être peu diversifiées et que leur assujettissement aux économies avancées est important. Le Brésil ainsi que toute l'Amérique-latine témoignent, dès leur histoire coloniale, d’une corrélation manifeste entre les cycles économiques de leurs partenaires commerciaux et leurs périodes de crise et de croissance. L’objet de cette étude pays est de tenter de mettre en exergue les facteurs de déstabilisation au Brésil et la politique monétaire appliquée pour les contrer ; les deux périodes ciblées sont la crise de 2008 et la crise actuelle que traverse le Brésil, depuis 2014. Pour ce faire, nous allons succinctement observer les contraintes internes et externes du pays, ses différentes crises traversées ces dernières années, l’état de ses finances publiques et surtout les différentes mesures adoptées par la Banque Centrale du Brésil (BCB), chargée de la stabilité monétaire du pays. Graphique 1 : Cycles et instabilité régionale Taux de croissance du PIB du Brésil et d’Amérique latine Groupe 4 Emmanuel Defalque 14% 12% 10% 8% 4% -2% -0% -2% -4% 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Brésil : diagnostic de la conduite de la politique monétaire face aux principaux défis Diagnostic et défis majeurs dans les années à venir Delphine Devaux delphine.devaux@student.uclouvain.be ECON2M1 emmanuel.defalque@student.uclouvain.be ECON2MS-G Ottavia Papagalli ottavia.papagalli@student.uclouvain.be ECON2MS-G Guy Xhonneux guy.xhonneux@student.uclouvain.be ECON2M1 2 Décembre 2016 2 Décembre 2016 2 2 Source: International Monetary Fund Source: International Monetary Fund Source: Haddad, C. "Crescimento do produto real no Brasil “ | International Monetary Fund Source: Haddad, C. "Crescimento do produto real no Brasil “ | International Monetary Fund La crise des années 80 et la mise en place de la structure monétaire actuelle Faiblesses actuelles Baisse des prix des matières premières, ralentissement de l’économie mondiale Un colosse aux pieds d’argile Contexte actuel et contraintes externes La forte croissance économique du Brésil au cours des années 60 et 70 lui a valu l’expression de « miracle brésilien », avant de connaître dans les années 80 une période d’instabilité économique et politique. En cause, une correction importante du taux de croissance de son économie et une inflation très élevée. Le Brésil se voit alors mettre en œuvre pas moins de sept plans de stabilisation en dix ans, et changer de devise à trois reprises en raison des difficultés et faiblesses du pays et de son système monétaire. Ce n’est qu’avec le « Plan Réal » et l’introduction du réal comme monnaie en 1994 que le pays parvient à la stabilisation monétaire - ce plan ayant été mis en place à la suite de la forte dépréciation du cruzeiro par l'inflation, quelques années seulement après avoir lui- même remplacé le cruzado en 1990. Le consensus est aujourd’hui clair sur la nécessaire stabilité des prix, condition à une croissance pérenne. D’autant plus que dans des perspectives de moyen et long terme, une inflation trop forte n’est pas bénéfique à la croissance mais est au contraire une entrave à l’investissement. Bien que le pays dispose désormais d’un système monétaire robuste et est équipé d’instruments adéquats pour mener à bien une politique monétaire efficace et indépendante, ce sont ces mêmes pierres d’achoppement contre lesquelles rebutent à nouveau le pays. Il évolue en effet dans un contexte difficile, mu par de faibles investissements et une confiance en chute libre. La croissance, atone depuis le milieu de l’année 2013, a atteint son niveau le plus bas depuis 25 ans à -3,8% en 2015. Les chiffres de 2016 ne devraient guère être meilleurs. Cette récession résulte d’une perte de compétitivité et de l’effritement de la crédibilité de sa politique en place, à cause d’un affaissement des recettes fiscales, d’un mauvais calibrage de l’inflation – perpétuellement supérieur aux objectifs – et d’une aggravation des conditions externes au pays. D’un point de vue interne, la consommation des ménages reste affectée par des taux d’intérêts élevés et un salaire réel en baisse, dû à l’inflation trop importante. Le taux de chômage reste lui aussi à des niveaux conséquents (actuellement aux alentours de 11,8%) et vient dès lors grever l’offre de crédit en augmentant le nombre de prêts actuels non performants des banques. La politique budgétaire d’austérité, couplée à cette demande interne faible, freine l’investissement public et privé. Jusqu’à mi 2008, la hausse du prix des matières premières avait été favorable à la croissance du Brésil et à la hausse de sa part dans le commerce international. Aujourd’hui, la faiblesse de la demande mondiale, et en particulier de la Chine, affecte le commerce extérieur du pays et le prix de ces mêmes matières premières. A cela s’additionne l’insuffisance des infrastructures de transport et la réglementation du travail peu accommodante, qui viennent nuire à la compétitivité à l’exportation du pays. Quant à l’inflation, elle aurait dû baisser du fait de cette diminution de la demande interne mais va perdurer au-delà de l’objectif fixé à 4,5%, suite à l’effet de la dépréciation du réal brésilien. Graphique 2: Commerce-prix des matières premières Sur basse 100, en rapport à l’année 2010 Graphique 3 : Croissance du PIB réel per capita (1902-2017) Ecart relatif par année, en pourcentage 2 Décembre 2016 Source: International Monetary Fund Source: International Monetary Fund Source: Kiro Capitalresearch | Banco Central do Brasil Source: Kiro Capital research | Banco Central do Brasil Source: IBGE, Banco Central do Brasil and International Monetary Fund Source: IBGE, Banco Central do Brasil and International Monetary Fund Source: International Monetary Fund | Bnco Central do Brasil Source: International Monetary Fund | Bnco Central do Brasil Déficit budgétaire et dégradation de la note souveraine EU, USA et Chine, les principaux partenaires commerciaux La politique budgétaire portée par l’administration de Dilma Rousseff après son élection n’a pas donné les résultats espérés étant donné qu’inflation et déficit budgétaire se sont accrus. Le mauvais ajustement des finances publiques a d’ailleurs provoqué une rétrogradation de la note du pays, qui se place à présent parmi les « émetteurs de dette spéculatifs » selon Fitch, Moody’s et S&P. Le gouvernement actuel estime le déficit budgétaire à 2,8% du PIB (72 milliards BRL) dont l’une des causes principales est la faiblesse des rentrées fiscales annuelles. Il s’intéresse désormais à proposer un plan de réajustement budgétaire en évoquant notamment une baisse des impôts et une réforme de la sécurité sociale. Pour ce qui est de la dette publique, elle était de 66,5% du PIB en 2015 et est estimée à 73,4% pour l’année 2016. Les Etats-Unis sont le troisième partenaire commercial du Brésil - après l’UE et la Chine - avec une part de 14% du commerce international du pays. Les Etats-Unis sont aussi l’un des principaux investisseurs au Brésil. Cependant, au vue des récentes élections américaines, si une politique axée sur le protectionnisme venait à se produire, le Brésil ne serait que faiblement impacté de par son faible taux d’ouverture de 20%, le plus faible du G20. Et particulièrement vis-à-vis des Etats-Unis, pays avec lequel il exporte principalement des produits manufacturés et semi-manufacturés (à hauteur de 80%) plutôt que des matières premières (10%), qui en seraient les premières affectées. Graphique 4: Dette extérieure & Obligations à 10 Ans Graphique 5 : Déficit budgétaire du Brésil En pourcentage de PIB Graphique 6 : Création nette d’emplois En milliers d’emplois, Δ en pourcentage entre années Graphique 7 : Décomposition de la variation du PIB réel Ecart relatif à la moyenne de l’échantillon 3 Taux des Obligations à 10 Ans en pourcentage (bleu) et dette extérieur en millions de dollars (USD) (vert) 2 Décembre 2016 2 Décembre 2016 4 Objectif de stabilité des prix grâce au ciblage de l’inflation SELIC mécanisme de transmission de la politique monétaire Autorités monétaires : BCB,CMN,Comoc Banco central do Brasil Objectifs et stratégie Riche de son histoire économique, particulièrement des cycles inflationnistes qu’a connus le Brésil au cours des années 80, le pays a adopté en 1999, une politique monétaire basée sur le ciblage de l'inflation. Celle-ci est accompagnée d’un engagement en faveur de la crédibilité