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Carole Pilote Guide littéraire Analyse, plan, rédaction, procédés, genres, courants 4 e é d i t i o n LE CONTENU LA STRUCTURE IN TR O D UC TI O N • Les éléments de votre sujet amené sont-ils tous per- tinents ? Présentez-vous au moins un lien contextuel permettant d’expliquer la composition de l’œuvre (ou tout autre élément exigé par votre professeur) ? • Votre sujet posé est-il explicite et formulé comme une afrmation ? • Votre sujet divisé respecte-t-il l’ordre du développement ? • Le sujet amené, le sujet posé et le sujet divisé sont-ils présents et rédigés dans un seul paragraphe ? D ÉV EL O PP EM EN T 1er niveau : les idées principales (ou arguments principaux) • Votre développement contient-il deux ou trois idées principales (selon le type de structure choisi, bipartite ou tripartite) ? Ces idées répondent-elles exactement et en totalité au sujet posé ? • La structure de votre développement contient-elle deux ou trois parties ou paragraphes ? 2e niveau : les idées secondaires (ou arguments secondaires) • Vos idées secondaires sont-elles en nombre sufsant (deux ou trois) ? Permettent-elles de développer vos idées principales ? • L’enchaînement des parties et des paragraphes est-il assuré par des transitions et des marqueurs de relation pertinents ? 3e niveau : la preuve formelle • Vos preuves formelles (procédés d’écriture) et les preuves textuelles qui les accompagnent (citations) sont-elles variées et en nombre sufsant ? Sont-elles accompagnées chaque fois d’une déduction expliquant l’effet de sens ? • Vos citations sont-elles intégrées correctement et selon les règles prescrites ? Chaque citation est-elle accompagnée de sa référence ? 4e niveau : les conclusions partielles • La conclusion partielle de chaque partie marque- t-elle l’aboutissement de l’idée développée (et non sa simple répétition) ? • Chaque partie du développement contient-elle une conclusion partielle ? CO N CL US IO N • La conclusion nale conrme-t-elle le sujet posé ? • Fait-elle la synthèse des idées ou des arguments ? • Contient-elle une ouverture liée étroitement au con- texte de l’œuvre ou de l’époque (ou tout autre élément exigé par votre professeur) ? • Votre conclusion comprend-elle, dans l’ordre, la conrmation du sujet posé, la synthèse ou le rappel de l’argumenta- tion, ainsi que l’ouverture ? LISTE DE VÉRIFICATION Carole Pilote Conception et rédaction des outils pédagogiques en ligne Carole Pilote Conception et rédaction des activités interactives en ligne Annik-Corona Ouellette Guide littéraire Analyse, plan, rédaction, procédés, genres, courants 4 e é d i t i o n Guide littéraire Analyse, plan, rédaction, procédés, genres, courants, 4e édition Carole Pilote © 2017 TC Média Livres Inc. © 2012 Chenelière Éducation inc. © 2007 Groupe Beauchemin, Éditeur Ltée © 2000 Éditions Études Vivantes Conception éditoriale : France Vandal Édition et coordination : Johanne Losier Révision linguistique: Jacques Audet Correction d’épreuves: Marie-Claude Rochon Conception graphique: Micheline Roy Conception de la couverture : Eykel design Impression : TC Imprimeries Transcontinental Coordination du matériel complémentaire Web : Michel Raymond Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Pilote, Carole, 1952- Guide littéraire : analyse, plan, rédaction, procédés, courants, genres 4e édition. Publié antérieurement sous le titre : Guide des procédés d’écriture et des genres littéraires. Laval, Québec : Éditions Études vivantes, 2000. Comprend des références bibliographiques et un index. Pour les étudiants du niveau collégial. ISBN 978-2-7616-6205-5 1. Français (Langue) – Rhétorique. 2. Français (Langue) – Français écrit. 3. Français (Langue) – Analyse du discours. 4. Littérature française – Explication de texte. 5. Discours littéraire. 6. Genres littéraires. i. Titre. PC2420.P57 2017 808.0441 C2016-942015-9 ISBN 978-2-7616-6205-5 Dépôt légal : 1er trimestre 2017 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada Imprimé au Canada 1 2 3 4 5 ITIB 21 20 19 18 17 Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC. Sources iconographiques Page couverture : retrorocket/Shutterstock. com. Le matériel complémen- taire mis en ligne dans notre site Web est réservé aux résidants du Canada, et ce, à des fins d’ensei- gne ment uniquement. L’achat en ligne est réser vé aux résidants du Canada. TOUS DROITS RÉSERVÉS. Toute reproduction du présent ouvrage, en totalité ou en partie, par tous les moyens présentement connus ou à être découverts, est interdite sans l’autorisation préalable de TC Média Livres Inc. Toute utilisation non expressément autorisée constitue une contre- façon pouvant donner lieu à une poursuite en justice contre l’indi- vidu ou l’établissement qui effectue la reproduction non autorisée. AVANT-PROPOS Le Guide littéraire tire son origine du Guide des procédés d’écriture et des genres littéraires, publié pour la première fois en 1996 en tant que section de l’ouvrage Français – Ensemble I. Conçu dans le but de fournir aux étu- diants comme aux enseignants un outil adapté aux nouvelles exigences de la réforme des cours de français au collégial, l’ouvrage était particulière- ment novateur à l’époque. Plus de 20 ans se sont écoulés depuis la première parution de cet ouvrage, dont l’utilité ne s’est jamais démentie. Cette 4e édi- tion a été actualisée et améliorée an, une fois de plus, de répondre aux besoins actuels des étudiants et de leurs enseignants. Ouvrage méthodologique, didactique et pratique, le Guide littéraire est principalement conçu pour la séquence des cours de formation générale en français. Il accompagne l’étudiant pas à pas, favorise son autonomie et lui propose une démarche logique et cohérente qui s’adapte à toutes les étapes de son parcours scolaire. En réunissant dans un même volume l’en- semble des connaissances essentielles à la réussite des cours portant sur les littératures française et québécoise des origines à nos jours, cette 4e édition du Guide littéraire constitue un outil de référence complet et indispensable. REMERCIEMENTS Je tiens à remercier chaleureusement tous ceux qui ont contribué à la pu- blication de ce manuel. J’espère qu’ils comprendront que ce livre est aussi le leur et qu’il est un témoignage de l’estime que je leur porte. Donc, merci : à la consultante Marilou Cousineau (Collège de Rosemont) pour ses com- mentaires fort pertinents ; aux personnes suivantes, qui ont évalué l’édition précédente et qui ont proposé des améliorations tout à fait appropriées : Mélanie Collin (Cégep André- Laurendeau), Julie Gagné (Cégep régional de Lanaudière à l’Assomption), Andrée-Anne Leblanc (Cégep régional de Lanaudière à Joliette), Éric Montpetit (Collège Lionel-Groulx), Alex Noël (Cégep de Thetford), Jean-Sébastien Pilon (Cégep du Vieux Montréal), Élisabeth Rousseau (Collège André-Grasset) et Karine Vigneau (Collège Ahuntsic) ; enn, à toute l’équipe de Chenelière : France Vandal, éditrice conceptrice, Johanne Losier, éditrice et chargée de projet, Jacques Audet, réviseur, et Marie-Claude Rochon, correctrice d’épreuves, qui m’ont guidée, aidée et entourée ; enn, à tous les autres qui ont travaillé dans l’ombre pour mener à terme ce projet. Plus qu’une plateforme, c’est un outil pour soutenir l’apprentissage Entrez dans l’univers Sur , les étudiants trouveront du matériel complémentaire d’une grande richesse Des fiches d’analyse et les corrigés correspondants • Circonscrire le sujet de rédaction • Situer l’œuvre dans son contexte • Survoler stratégiquement le texte • Lire le texte et chercher le sens des mots • Analyser les composantes internes du texte Des exemples • Analyse d’une œuvre complète – • Analyse exhaustive du contenu – « Levez-vous vite... » • Analyse exhaustive de la forme –« Levez-vous vite... » • Enchaînement des idées – « Levez-vous vite... » L’analyse du texte « Levez-vous vite... » appliquée à un sujet de rédaction complexe • Analyser le contenu du texte • Analyser la forme du texte • Relier la forme au contenu du texte • Mon premier commentaire composé Des documents de référence pratiques • Liste de vérication • Plans types • Principales consignes • Contexte sociohistorique français • Contexte sociohistorique québécois • Communication et fonctions du langage • Lexique spécialisé Et 28 activités interactives permettant de soutenir les apprentissages TABLE DES MATIÈRES PARTIE 1 L’approche méthodologique ..................................................... 1 CHAPITRE 1 Analyser....................................................................................................................... 3 Circonscrire le sujet de rédaction ....................................................................................................... 3 Préparer l’étude du texte d’appui ....................................................................................................... 7 Analyser les composantes internes du texte d’appui .............................................................. 10 CHAPITRE 2 Planier ........................................................................................................................ 13 Respecter les règles inhérentes à la rédaction du plan.......................................................... 13 Planier l’introduction............................................................................................................................... 13 Planier le développement .................................................................................................................... 15 Planier la conclusion................................................................................................................................ 17 CHAPITRE 3 Rédiger ........................................................................................................................ 19 Passer du plan détaillé au texte rédigé ........................................................................................... 19 Respecter les règles inhérentes à la rédaction ........................................................................... 20 Insérer les preuves textuelles (ou citations) ................................................................................. 24 Présenter les références........................................................................................................................... 26 Soigner la présentation matérielle de la rédaction ................................................................... 27 Réviser stratégiquement votre texte ................................................................................................ 28 PARTIE 2 Les procédés d’écriture .................................................................. 29 CHAPITRE 4 Les procédés d’écriture généraux ............................................... 31 Les procédés graphiques ................................................................................................................ 31 Les procédés d’énonciation............................................................................................................ 33 Les procédés lexicaux ....................................................................................................................... 42 Les procédés grammaticaux .......................................................................................................... 51 Les procédés syntaxiques ............................................................................................................... 66 Les procédés de ponctuation ........................................................................................................ 76 Les procédés stylistiques ................................................................................................................ 81 Les tonalités........................................................................................................................................... 93 CHAPITRE 5 Les procédés d’écriture rhétoriques ......................................... 100 Les procédés propres au genre narratif.................................................................................... 100 Les procédés propres au genre dramatique ........................................................................... 114 Les procédés propres au genre poétique ................................................................................ 126 Table des matièresvi PARTIE 3 La mise en contexte d’une œuvre ..................................... 141 CHAPITRE 6 Les genres et les formes littéraires ............................................ 143 Les formes propres au genre narratif......................................................................................... 143 Les formes propres au genre dramatique ................................................................................ 147 Les formes propres au genre poétique ..................................................................................... 150 Les formes propres au genre argumentatif ............................................................................. 153 CHAPITRE 7 Les courants de la littérature française .................................. 154 Du ve au xve siècle : le Moyen Âge ................................................................................................ 154 Le xvie siècle : la Renaissance.......................................................................................................... 159 Le xviie siècle : du baroque au classicisme ................................................................................ 161 Le xviiie siècle : le Siècle des Lumières ........................................................................................ 165 Le xixe siècle : le siècle des révolutions sociales et industrielles...................................... 167 Le xxe siècle : de la modernité à la postmodernité ................................................................ 171 La n du xxe et le début du xxie siècle : la postmodernité .................................................. 174 CHAPITRE 8 Les courants de la littérature québécoise............................ 176 Du xvie au xviiie siècle : la littérature coloniale (1534-1763) ................................................ 176 Le xixe siècle : la naissance d’une littérature nationale (1760-1895) .............................. 177 Le xxe siècle (1900-1945) : la puissance et le déclin du terroir ........................................ 179 Le xxe siècle (1945-1960) : de la Grande Noirceur à la Révolution tranquille ............ 183 Le xxe siècle (1960-1980) : la Révolution tranquille et la modernité.............................. 186 Depuis 1980 : la postmodernité et le pluralisme .................................................................... 188 NOTES ............................................................................................................................................................ 192 BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................. 193 INDEX ............................................................................................................................................................. 195 CHAPITRE 1 Analyser .............................................................................................................. 3 Circonscrire le sujet de rédaction........................................................................................... 3 Le libellé du sujet de rédaction .................................................................................................3 Type de texte / Consigne / Objet / Perspective ............................................................... 3 Les principales consignes Fiche d’analyse 1 Les notes d’accompagnement .................................................................................................. 5 Les recommandations .................................................................................................................... 5 Exemples de libellés de sujets de rédaction Les principaux types de textes à rédiger............................................................................. 6 Analyse littéraire / Dissertation explicative / Dissertation critique............................. 6 Préparer l’étude du texte d’appui ................................................................................................. 7 Situer l’œuvre dans son contexte ................................................................................................... 7 Sociohistorique / Littéraire / Personnel ..................................................................................... 7 Le contexte sociohistorique français Le contexte sociohistorique québécois Fiche d’analyse 2A Survoler stratégiquement le texte d’appui .............................................................................. 8 Éléments à observer dans le paratexte / Éléments à observer dans le corps du texte.......................................................................................................................... 8 Fiche d’analyse 2B Lire le texte d’appui et chercher le sens des mots ............................................................. 