de la banque centrale, d’une meilleure transparence et communication opérationnelle ainsi que d’un degré d’autonomie plus large que par le passé. Instrument et cadre opérationnel Le canal de transmission utilisé par la banque centrale pour mener à bien son objectif est les taux d'intérêt à court terme, principaux instruments que les autorités monétaires peuvent influencer pour permettre le contrôle de l’inflation. Plus précisément, l'instrument utilisé est le SELIC qui est le taux de base bancaire brésilien. Il définit l’orientation de la politique monétaire. Comme outil complémentaire, la BCB peut avoir recours à une variation des règles macroprudentielles. Cela se traduit dans la pratique par une tentative d'influence de la croissance du crédit en adaptant les besoins en capitaux et en réserves pour les banques commerciales. La variation des taux d’intérêt à long terme - qui sont fonction des taux à court terme - affecte l’activité économique et par conséquent les variations dans la croissance du niveau des prix. Les opérations d'open market de la BCB, l'instrument principal utilisé pour fixer la disponibilité et le coût des réserves bancaires, permettent de maintenir le taux d'intérêt de base le plus proche possible du niveau cible établi par le Copom. Cadre institutionnel La Banque centrale s'engage à veiller à ce que l'inflation effective - basée sur l'indice des prix à la consommation - soit conforme à un objectif préétabli annoncé publiquement. Mais cette annonce publique n’est pas la seule caractéristique d’un tel régime. La transparence et l'obligation de rendre des comptes envers la société et ses représentants sont également des éléments essentiels, qui mènent à une plus grande indépendance de la banque centrale. Cette autonomie opérationnelle est nécessaire pour éviter les risques de pression sur les membres ainsi que pour mener la politique monétaire vers la réalisation des objectifs. A l’heure actuelle, la BCB est relativement indépendante, bien que l'influence du gouvernement sur la politique monétaire se soit légèrement accrue ces dernières années. Différentes autorités financières, autres que la BCB, prennent part à la réalisation du régime de ciblage de l’inflation : le Conseil Monétaire National (CMN) qui décide de l’objectif d’inflation à atteindre ainsi que le comité de la politique monétaire (Copom) qui choisit le taux d’intérêt (SELIC) à fixer pour atteindre cet objectif. Ces deux autorités monétaires font également preuve de transparence vis-à- vis du grand public et des marchés en publiant de manière récurrente leurs prévisions et décisions sur le site de la BCB. Cette transparence réduit l’incertitude sur la conduite de la politique monétaire, ce qui facilite sa compréhension par le public, assure sa crédibilité et favorise la stabilité macroéconomique, tout en influençant les anticipations des agents économiques. 4 2 Décembre 2016 Source: Kiro Capital Research | Banco Central do Brasil Source: Kiro Capital Research | Banco Central do Brasil Source: International Monetary Fund Source: International Monetary Fund Période prospère entachées par des complications internes et externes Une gestion de l’inflation à contresens de ses pairs Contagion de la crise de 2008 et gestion des liquidités Inversion du cycle économique (2010 – 2011) et mesures relatives Tentative de relance par un dopage budgétaire Restauration de sa crédibilité Orientation de la politique monétaire de la BCB La BCB à la veille de la récession de 2014 A l’aube de la crise financière de 2008, le Brésil a connu une longue et faste période de croissance, en parallèle à une pression inflationniste engendrée par la hausse du prix des matières premières sur les marchés internationaux et aggravée par l’absence persistante de synchronisation entre le rythme d'expansion de la demande et de l'offre intérieure. A cela s’est ajoutée l’augmentation des entrées de capitaux qui a assoupliles conditions de crédit et a forcé à une appréciation significative du réal brésilien. L’agrégat de tous ces éléments a forcé la Banque Centrale du Brésil à concentrer tous ses efforts sur le problème majeur de l'économie brésilienne, celui de l’inflation. En