10 Fiche d’analyse 2C Analyser les composantes internes du texte d’appui ..................................................... 10 Analyser le contenu du texte............................................................................................................. 10 Exemple d’analyse exhaustive du contenu Idées principales et idées secondaires / Structure tripartite ou bipartite............... 11 Analyser la forme du texte .................................................................................................................. 12 Fiche d’analyse 3 Exemple d’analyse exhaustive de la forme L’APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE1 PARTIE CHAPITRE 2 Planier ....................................................................................................................... 13 Respecter les règles inhérentes à la rédaction du plan ................................................ 13 Planier l’introduction .......................................................................................................................... 13 Les éléments de l’introduction ......................................................................................................... 14 Sujet amené / Sujet posé / Sujet divisé...................................................................................... 14 Planier le développement................................................................................................................ 15 Les plans types Les éléments du développement ................................................................................................... 15 1er niveau : idées principales / 2e niveau : idées secondaires 3e niveau : preuves formelles / 4e niveau : conclusions partielles.................................. 15 Planier la conclusion............................................................................................................................ 17 Les éléments de la conclusion .......................................................................................................... 17 Conrmation du sujet posé / Synthèse du développement / Ouverture................. 17 CHAPITRE 3 Rédiger ........................................................................................................................ 19 Passer du plan détaillé au texte rédigé..................................................................................... 19 Respecter les règles inhérentes à la rédaction.................................................................... 20 Équilibrer le texte : longueur et proportionnalité................................................................. 20 Enchaîner les éléments du discours : les organisateurs textuels............................... 20 Transitions / Marqueurs de relation.............................................................................................. 20 Exemple d’enchaînement des idées dans le développement Employer le vocabulaire adéquat................................................................................................... 22 Rester objectif ............................................................................................................................................. 23 Insérer les preuves textuelles (ou citations).......................................................................... 24 Les règles générales de la citation ................................................................................................ 24 L’intégration des preuves textuelles (ou citations) ............................................................. 25 Quelques erreurs à éviter..................................................................................................................... 26 Présenter les références ...................................................................................................................... 26 Les principales règles ............................................................................................................................. 27 Soigner la présentation matérielle de la rédaction .......................................................... 27 Soigner l’aspect visuel de votre copie ........................................................................................ 27 Rédiger le texte à l’ordinateur .......................................................................................................... 28 Rédiger le texte de façon manuscrite.......................................................................................... 28 Réviser stratégiquement votre texte .......................................................................................... 28 Activités interactives de la partie 1. ANALYSER 1 D ès qu’un sujet de rédaction littéraire vous est transmis, vous devez com- mencer par en faire l’analyse. Cette première étape de la démarche consiste à repérer et à interpréter des données que vous aurez à utiliser judicieusement par la suite. Elle permet notamment de bien circonscrire le sujet de travail demandé, c’est-à-dire de le délimiter précisément, ce qui vous évi- tera de produire un travail incomplet ou hors sujet. L’analyse est aussi l’occasion d'acquérir les connaissances dont vous aurez besoin pour comprendre et inter- préter adéquatement les composantes internes du texte étudié. Circonscrire le sujet de rédaction Pour délimiter précisément le sujet de rédaction imposé, il faut d’abord en comprendre le libellé, à savoir la façon dont le sujet est formulé. Ce libellé peut se limiter à l’énoncé strict de la commande à réaliser (forme simple) ; il peut aussi être précédé de notes d’accompagnement ou même être suivi de recom- mandations (forme complexe). Le libellé du sujet de rédaction On appelle libellé la formulation ofcielle du travail de rédaction à effectuer. Dans sa forme simple, le libellé contient les quatre éléments ci-dessous dans un ordre de pré- sentation qui peut varier. Type de texte à rédiger • Le libellé d’un sujet de rédaction vous indique toujours le type de texte que vous devez rédiger : une analyse littéraire, un commentaire composé, une dissertation explicative, une dissertation critique, etc. (voir la section « Les principaux types de textes à rédiger », p. 6 ) Consigne à respecter • La consigne décrit l’opération intellectuellequ’on vous demande d’effectuer. • On la reconnaît surtout à sa forme impérative, innitive ou parfois interrogative : « Prouvez... », « Démontrez... », « Expliquez... », « Jugez... », « Vous devez démontrer… », « Est-il juste d’afrmer... ? », etc. Pour connaître la différence entre les consignes, consultez le document Les principales consignes. 4 Chapitre 1 Analyser Objet du travail • Inséparable de la consigne, l’objet forme avec elle ce que l’on nomme le sujet posé du travail. • Pour repérer cet objet, il suft de faire suivre la consigne de la question quoi ? : « Démontrer quoi ? », « Expliquer quoi ? », « Juger quoi ? ». La réponse obtenue constitue l’objet à cerner. • Pour bien saisir l’objet, il est important de décortiquer minutieusement son énoncé sur les plans grammati- cal, syntaxique et sémantique. • Assurez-vous également d’isoler les éléments à traiter et de dégager, le cas échéant, le plan de développement qu’il suggère implicitement ou explicitement. Il est impératif de couvrir tous les éléments de l’énoncé. Perspective imposée • La perspective oriente et délimite le champ de l’étude, ou alors vous impose des restrictions relativement au traitement du sujet. • Elle prend généralement la forme d’un complément de phrase (indiquant la manière, le moyen, etc.) et dicte souvent les modalités d’orientation ou d’exécution du travail. Exemple d’un libellé de sujet de rédaction dans sa forme simple et son texte d’appui Type de texte Consigne Perspective Objet Dans un commentaire composé de 700 mots, vous démontrerez à l’aide d’arguments et de preuves tirés du texte d’appui « Levez-vous vite, orages désirés... », extrait du roman que le héros souffre d’un mal de vivre. « Levez-vous vite, orages désirés... » Extrait du roman de François René de Chateaubriand (1802) « Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j’éprouvais dans mes promenades ? Les sons que rendent les passions dans le vide d’un cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d’un désert : on en jouit, mais on ne peut les peindre. « L’automne me surprit au milieu de ces incertitudes : j’entrai avec ravissement dans les mois des tempêtes. Tantôt j’aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes ; tantôt j’enviais jusqu’au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l’humble feu de broussailles qu’il avait allumé au coin d’un bois. J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur. Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs. Exercez-vous à circonscrire le libellé du sujet en remplissant la Fiche d’analyse 1 (voir aussi le corrigé ). 5 10 5Circonscrire le sujet de rédaction Les notes d’accompagnement Dans sa forme complexe, le libellé peut également être précédé d’informations servant à présenter l’auteur, l’œuvre ou le sujet de travail et, parfois, à situer l’extrait dans son contexte. Ces notes d’accompagnement visent à faciliter votre compréhension et votre interprétation du texte d’appui ou à orienter l’analyse que vous en ferez. Leur formulation ne contient évidemment aucune demande ni consigne. Les recommandations Le libellé est parfois suivi de recommandations. Ces directives peuvent vous signaler des embûches à éviter, vous suggérer des pistes à suivre pour mener à bien votre travail ou vous rappeler certaines contraintes à respecter. Ne les négligez pas, car tout non-respect de ces directives aura des conséquences néfastes sur votre évaluation. Exemple du même libellé de sujet de rédaction dans sa forme complexe Notes d’accompagnement Le récit dont nous proposons un extrait faisait initialement partie du Génie du christianisme, publié en 1802, par Chateaubriand. L’auteur l’y avait inséré au chapitre IX, inti- tulé « Le vague des passions », pour qu’il serve d’illustration à la thèse qu’il défendait sur les bienfaits de la religion. Libellé Dans un commentaire composé de 700 mots, vous démon- trerez à l’aide d’arguments et de preuves tirés du texte d’appui « Levez-vous vite, orages désirés... », extrait du roman René, que le héros souffre d’un mal de vivre. Recommandations Gardez-vous bien d’interpréter le texte comme une apologie du suicide. Inscrivez, à la n de votre texte, le nombre total de mots que vous aurez rédigés, y compris les citations. Pour voir d’autres libellés, lisez le document Exemples de libellés de sujets de rédaction. « Le jour, je m’égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu’il fallait peu de choses à ma rêverie ! une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s’élevait dans la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au soufe du nord, sur le tronc d’un chêne, une roche écartée, un étang désert où le jonc étri murmurait ! Le clocher solitaire s’élevant au loin dans la vallée a souvent attiré mes regards ; souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au- dessus de ma tête. Je me gurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j’aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret instinct me tourmentait : je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : “Homme, la saison de ta migra- tion n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande.” « “Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie !” Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enammé, le vent sifant dans ma chevelure, ne sentant plus ni pluie, ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur. » 15 20 25 6 Chapitre 1 Analyser Les principaux types de textes à rédiger Chaque type de texte obéit à des normes spéciques. Voici les différents types de rédac- tions exigées et leurs spécicités. L'analyse littéraire Cours 101 Dans l’analyse littéraire (aussi appelée « commentaire composé » ou « explication de texte »), ce qui est à l’étude est le texte en lui-même et pour lui-même, c’est-à-dire à la fois son propos (contenu) et sa forme (procédés d’écriture). On veillera donc à ne jamais dissocier le fond de la forme qui le soutient. La vision du monde exprimée par le texte, ses sources, ses parentés ne sont pas soumises à un examen. Tout le développement doit rester centré sur la thématique étudiée. Le texte n’est comparé à rien, sauf dans les zones périphériques du travail que sont l’intro- duction et la conclusion. Exemples : – Faites une analyse littéraire d’environ 700 mots sur le thème de l’échec dans l’extrait « La Mort d’Emma », tiré du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert. Vous puiserez vos arguments et vos preuves dans l’extrait « La Mort d’Emma ». – Faites un commentaire composé d’environ 700 mots, dans lequel vous démontrerez, à partir de l’extrait « La Mort d’Emma », tiré de Madame Bovary de Gustave Flaubert, ce qu’a de pathétique la mort d’Emma. La dissertation explicative Cours 102 La dissertation explicative repose sur une analyse du texte, mais ce travail préparatoire n’est effectué que dans le but d’expliquer et de prouver l’existence d’un lien de conformité ou d’écart entre deux textes, entre un texte et une vision du monde, entre un texte et une époque ou un courant, ou encore entre un texte et un jugement extérieur porté sur lui. Cet exercice, où fond et forme doivent toujours rester liés, exige que vous partiez du texte pour aller ailleurs. Ce type de texte demande donc une connaissance plus poussée des contextes sociohistorique et littéraire, puisqu’ils sont au cœur de la démonstration. Exemple : Démontrez, dans une dissertation explicative de 800 mots, que la représentation de l’espace et du temps dans Madame Bovary de Gustave Flaubert s’opposetotalement à celle proposée par Voltaire dans Candide. La dissertation critique Cours 103 / ÉUF La dissertation critique intègre l’analyse interne et l’explication externe des deux types de textes précédents, et y ajoute la discussion. Elle ne cherche pas à démontrer ni à expliquer la validité d’un jugement porté et imposé sur une œuvre ; elle exige plutôt que vous preniez une position personnelle sur un sujet et que vous la souteniez en construi- sant une argumentation. Cette argumentation porte sur la validité d’une thèse proposée sur un texte ou encore sur les différences et les convergences de traitement d’un thème dans deux textes différents. Exemple : Peut-on afrmer que la représentation de l’espace et du temps dans Madame Bovary de Gustave Flaubert est comparable, tant dans la forme que dans le contenu, à celle que propose Voltaire dans Candide ? Répondez à cette question dans une dissertation critique de 900 mots, et à l’aide d’argu- ments et de preuves tirés des deux extraits de texte présentés en appui. 7Préparer l’étude du texte d’appui Préparer l’étude du texte d’appui Une fois que vous aurez cerné le sujet de rédaction imposé, vous devrez rassembler les connaissances nécessaires à la compréhension et à l’interprétation adéquate de l’œuvre étudiée, c’est-à-dire situer l’œuvre dans son contexte, survoler stratégiquement le texte, puis en approfondir la lecture par une recherche méticuleuse du sens des mots. Situer l’œuvre dans son contexte Parce que le texte littéraire est le témoin d’une époque, d’une tendance ou d’un courant dont il porte les marques, il est essentiel de déterminer les circonstances qui ont entouré et accompagné sa composition, sa publication ou sa diffusion. Ces informations vous serviront, ultérieurement, à : • construire le sujet amené de l’introduction de votre rédaction ; • établir une stratégie d’analyse des composantes internes du texte à l’étude ; • trouver le lien d’ouverture que vous établirez dans votre conclusion. Attention, il s’agit ici de déterminer le contexte réel de composition de l’œuvre (composante externe au texte) et non son contexte ctif (composante interne) (p. 10). Le tableau suivant vous aidera à établir les divers contextes liés à l’œuvre étudiée. Déterminer le contexte sociohistorique • Dans quelle époque l’œuvre s’enracine-t-elle? Déterminez la date et le lieu de composition, de publication ou de diffusion de l’œuvre. • Examinez, sur les plans politique, économique, social, culturel, idéologique ou scientique, les événements qui ont entouré l’œuvre et ciblez ceux qui ont inuencé directement son écriture ou qui permettent de l’expliquer. Vous trouverez les événements pertinents dans Le contexte sociohistorique français / québécois. Déterminer le contexte littéraire • En tenant compte du genre et de la forme littéraires choisis par l’auteur, déterminez la tendance, le mouvement ou le courant littéraire auquel l’œuvre est associée. • Assurez-vous de connaître les caractéristiques thématiques et formelles du courant littéraire en question, an de pouvoir les repérer dans le texte à analyser. • Pour vous y aider, reportez-vous à la partie 3 du présent guide. Vous y trouverez les principaux courants littéraires classiés et caractérisés selon l’époque où ils se sont développés ainsi que les genres et les formes littéraires dans lesquels ils peuvent s’exprimer. Déterminer le contexte personnel de l’auteur • En vous référant aux dictionnaires, aux anthologies, aux moteurs de recherche, à vos notes de cours ou à vos connaissances personnelles, rassemblez des informations sur la vie et sur l’œuvre de l’auteur, mais ne retenez que celles qui sont liées directement au texte à l’étude. • Par œuvre, on entend aussi bien le texte étudié que l’ensemble des écrits de l’auteur, voire les liens possibles que celle-ci entretient avec d’autres œuvres. Ces informations pourront être utiles plus tard au moment de planier l’ouverture de la conclusion. Exercez-vous à situer l’œuvre dans son contexte en remplissant la Fiche d’analyse 2A (voir aussi le corrigé ) à partir du sujet de rédaction simple présenté à la page 4. 