augmentant le SELIC de 11,25% à 13,75% en 2008, la BCB est allée à contre-courant des autres pays qui, dans ce contexte, ont décidé d’abaisser leurs taux. Soucieuse de son rôle, la Copom a décidé de maintenir le SELIC à ce niveau, espérant que la coupure dans la banque et l’octroi de crédit commercial soient suffisants pour réduire la demande domestique et l'ancrage des anticipations d'inflation. Malheureusement, cette année-là, l’inflation a touché la limite supérieure de l’intervalle de tolérance (6,5%). En parallèle, la contraction du marché interbancaire (à la suite de la crise financière) mena les autorités monétaires à mettre en place des politiques pour contrer la pénurie de liquidités et de crédits. La BCB a agi sur le marché des devises sur pilier de ses réserves (205 milliards US$ en août 2008) pour pallier le manque de liquidités. Au-delà du marché au comptant, la BCB a été active dans le marché des produits dérivés en offrant des swap dans lesquels elle a assumé une position court en dollars dans le but d'assurer une couverture des opérations. De même le SELIC fut abaissé de 5 points sur deux années, pour redescendre en 2010 à 8,75%. La réponse au niveau national s’est faite sur plusieurs pans. Les exigences des réserves bancaires et du taux marginal de prêt ont été abaissés. A l’inverse, l’imposition fiscale a été rehaussé et la gamme des allègements monétaires relâchés. Ces politiques ont grandement contribué au rétablissement des conditions de liquidité du système. Du fait de la reprise économique, les deux années suivantes ont été un nouveau défi pour la BCB. La demande domestique a cru significativement, de même que le crédit, au regard des préoccupations inflationnistes. De plus, suite à l'entrée croissante de capitaux, la devise s'est appréciée, contraignant la capacité exportatrice du pays. Le BCB est revenue sur une série de décisions prises au préalable, dont le réapprovisionnement des réserves obligatoires et celles sur le marché des changes. Une nouvelle période de politique monétaire restrictive débute, aboutissant à une augmentation progressive du SELIC (12,5% en août 2011). En 2011, le gouvernement Rousseff entame sa politique de stimulus budgétaire à des fins sociales et protectionnistes. Dans la même direction, un cycle d'assouplissement des taux d’intérêt est lancé et le SELIC est réduit de 525 points, passant progressivement de 12,5% à 7,25% (2011- 2013). Dès fin 2012 l'inflation anormale revient, en raison d’un choc d’offre (prix des matières premières et denrées alimentaires en hausse) et d'une détérioration des conditions macroéconomiques. La politique budgétaire désynchronisée des objectifs monétaires a contraint la BCB à recouvrer sa crédibilité monétaire en renforçant son « trépied » d'avant 2010, c'est-à-dire stabiliser l'inflation, les excédents fiscaux primaires et préserver un taux de change flottant. Elle a par ailleurs augmenté les taux. Graphique 8 : Taux d’intérêt et réserves de change En pourcentage(SELIC) et millions de dollars (USD) Graphique 9 : Inflation (IPCA) et cible BCB Intervalle de tolérance et IPCA, en pourcentage 5 2 Décembre 2016 Source: Natixis Research, Banco Central do Brasil Source: Natixis Research, Banco Central do Brasil Source: International Monetary Fund, Banco Central do Brasil Source: International Monetary Fund, Banco Central do Brasil La BCB en action durant la crise présente (dès 2013) En avril 2013, le gouvernement a débuté un nouveau cycle de resserrement monétaire afin de maîtriser l'inflation mais également la surchauffe liée à la bulle des crédits à la consommation. La BCB semble vouloir retrouver sa crédibilité qui s'était fragilisée à cause d’une inflation perpétuellement située dans l’intervalle supérieur de tolérance jusqu’à un dépassement de l'objectif de l'inflation (en 2011 et 2013). Le pays enregistre en 2014 un taux de croissance de 0,1%, avec des fondamentaux économiques faibles. Pour cause, une inflation élevée, une diminution des exportations des produits à faible valeur ajoutée (ralentissement chinois) et une demande domestique anémique. En parallèle le gouvernement s'oriente vers l’austérité pour pallier le déséquilibre fiscal. La