8 Chapitre 1 Analyser Remarque : La mise en contexte de l’œuvre sera plus ou moins étoffée selon le type de texte demandé. S’il s’agit d’une analyse littéraire (p. 6 ), la mise en contexte servira essentiellement à vous assurer d’une bonne compréhension et d’une interprétation correcte du texte étudié, en plus de servir aux besoins de l’introduction et de la conclusion que vous aurez à rédiger ultérieurement. Pour la dissertation explicative ou critique, comme il arrive que l’exercice entier repose sur un rapport entre l’œuvre et le contexte, vous devrez approfondir votre connaissance de ce dernier avant de pouvoir traiter le sujet imposé et surtout d’élaborer votre stratégie de développement. Survoler stratégiquement le texte d’appui Avant d’entreprendre une lecture suivie du texte d’appui, prenez le temps de le survoler. Ce balayage visuel rapide pourrait vous permettre de repérer ou de conrmer des in- dices révélateurs sur l’époque et sur l’auteur ainsi que sur la thématique, la structure, la visée ou la portée du texte. Ce survol s’effectue en deux temps : on examine d’abord le paratexte, puis on étudie le corps du texte. Les éléments à observer dans le paratexte On entend par paratexte les informations qui se trouvent parfois en périphérie ou en marge du texte principal (autour de lui). Dans le cas d’une œuvre Page couverture (s’il y a lieu) • Recherchez le nom de l’auteur, lequel peut fournir un indice de sa nationalité d’origine : par exemple, Italo Calvino (Italien), Kim Thúy (Vietnamienne) et Michel Tremblay (Québécois). • Analysez également le titre et le sous-titre de l’œuvre ainsi que l’illustration qui les accompagne, le cas échéant, car ils peuvent vous permettre, sinon d’entrevoir la thématique ou le propos de l’œuvre, du moins d’en tirer une amorce de réexion ou d’interprétation. Exemple : L’éditeur a choisi un détail d’une toile de Picasso (chef de le du cubisme, mouvement pictural qui représente la réalité de façon fragmentée) pour orner la page couverture du roman Le Vicomte pourfendu d’Italo Calvino, qui développe justement le thème de la division, de la fragmentation. Péritexte (s’il y a lieu) Le péritexte est constitué des pages qui précèdent et qui suivent le texte principal. Repérez et interprétez principalement les éléments suivants : • la date de publication (elle peut donner une idée du courant littéraire s’il n’est pas déjà connu) ; • la maison d’édition (elle révèle parfois clairement une appartenance idéologique) ; • la collection (par exemple, si la collection est « Le Livre de Poche », c’est que l’œuvre a conquis un vaste public ; au contraire, la collection « Bibliothèque de la Pléiade » s’adresse aux spécialistes) ; • la mention des parutions antérieures (indice de son succès) ; • le titre et le sous-titre d’origine, s’il s’agit d’un ouvrage traduit (indice d’un point de vue) ; • le genre ou la forme littéraire ; • le nom du traducteur, si l’ouvrage a été traduit en français ; • les dédicaces, les citations en exergue (ou épigraphes), les préfaces ou postfaces, les avertissements (qui renseignent sur l’auteur, ses intentions, ses prises de position), les notes, etc. Quatrième de couverture (s’il y a lieu) Notez la présence d’un résumé, d’une notice biographique, de témoignages d’experts et de critiques qui livrent leurs appréciations de l’œuvre. 9Préparer l’étude du texte d’appui Dans le cas d’un extrait d’œuvre Examinez tout ce qui accompagne l’extrait et tirez-en prot, pour les mêmes raisons que dans le cas d’une œuvre, notamment : • le nom de l’auteur ; • le titre de l’œuvre ; • le titre de l’extrait ; • la date de publication ; • toutes les notes accompagnant le texte ; • la maison d’édition et la collection, le cas échéant. Les éléments à observer dans le corps du texte Disposition graphique • Observez la disposition graphique pourvoir si elle révèle le genre et la forme littéraires choisis par l’auteur. Un seul coup d’œil permet souvent de constater que l’on a affaire à un texte narratif, poétique ou drama- tique, ou encore qu’il s’agit d’un sonnet ou d’un calligramme, par exemple. • Repérez par ailleurs la présence de procédés graphiques (gras, soulignement, italique, majuscules, blancs, etc.), tous indicateurs d’une mise en évidence particulière (p. 31). Découpage ou structure • Examinez la division du texte : parties et chapitres, dans le cas d’une œuvre entière ; paragraphes, laisses, couplets, phrases, strophes, vers, scènes ou tableaux, selon le cas, s’il s’agit d’un extrait. Le repérage du nombre et de la longueur de ces éléments renseigne sur la structure du texte et aide à comprendre son propos, puisque ce propos est directement lié à son organisation. • Repérez également les organisateurs textuels (transitions et marqueurs de relation) (p. 20-22 ) entre les unités de cette structure pour avoir un aperçu de leur enchaînement logique (voir « La structure tripartite ou bipartite », p. 11). Le choix des organisateurs textuels est directement lié à ce choix structurel. Cela ne s’applique pas, bien évidemment, à tout texte qui s’écarte des normes classiques de composition, tel qu’on le voit dans le Nouveau Roman ou dans certains récits postmodernes. Longueur • Observez, dans une œuvre complète, la longueur des parties et des chapitres ; dans le cas d’un extrait, observez plutôt la longueur des paragraphes, phrases, strophes, vers, scènes, tableaux ou répliques, selon le cas. Cela vous permettra d’évaluer rapidement le rythme du texte ou l’intention de l’auteur (souci du détail, goût du pittoresque ou de la concision, tendance à la rationalisation et à l’analyse, etc.). Ponctuation • Dans une œuvre complète, l’utilisation des tirets et des guillemets indique la présence de dialogues. Déter- minez la proportion de dialogues par rapport aux paragraphes de narration. Une proportion importante de dialogues souligne souvent un souci d’objectivité (du moins en apparence), alors qu’une proportion impor- tante de narration signale plutôt un récit subjectif (histoire racontée selon l’interprétation du narrateur). Exercez-vous à survoler le texte en remplissant la Fiche d’analyse 2B (voir aussi le corrigé). 10 Chapitre 1 Analyser Lire le texte d’appui et chercher le sens des mots La dernière étape préparatoire consiste à lire le texte pour le saisir dans sa globalité. • Commencez par chercher dans un dictionnaire les mots dont le sens ne vous est pas parfaitement clair ou connu ; dans le cas des mots ayant plusieurs sens, assurez-vous de trouver celui qui convient au contexte dans lequel il est employé. • Notez la classe grammaticale des mots cherchés et portez une attention particulière à leur origine, à leur évolution et à leurs différents emplois. • Jetez un coup d’œil aux synonymes, aux antonymes, aux niveaux de langue : ils ou- vrent souvent une voie d’interprétation du texte. • Enn, lisez le texte autant de fois que nécessaire, en entier ou en partie, préférablement à voix haute si vous le pouvez, pour mieux le comprendre, le sentir, pour vous en im- prégner, en gardant toujours à l’esprit le sujet à traiter. Exercez-vous à préparer l’étude du texte en remplissant la Fiche d’analyse 2C (voir aussi le corrigé ). Analyser les composantes internes du texte d’appui Nous amorçons ici la dernière étape de l’analyse, celle qui vous permettra de construire le développement de la rédaction. Il s’agit d’une étape décisive dont la valeur dépendra de votre habileté à analyser les composantes internes du texte, plus particulièrement son contenu et sa forme. Puisque la stratégie d’analyse à développer dépend directement du libellé du sujet à traiter, relisez-le et portez une attention parti- culière à l’énoncé de l’objet à analyser (p. 4). Votre analyse des composantes internes du texte sera conditionnée par cet énoncé. Au besoin, relisez la Fiche d’analyse 1 et son corrigé. Analyser le contenu du texte Le contenu d’un texte, c’est son propos, sa thématique, les idées qu’il développe. En faire l’analyse consiste donc à dégager les thèmes principaux et secondaires du texte, dans le but d’y puiser les idées principales et se condaires qui vous permettront de répondre au sujet de rédaction imposé. C’est ce qu’on appelle l’étude ou l’approche thématique du texte. Si votre texte d’appui est un extrait d’œuvre, un court passage ou un poème, vous devrez au préalable procéder à l’étude lexicale du texte (groupement des mots en champs lexi- caux, puis des champs lexicaux en réseaux), car elle vous permettra de décortiquer plus aisément son contenu, surtout si vous éprouvez de la difculté à repérer et à relier les idées qu’il contient. Consultez l’Exemple d’analyse exhaustive du contenu. 