politique monétaire alors désynchronisée avec la politique fiscale échoue à contrer l'inflation et restaurer la crédibilité. Le SELIC est monté à 14,25% (taux maintenu jusqu’en octobre 2016). L’austérité budgétaire articulée à une contraction monétaire et une inflation tenace précarisent la demande intérieure. Au début de l’année 2016, on se trouve face à une dominance fiscale : un phénomène dans lequel l'inflation ne répond plus à la politique monétaire. La tendance inflationniste dépend alors de la politique budgétaire. Cette situation entraîne une hausse des taux d’intérêt sur le marché obligataire et rend difficile le financement du gouvernement sur les marchés. En parallèle, la faiblesse réciproque du réal (BRL) stimule l'inflation mais dope les exportations, favorisant ainsi une reprise hésitante. La nomination de Ilan Goldfajn à la tête de la Banque centrale et la mise en place d'un nouveau gouvernement (Temer), crédible aux yeux des investisseurs, a ravivé les expectatives de croissance économique grâce aux anticipations d'un assainissement de l'inflation et des finances publiques, tout en favorisant dans le moyen terme une croissance durable. De ce fait, les rendements des obligations d'Etat à 10 ans ont reculé d'environ 3,7 points, soulageant ainsi le coût de l'emprunt du gouvernement. Si cette tendance persiste, la BCB devrait être plus encline à réduire les taux. En octobre 2016 la BCB a baissé le SELIC de 25 points, ce qui présage un possible policy mix, afin d'atténuer les effets de la politique d'austérité du gouvernement et favoriser un environnement plus propice à la croissance économique (en supposant une inflation maitrisée). Graphique 10 : Taux directeur SELIC & IPCA (2010-16) Taux de base bancaire brésilien et IPCA, en pourcentage Graphique 11 : BCB Foreign Exchange position 6 2 Décembre 2016 Source: Banco Central do Brasil | IMF Source: Banco Central do Brasil | IMF Source: International Monetary Fund Source: International Monetary Fund Un système de sécurité sociale insoutenable Précarisation de la dette et volatilité Crise budgétaire infranationale Austérité, réformes et difficultés de financement Maturité résiduelle et préférence en devise nationale Finances publiques Instabilité politique et déficit budgétaire chronique De 2003 à 2012, durant la présidence de Lula da Silva et Rousseff, la politique de sécurité sociale s’était élargie, alourdissant les finances publiques. La fragmentation politique eut aussi une influence. À partir de 2013, le pays débute une période stationnaire de croissance économique, qui se traduira par une récession dès fin 2014. Durant cette période, le budget du gouvernement s'est empiré, passant d’une moyenne déficitaire de 2,5% durant la période d’expansion économique, à 6% en 2014 et jusqu’à 10% en 2015. La volatilitéet les difficultés qu’a rencontrées le gouvernement à maîtriser son déficit budgétaire se sont traduites par des changements récurrents des objectifs fixés pour le court et moyen terme. Cela a eu un impact sur la crédibilité fiscale et budgétaire du pays, éléments reflétés dans la note souveraine, comme sur le marché obligataire. Le fédéralisme propre du Brésil et la capacité des entités infranationales à émettre de la dette eut comme effet pervers la paralysie financière de nombreuses de ces administrations, qui se sont retrouvées face à un stress budgétaire. Situation sous-estimée par les statistiques budgétaires. Pour y faire face, certains États fédéraux ont dû augmenter leur taux d'imposition, liquider des actifs ou émettre des titres de dette à des tiers (graphique 12). Ce fut le cas de Rio de Janeiro, qui se déclara en 2016 en « état d’urgence » suite à son incapacité à honorer ses frais opérationnels pour les Jeux Olympiques. Afin de faire face à ces défis ainsi qu'à honorer ses responsabilités financières (internes et externes) le gouvernement se dirigea vers le congrès pour adapter le budget national via un surplus, réduisant les capacités de financement régional en faveur du fédéral. La dette du gouvernement est attendue à 80% du PIB pour 2017, faisant ainsi du Brésil un des pays les plus endetté dans la catégorie des pays notés BB. Ces éléments se sont transposés dans le marché des titres de la dette publique où la capacité de l'Etat à se financer s'est détériorée. Les bons d'Etat à 10 ans ont ainsi connu une ascension entre 2012 et 2016, passant de 8,75% jusqu'à 16,5% durant la période d'instabilité politique qui s'est produite entre fin 2015 et début 2016. Le nouveau gouvernement (Termer) a par ailleurs envoyé au Parlement une proposition d'amendement à la Constitution pour plafonner pendant 20 ans les dépenses publiques à une croissance annuelle égale à l'inflation annuelle (santé et éducation comprises). Une des mesures articulées avec la politique budgétaire conventionnelle fut le changement de la normative obligataire. La durée d’échéance fut prolongée d'environ 4,6 ans en moyenne contre moins de 3 ans en 2008 et la titrisation en devise nationale fut privilégiée lors des nouvelles émissions de dette (graphique 13 et 15). Ces deux éléments ont accru la marge de manœuvre du gouvernement ainsi que soulagé le coût de l’emprunt face à une dépréciation du réal (BRL/USD). Graphique 12 : Dette publique nette externe (2005-2016) Composition selon l’emprunteur, en pourcentage Graphique 13 : Période d’échéance de la dette Selon la maturité à l’émission, en pourcentage de PIB 7 Source: International Monetary Fund Source: International Monetary Fund Source: Bloomberg Source: Bloomberg Financement et reflets de l’extérieur La dégradation échelonnée de la note souveraine du Brésil (Graphique 14) au cours de fin 2011 à 2016 est le reflet des anticipations de la contraction économique future mais aussi celui de l'incapacité du gouvernement à stabiliser les finances publiques déficitaires durant la période. Éléments négatifs qui se sont amplifiés avec les scandales de corruption qui ont éclaboussé la haute classe politique renforçant ainsi la perte de confiance de la part des investisseurs et la sortie de capitaux vers l’étranger. Pourtant, à contrario de la tendance, la disqualification de la note souveraine s'est ancrée sur le seuil BB entre 2015 et 2016, limitant de ce fait la fuite des capitaux mais soulageant la capacité de financement du gouvernement via les marchés. Notons qu’à la différence d’autres pays émergents, le Brésil dispose d’une diversité économique, d’un PIB par capita supérieur à la moyenne des États notés BB, mais également d’institutions civiles solides, tel que constaté lors des scandales de corruption. Un système bancaire solide Un financement national et des réserves suffisantes Notons également qu'à la suite de la crise de 2008, les banques ont suivi une politique conservatrice vis-à-vis des produits financiers complexes. De plus, le secteur bancaire brésilien a connu des mutations structurelles via une série de fusions et acquisitions dans le secteur, renforçant de ce fait la rentabilité et la santé des entités financières. Ce fut notamment le cas des deux principales banques du pays Itau et Unibanco, qui fusionnèrent. Tous ces éléments ont permis au Brésil durant la période de 2011 à 2016 d'absorber les chocs externes grâce à un taux de change flexible, une robuste position de réserves internationales, un solide réseau de créanciers à l'international mais également un marché boursier et obligataire développé et alimenté par les investisseurs nationaux, limitant de ce fait la dépendance et l’impact des capitaux spéculatifs étrangers. Le système bancaire brésilien était par ailleurs suffisamment capitalisé durant la période, par les raisons précédemment décrites. En raison de ces caractéristiques, le Brésil n’a pas rencontré le besoin de faire appel à des financements extérieurs de sources officielles comme le FMI, par exemple. Graphique 14 : Notation de la dette souveraine Selon l’agence de notation, la perspective et la période Graphique 15 : Composition de la dette publique Selon la devise et le pourcentage du PIB % 2 Décembre 2016 8 2 Décembre 2016 Source: International Monetary fund Source: International Monetary fund Source: International Monetary Fund Source: International Monetary Fund Réformes budgétaires et fiscales à l’encontre de la consommation Policy mix pour soutenir la reprise ? Chômage et précarisation sociale, des potentiels