11Analyser les composantes internes du texte d’appui Les idées principales et les idées secondaires Une idée principale se distingue d’une idée secondaire par son importance et son omniprésence, et par le fait que d’autres idées, appelées idées secondaires, lui sont subordonnées. La présence de ces idées secondaires ne peut se justier que par leur dépendance envers l’idée principale qu’elles développent ou expliquent. C’est une no- tion très importante, car elle est au cœur d’un grand nombre de constructions textuelles, tant dans les textes que vous aurez à analyser que dans ceux que vous aurez à produire. On parle d’idées principales et d’idées secondaires ou encore de thèmes principaux et de thèmes secondaires dans le cas des textes informatifs, narratifs ou poétiques ; d’argu- ments principaux et d’arguments secondaires dans le cas des textes argumentatifs ; de séquences et de péripéties à propos d’une structure narrative. La structure tripartite ou bipartite Qu’il s’agisse du texte d’appui à étudier ou du texte que vous aurez à rédiger, sa struc- ture sera le plus souvent tripartite (formée de trois parties) ou quelquefois bipartite (formée de deux parties). Retenons qu’une structure bipartite témoigne habituellement d’une construction logique comparative (mise en parallèle ou opposition), alors qu’une structure tripartite marque une construction progressive (logique ou chrononogique). C’est au moment de l’analyse que vous devez déterminer laquelle choisir en fonction du sujet de rédaction imposé. Exemple de sujet de rédaction commandant un développement tripartite Sujet : Dans l’extrait « Levez-vous vite, orages désirés… », démontrer que René souffre d’un mal de vivre. Pour la structure tripartite, vous devrez : • cibler dans le texte d’appui trois thèmes ou idées principales permettant de répondre au sujet posé ; • développer deux sous-thèmes ou idées secondaires venant expliquer ou appuyer chacun de ces thèmes. Exemple de sujet de rédaction commandant un développement bipartite Sujet : Dans l’extrait « Levez-vous vite, orages désirés… », démontrer que René est atteint d’un mal de vivre et qu’il projette son mal dans la nature. Pour ce type de rédaction, vous devrez, an que votre texte soit d’une longueur équi- valente à celle d’un développement tripartite : • cibler dans le texte d’appui deux thèmes ou idées principales qui permettent de répondre au sujet posé ; • développer trois sous-thèmes ou idées secondaires venant appuyer chacun de ces thèmes. 12 Chapitre 1 Analyser Analyser la forme du texte La forme, dans un texte, c’est l’expression de son contenu par le langage. Indissociables des idées qu’ils incarnent, les choix formels privilégiés par l’auteur leur donnent vie et les singularisent par l’effet de sens particulier qu’ils contribuent chacun à créer. Ainsi, après avoir analysé le contenu du texte et envisagé les idées ou les arguments à faire valoir ultérieurement dans votre rédaction, il faut à présent trouver les preuves for- melles (procédés d’écriture) qui permettront de les justier. Pour chaque idée ou argument secondaire avancé, vous devez donc : • relever le ou les procédés d’écritureà faire valoir comme preuve formelle (deux procédés de types différents de préférence) ; • noter la preuve textuelle (citation) qui en atteste la présence dans le texte ; • déduire l’effet de sens particulier produit par chacun des procédés. Les procédés d’écriture se divisent en deux catégories : • les procédés d’écriture généraux (voir le chapitre 4), qui valent pour n’importe quel type de discours, peu importe le genre littéraire auquel il appartient ; • les procédés d’écriture rhétoriques (voir le chapitre 5), qui sont, pour leur part, propres à un genre littéraire donné (narratif, poétique, dramatique ou argumentatif). Enn, rappelez-vous que les procédés d’écriture qu’il vous faut relever et mettre en valeur doivent être de types variés. Il serait, en effet, peu judicieux de ne retrouver dans votre texte que des procédés lexicaux ou stylistiques. Au contraire, misez sur la variété des preuves formelles présentées : tantôt lexicales, tantôt grammaticales, parfois syntaxiques ou encore stylistiques, sans oublier d’inclure minimalement des preuves rhétoriques (propres au genre étudié), le cas échéant. La démarche d’analyse proposée dans le présent chapitre maximisera vos chances de réussite. Avec un peu d’entraînement, vous pourrez sauter l’étape du travail sur ches et réaliser l’analyse en même temps que l’étape suivante, qui est celle du plan détaillé. Exercez-vous à analyser les composantes du texte en remplissant la Fiche d’analyse 3 (voir aussi le corrigé ). Consultez aussi l’Exemple d’analyse exhaustive de la forme du texte « Levez-vous vite, orages désirés… », qui répertorie tous les procédés d’écriture généraux et rhétoriques contenus dans cet extrait. Vous pouvez faire le même exercice pour une œuvre complète. Lisez la nouvelle de Maupassant intitulée La Parure dans le dossier du même nom. Vous y trouverez également le corrigé de la Fiche d’analyse 3 de cette œuvre et un Exemple d’analyse d’une œuvre complète. Revoyez l’ensemble du processus d’analyse du texte appliqué au sujet de rédaction complexe dans les documents suivants : Analyser la forme du texte, Analyser le contenu du texte, Relier la forme au contenu du texte et Mon premier commentaire composé. PLANIFIER 2 L e plan détaillé constitue l’étape transitoire entre l’analyse et la rédaction littéraire. Il sert à préciser et à organiser le contenu de l’introduction, du développement et de la conclusion de la rédaction à venir. Un plan constitue une structure, c’est-à-dire un ensemble d’éléments hiérarchi- sés présenté de manière telle qu’il fait voir instantanément l’articulation de la pensée. Avec un peu d’expérience, vous parviendrez à faire l’analyse et le plan en une seule opération. Ce dernier remplacera alors un brouillon lors d’une épreuve ou d’un examen, ce qui signie que vous pourrez rédiger directement votre propre analyse à partir de ce plan détaillé. Respecter les règles inhérentes à la rédaction du plan Avant de commencer le plan, rappelez-vous les trois règles suivantes : • formuler des énoncés clairs et précis sous la forme d’une afrmation ou d’une as- sertion (une phrase complète) ; un énoncé aussi vague que « L’instabilité affective du héros » ne permet pas de saisir l’idée que vous souhaitez faire valoir, alors que « Le héros est affectivement instable » se comprend aisément ; • ne présenter qu’une seule idée à la fois ; si, par exemple, vous formulez votre idée ou votre argument de la manière suivante : « Le héros est affectivement instable et sa souffrance est permanente », vous créez une confusion structurelle en formulant deux idées différentes dans un même élément ; • détailler le plan jusqu’à prévoir tout ce qui composera la rédaction. Planier l’introduction L’introduction doit capter l’attention du lecteur et le mettre en contact avec le sujet abordé. Elle est constituée d’un sujet amené, d’un sujet posé et d’un sujet divisé, tous trois logiquement soudés et rédigés dans un seul paragraphe. 14 Chapitre 2 Planier Les éléments de l’introduction Sujet amené Première section de l’introduction, le sujet amené représente une entrée en matière et a pour but de situer l’œuvre dans un contexte un peu plus large que le sujet posé, mais sans recourir à des formules toutes faites ou trop vagues. Comme il vise à situer le texte dans un contexte sociohistorique, littéraire ou personnel (p. 7 ) lié directement au sujet de rédaction, vous devez choisir des éléments pertinents et, bien sûr, rattachés à ce sujet, tels que : • l’époque ; • le nom de l’auteur ; • le titre de l’œuvre et de l’extrait (s’il y a lieu) ; • la date et le lieu de publication ; • le genre, la forme et le courant littéraire, etc. Vous ne devez surtout pas oublier d’indiquer l’événement contextuel lié précisément à la composition de l’œuvre. Par exemple, le poème de Victor Hugo « Demain dès l’aube » a été écrit à la suite de la mort de sa lle Léopoldine. Sujet posé Le sujet posé permet de présenter clairement et explicitement le sujet dont vous allez traiter (voir « Le libellé du sujet de rédaction », p. 3 ). Voici comment procéder : • Si le sujet vous est imposé, vous pouvez, selon les indications de votre professeur, soit le transcrire tel qu’il a été libellé ou utiliser une formulation personnelle qui témoignera de la compréhension que vous en avez. • Cependant, que le sujet posé soit retranscrit tel quel ou qu’il soit reformulé, il doit prendre la forme d’une afrmation. Évitez donc de le reformuler sous forme interrogative. Le sujet posé doit plutôt prendre la forme d’une assertion, d’une afrmation dont vous allez établir la véracité. Toutefois, dans le cas d’une dissertation critique, et à condition que le professeur le permette, il pourrait être accepté de poser le sujet au moyen d’une phrase interrogative directe ou indirecte. • Dans le cas d’une dissertation critique, vous avez le choix de faire part de votre prise de position dès cette étape ou de la révéler dans un des paragraphes du développement. Sujet divisé Le sujet divisé sert à annoncer les parties de votre développement (idées ou arguments principaux, au nombre de deux ou trois), en vous assurant de respecter l’ordre exact dans lequel vous les traiterez. Exemple de plan détaillé d’une introduction Sujet amené • Époque : début du xixe siècle • Auteur : François René de Chateaubriand • Titre de l’œuvre et de l’extrait : René, « Levez-vous vite, orages désirés... » • Date et lieu de publication : 1802, composé en Angleterre et publié en France (Paris) • Genre et forme : roman autobiographique • Courant littéraire : romantisme • Lien avec le contexte : exil des aristocrates Sujet posé Le héros souffre d’un mal de vivre. Sujet divisé I. Le héros est affectivement instable. II. Il projette son mal dans la nature. III. Il désire échapper à son mal. 15Planier le développement Planier le développement Le développement est la partie la plus importante de votre travail, puisqu’il constitue votre réponse au sujet posé et que c’est sur lui que portera l’essentiel de votre évaluation. Il vous faudra alors veiller à ce que vos idées principales (ou arguments principaux) couvrent bien tous les aspects du sujet posé, que vos idées secondaires (ou arguments secondaires) les expliquent ou les étoffent, et que des preuves formelles (procédés d’écriture) viennent les appuyer adéquatement. S’il existe des plans types qui peuvent vous guider, il n’existe en revanche aucune formule préétablie qui fonctionnerait à tout coup. L’important est de suivre le libellé de votre sujet de rédaction, qui comportera ou non des indications vous imposant un plan de développement. Consultez le document Les plans types pour en savoir plus sur les divers plans : énumératif, démonstratif, comparatif, analogique et didactique. Les éléments du développement L’analyse des composantes internes du texte dans le chapitre 1 vous a permis de cibler un bon nombre d’idées. Il s’agit maintenant d’en faire le tri et de les hiérarchiser. Introduction rédigéeRené est un roman autobiographique, publié en 1802, par Chateaubriand. Com- po sé en Angleterre, au plus fort de l’exil où la Révolution française a condamné son auteur, ce roman marque le début du romantisme en France. Nous démontrerons, à partir de l’extrait « Levez-vous vite, orages désirés... », que son héros, René, souffre d’un profond mal de vivre. Nous nous attarderons à sa souffrance émotive, au lien privilégié que le héros entretient avec la nature, ainsi qu’à son désir d’échapper au mal dont il est atteint. 1er niveau : idées principales (ou arguments principaux) • Le plan détaillé du développement se divise le plus souvent en trois parties (tripartite, p. 11 ), ou parfois en deux parties (bipartite, p. 11 ), selon le sujet à traiter, et celles-ci représentent vos idées principales (ou arguments principaux). • Les énoncés formulés doivent répondre exactement et en totalité au sujet posé. 2e niveau : idées secondaires (ou arguments secondaires) • Chaque idée principale (ou argument principal) doit elle-même être constituée de deux ou trois idées secondaires (ou arguments secondaires), selon le type de structure bipartite ou tripartite choisi, les- quelles permettent d’expliquer, de caractériser ou de démontrer l’idée principale (ou argument principal) qu’elles développent. • Ce deuxième niveau de hiérarchisation est assujetti au premier. 16 Chapitre 2 Planier 3e niveau : preuves formelles • Au troisième niveau, des preuves formelles (procédés d’écriture) doivent venir étoffer les idées secon- daires (ou arguments secondaires), être accompagnées des preuves textuelles (ou citations) qui conr- ment leur présence dans le texte et d’une déduction permettant d’interpréter l’effet de sens particulier produit par chacun de ces procédés. • Ce troisième niveau est lui aussi assujetti au précédent. 4e niveau : conclusions partielles • Les conclusions partielles clôturent chacune des parties du développement. Il faut s’assurer que ces conclusions ne sont pas la simple répétition des énoncés initialement formulés, mais qu’elles représentent bien la synthèse ou le point d’aboutissement des idées développées. • Par exemple, si vous afrmez que le héros souffre du « vague des passions » dès le début de la partie, vous n’aurez plus rien à dire en conclusion de partie. Par contre, si vous stipulez que le héros souffre d’un mal de vivre, vous pourrez aboutir, en conclusion partielle, à l’idée que ce mal de vivre correspond au « vague des passions ». Vous trouverez ci-après un exemple du plan détaillé de la première partie du dévelop- pement correspondant au sujet de rédaction proposé au début du chapitre 1 (p. 4). Pour lire l’exemple rédigé de cette partie, rendez-vous à la page 19. Exemple de plan détaillé d’une partie de développement I. Idée principale A. Idée secondaire de I 1. PF de A PT Déduction 2. PF de A PT Déduction CA : synthèse des déductions sur A B. Idée secondaire de I 1. PF de B PT Déduction René est affectivement instable René est déprimé Champ lexical des sentiments négatifs « vide », « solitaire », « voulu », « enviais », « mélancoliques », « triste », « incomplet », « manque », « soupirs », « tourmenté » traduit le désespoir profond où l’entraîne son état permanent d’insatisfaction Métaphore de la lyre et déterminant possessif de la 1re personne du pluriel « Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes » souligne, par analogie avec la lyre, l’aspect plain- tif de sa souffrance, puis élargit cette fragilité émotive à l’échelle de la nature humaine Le héros traduit ainsi l’état permanent de mélancolie qui l’assaille comme être humain René est exalté Champ lexical des sentiments positifs « passions », « ravissement », « bonheur », « joie », « enchanté », « possédé », « démon » met en lumière sa fébrilité émotive 17Planier la conclusion Remarque : Dans cet exemple, les deux idées secondaires sont développées dans deux paragraphes distincts, mais ceux-ci pourraient être fusionnés en un seul. Ces deux façons se valent. Ce qui importe est de respecter les consignes données et de bien structurer vos idées et vos paragraphes. Planier la conclusion C’est la dernière étape de votre planication. La conclusion constitue le point d’abou- tissement du travail et doit logiquement découler du raisonnement exposé. Il faut donc éviter de vous répéter ou de poursuivre la réexion. Les éléments de la conclusion La conclusion contient trois éléments logiquement soudés, qui doivent être rédigés en un seul paragraphe. Conrmation du sujet posé • Vous devez ici rappeler l’assertion initiale ou votre prise de position. • Évitez de la répéter telle quelle. Donnez-lui plutôt une formulation dont la précision et la pertinence reéte- ront votre maîtrise du sujet traité et votre compréhension des enjeux du texte. Synthèse du développement (ou de la démarche argumentative) • Évoquez les idées ou les arguments avancés sans les répéter tels quels. • Paraphrasez, au besoin, les conclusions partielles de chacune de vos parties. Ouverture de la conclusion • L’ouverture est une spéculation nale, une réexion théorique un peu plus générale, qui vous demande de sortir du sujet traité pour révéler un nouveau lien contextuel à propos, par exemple, de la portée de l’œuvre, de son inuence, de ses rapports avec l’époque, le courant, d’autres textes ou d’autres événements. • Il faut toutefois éviter les ouvertures trop générales et vous appliquer plutôt à établir un lien direct avec l’auteur, l’époque ou le texte étudié. Il vaut mieux s’en tenir, pour cette perspective nale, à des événements contemporains de l’époque étudiée. Référez-vous à la partie 3 du présent guide pour y repérer ce qui vous convient. 