déclencheurs d’instabilité politique Retour de l’investissement étranger direct Trumpisme budgétaire et protectionnisme Défis majeurs de la BCB dans les années à venir La mise en place des mesures d’austérité par le gouvernement Temer, ainsi qu’un maintien des taux d’intérêts élevés devraient avoir un effet négatif sur la relation entre la consommation, le revenu disponible, le taux d'intérêt réel, la création nette d'emplois et le crédit (causalité de Granger). Par le passé, la forte croissance de la consommation a été soutenue par une série de facteurs exogènes favorables au pays (économie mondiale et prix élevés des matières premières) ainsi que par des politiques sociales (notamment Bolsa Familia et la politique du salaire minimum). En réduisant donc la consommation privée et les dépenses gouvernementales, l'investissement et le PIB seraient perturbés. Afin de ne pas renforcer l’effet négatif des mesures d’austérité, la BCB devra donc adapter sa politique monétaire via un policy mix. Par cette voie elle aurait la capacité de soutenir la reprise économique prévue pour 2017 (FMI). Afin d’éviter de mettre en conflit ce policy mix et ses priorité inflationniste, la BCB a le défi de devoir stabiliser l’environnement macroéconomique avant tout allégement monétaire. Le resserrement des politiques sociales devrait impacter la population active. Depuis le début de 2015, le taux de chômage a presque doublé et 2,7 millions d'emplois formels ont été perdus. Le chômage des jeunes est passé de 14,1% en 2014 (Q4) à 24,5% en 2016 (Q2). Cette précarisation continue du marché dutravail, articulé avec les tentatives de redressement budgétaire et fiscal, peut faire resurgir une nouvelle vague d’instabilité politique, qui dégraderait la crédibilité de l’Etat brésilien et le flux actuel de capitaux étrangers, et par conséquent entraverait la potentielle reprise économique. Depuis le changement de gouvernement, le Brésil attire à nouveau des flux de capitaux considérables mais à la différence du passé, leur composition a changé. Les flux de capitaux en actions (Bovespa) ont demeurés solides tandis que ceux liés aux obligations ont fortement diminués. Ceci est le reflet de la dégradation des notes de crédit de l’Etat et des entreprises brésiliennes, ainsi que des déclassements commerciaux associés. Les écarts d'intérêt devraient donc continuer à attirer les entrées de capitaux court termiste, mais la récession et les vulnérabilités croissantes devraient affaiblir l'intérêt des investisseurs. La politique économique du nouveau gouvernement américain paraît être axée sur une réduction du taux d’imposition sur le revenu ainsi que sur le rapatriement de ses capitaux à l’étranger, ceci tant pour les particuliers que pour les entreprises américaines. On peut donc estimer sur base du modèle de Mundell-Fleming (à taux de change flexibles) que ce stimulus fiscal, articulé avec une politique budgétaire expansionniste (modernisation de l’infrastructure l’américaine) sera inefficace car l’impact de la politique budgétaire se compense par les effets des taux de change. Ceci se reflétant sur une hausse des taux d’intérêt qui à la fois entraîne des entrées de capitaux aux USA. On peut donc s’attendre à une sortie de capitaux des pays émergents vers les Etats-Unis ce qui va à l’encontre des intérêts de stabilité de la BCB et de la récupération économique du pays. Graphique 16 : Variables clé de l’économie Selon son origine, sur base 100 (2002) Graphique 17 : Causalité au sens de Granger, Brésil Appliqué à la consommation, sur base économétrique 9 2 Décembre 2016 Conclusion Au cours de la période étudiée (2007-2016), le Brésil a connu de profondes transformations causées, entre autres, par les variations asymétriques de la croissance du pays. Ces périodes tumultueuses témoignent de la fragilité du Brésil de par sa condition face à l’environnement international. Sa dépendance forte aux prix des matières premières depuis la reprimarisation, et au système financier international l’ont amené à faire face à deux crises majeures en une décennie. L'imprévisibilité des changements exogènes, ainsi que les déséquilibres internes du Brésil (infrastructure, marché intérieur limité, fragmentation politique, entre autres) ont eu un effet amplificateur sur ces chocs, accentuant les difficultés prévisionnelles du gouvernement et de la BCB. Des directives monétaires efficientes lui ont permis de passer outre la crise de 2008 en limitant son impact négatif tout en favorisant une reprise rapide. A la suite de quoi, l’efficacité de la politique monétaire a été mise à mal dès 2011, par l’antagonisme des mesures prises tantôt par la BCB, tantôt par le gouvernement Rousseff. De ce fait, nous pouvons énoncer que l'indépendance de la banque centrale est fondamentale pour une croissance stable à long terme. Cependant, la complémentarité entre gouvernement et banque centrale est aussi importante dans le but d'articuler leurs intérêts aux objectifs de la banque centrale, afin de converger et renforcer le résultat espéré (l’année 2013 en a été l’exemple opposé lorsque l'austérité budgétaire, conjuguée à la contraction monétaire, a réduit la demande intérieure sans pour autant soulager les problèmes d'inflation chroniques). Le cas contraire, à savoir un décalage d’intérêt entre les deux organismes étatiques, nuirait à l'avancement macroéconomique et rendrait infertile la politique monétaire (situation qui s'est produite en 2016 durant la phase de "dominance fiscale"). 10 2 Décembre 2016 Bibliographie Ouvrages BENASSY-QUERE A., BOONE L., COUDERT V., (1998), Les taux d'intérêt, Paris, Collection Repères, édition La Découverte & Syros. BERGER A., MOLYNEUX P. et WILSON J., (2012), The Oxford Handbook of Banking, Oxford, Oxford University Press. 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Key Macro-Financial Linkages in Brazil Macro Development Direction of Link Financial Sector/Balance Sheets Short Description of the Link (With Direction of Link) Uncertainties surrounding fiscal policy; higher government bond yields; sovereign downgrade Overall banking sector Higher funding costs; unrealized lossed on government bonds' holdings Public banks Lower funding opportunities from the government; slower expansion of balance sheet Lower dividends to Fazenda due to lower profits Central bank Losses on reserves due to deprecitation of real Higher sovereing yields Risk of fiscal dominance Monetary policy tightening Households Higher debt/interest burden Corporate sector Higher debt/interest burden Overall banking sector Higher funding costs; Higher lending rates; higher demand for LFs, LCIs, LCAs; lower demand for deposits (due to a cap) Mutual fund industry Expansion of the industry: Substitution between lower yielding deposits for mutual fund shares Public banks Higher TJLP Directed credit diminish effectiveness of monetary policy Recession; higher unemployment; weak investment and consumption; uncertain outlook Households Lower real wealth; lower consumption; lower confidence; higher interest rates Corporate sector Lower profits, Lower investment, lower confidence; higher funding costs Overall banking sector Higher NPLs; losses on equity exposures Higher funding costs (lower liquidity); higher interest rates; Lower credit demand (due to higher unemployment; slower wage increases; higher interest rates; lower investment) Lower credit supply (tighter financial conditions) Depreciation of BRL Corporate sector Higher debt/interest burden but mostly offset with hedging Overall banking sector Higher funding costs but mostly offet with FX assets Corruption probe Corporate sector Higher funding costs; lower profits; spilovers to suppliers Overall banking sector Via deteriorating performance of Petrobras, contruction companies and their associated suppliers Increase in taxes (over from 40 to 45; CSLL from 15 to 20) Overall banking sector Lower profits; higher interest rate; lower credit Higher DTAs, lower fiscal revenues Precatorios Public banks Lower funding; higher funding costs Judicial deposits by subnationals Public banks Lower funding; higher funding costs Extension of tax exemption of LCI and LCA Banks, mutual funds Banks' funding more attractive, mutual funds' shares less attractive Source: Fund staff estimates. Travail FINAL Brésil v.2.pdf 19 page.pdf
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