2. PF de B PT Déduction CB : synthèse des déductions sur B CI : synthèse de CA et de CB sur I Accumulation de participes passés « enchanté, tourmenté et comme possédé » dévoile la démence qui l’envahit Le héros montre également qu’il est en proie à une exaltation qui frôle la démence Cette instabilité affective correspond au « va gue des passions » des premiers romantiques PF : Preuve formelle PT : Preuve textuelle CA / B : Conclusion du paragraphe A / B CI : Conclusion de la partie I 18 Chapitre 2 Planier Exemple de plan détaillé d’une conclusion Conrmation du sujet posé Expression individuelle d’un mal de vivre spéciquement associé au romantisme aristocratique du début du xixe siècle Synthèse de la démarche argumentative CI : Le « vague des passions » CII : La nature comme reet CIII : L’évasion mystique du « moi » Ouverture Lien avec La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset : évolution vers un romantisme plus social après les tensions politiques qui ont suivi la défaite napoléonienne Conclusion rédigée Nous pouvons conclure que le texte étudié est l’expression individuelle d’un mal de vivre associé spéciquement au romantisme aristocratique du début du xixe siècle. Nous avons pu dénir le « vague des passions » qui assaille le héros, montrer com- ment la nature lui permet de comprendre son mal et lui trace la voie vers une religion libératrice. Or, ce romantisme n’aura qu’un temps : les tensions politiques et sociales qui suivront la défaite napoléonienne auront vite fait de transformer ce « vague des pas- sions » en « mal du siècle ». La publication en 1836 de La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset en témoigne. RÉDIGER 3 B ut ultime du travail, la rédaction du commentaire composé, de la dissertation explicative ou de la dissertation critique se fait à partir du plan détaillé. Pour mener à bien ce travail, il faut impérativement respecter certaines règles inhérentes à la rédaction, intégrer et insérer correctement les citations ainsi que les références, et, enn, réviser le texte rédigé. Passer du plan détaillé au texte rédigé Il est maintenant temps de transformer le plan détaillé, élaboré à l’étape précédente, en texte rédigé répondant aux normes de rédactionen vigueur pour ce type de travail. Vous avez pu lire un exemple de rédaction de l’introduction (p. 15) et de la conclusion (p. 18). Vous trouverez ici un exemple de rédaction d’une des trois parties du développement. Exemple d’une partie rédigée du développement Plan détaillé I. René est instable sur le plan affectif A. René est déprimé 1. Champ lexical des sentiments négatifs : « vide », « solitaire », « voulu », « en- viais », « mélancoliques », « triste », « incomplet », « manque », « sou- pirs », « tourmenté » Révèle l’ampleur de son désespoir 2. Métaphore de la lyre : « Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes » Laisse à penser que cette souffrance est immuable CA : L’état de désespérance semble, selon lui, caractériser l’être humain Rédaction Tout d’abord, il est clair que le héros souffre d’un déséquilibre affectif. D’une part, on sent bien que René est déprimé. La forte présence d’un champ lexical des sentiments négatifs rendus par les mots « vide », « solitaire », « mélancoliques », « triste » et « tourmenté », révèle précisément l’ampleur de son désespoir. De plus, la métaphore suivante, qui associe les sentiments à la lyre, symbole séculaire du lyrisme mélancolique, laisse à penser que cette souffrance est immuable : « Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes. » L’état de désespérance qui atteint René semble donc, selon lui, caractériser aussi l’être humain. 20 Chapitre 3 Rédiger B. René est exalté 1. Champ lexical des sentiments positifs : « passions », « ravissement », « bonheur », « joie », « enchanté » Évoque des moments de bonheur 2. Accumulation de participes passés : « enchanté, tourmenté et comme possédé » Dévoile la fébrilité qui l’envahit CB : La démence s’empare de lui CI : Cette instabilité affective correspond au « vague des passions » D’autre part, on peut également constater que René est exalté. En effet, la présence d’un champ lexical portant cette fois sur des sentiments positifs (« passions », « ravissement », « bonheur », « joie », « enchanté ») évoque, de toute évidence, des moments de bonheur. Bien plus encore, l’accumulation que forment les participes passés « enchanté, tourmenté et comme possédé » ne laisse planer aucun doute sur l’état de fébrilité qui envahit le héros. Force est de constater qu’une démence émotive s’empare de lui. Or, cette instabilité affective correspond précisément au « vague des passions » des premiers romantiques. PF : Preuve formelle PT : Preuve textuelle CA / B : Conclusion du paragraphe A / B CI : Conclusion de la partie I Respecter les règles inhérentes à la rédaction Équilibrer le texte : longueur et proportionnalité Le nombre de mots exigé varie selon le type de texte demandé et comprend habituelle- ment les citations. Ainsi, on demande 700 mots pour le commentaire composé, l’analyse littéraire et l’explication de texte 101 , 800 mots pour la dissertation explicative 102 et 900 mots pour la dissertation critique 103 / ÉUF . Dans un texte bien équilibré, l’introduction et la conclusion doivent occuper chacune de 10 à 15 % de la longueur totale du texte. De 70 à 80 % du travail doit être consacré au développement. Les parties et les paragraphes qui les composent doivent être de lon- gueur équivalente. Un écart de plus ou moins 10 % est généralement toléré. Enchaîner les éléments du discours : les organisateurs textuels Il est important de soigner l’articulation de votre discours an de renforcer la cohésion de vos idées, de mettre en évidence la structure logique de votre texte et ainsi d’en faciliter la lecture. Cette articulation se fait au moyen de transitions et de marqueurs de relation. Les transitions Une transition est un mot, un groupe de mots ou une phrase qui assure le passage et l’enchaînement d’une partie à l’autre de la rédaction ou d’un paragraphe à l’autre d’une partie. Le tableau suivant présente les principaux types de transitions. 21Respecter les règles inhérentes à la rédaction Principales transitions Dénitions Pour introduire Au point de départ ; à première vue ; pour commencer ; a priori ; d’entrée de jeu ; en ce qui a trait à ; en ce qui concerne ; à propos de ; de ce point de vue ; tout d’abord Annoncer, au début d’une partie ou d’un paragraphe du développement, l’idée principale et expliciter son lien avec la précédente. Pour lier Dès lors ; donc ; enn ; à la n ; bref ; en conclusion ; pour terminer ; somme toute Exemple : Ce mal de vivre correspond donc au « vague des passions » et permet dès lors de comprendre l’ultime désir du héros d’y échapper. Réunir deux parties d’un texte en établissant, à l’aide d’une phrase, un lien entre l’idée d’une partie ou d’un paragraphe et celle de la partie ou du paragraphe qui suit. Assurer une transition logique entre chaque partie du développement, notamment dans la phrase de conclusion du paragraphe ou de la partie ou au début de la partie ou du paragraphe qui suit. Pour rappeler À la lumière de ce qui a été dit ; après avoir observé ; il devient évident ; tel qu’il a été précisé précédemment Renvoyer à ce qui a déjà été dit, au moyen de pronoms, de synonymes, de reformulations ou d’expressions qui mettent en évidence la reprise d’une idée. Pour terminer ou conclure À la n ; bref ; dès lors ; donc ; en conclusion ; pour terminer ; somme toute Marquer la n d’un paragraphe, d’une partie ou d’un texte. Les marqueurs de relation Un marqueur de relation est un mot qui a pour fonction d’enchaîner les éléments internes du paragraphe, c’est-à-dire de lier logiquement les éléments à l’intérieur d’une phrase ou encore les phrases entre elles. On l’utilise souvent pour lier les preuves formelles. Voici un tableau des principaux types de marqueurs de relation et des liens logiques qu’ils instaurent entre les différents éléments. Principaux marqueurs Dénition Temps Alors ; après ; au même moment ; avant ; avant tout ; bientôt ; d’abord ; désormais ; ensuite ; maintenant ; par la suite ; pendant que ; plus tard ; plus tôt ; puis ; tantôt... tantôt Situer dans le temps, indiquer la durée ou signaler l’antériorité, la simultanéité ou la postériorité d’un fait ou d’une idée. Cause Car ; dans la mesure où ; en raison de ; étant donné que ; parce que ; puisque ; sous prétexte Introduire une explication ou une justication. Conséquence C’est pourquoi ; de là ; dès lors ; de sorte que ; donc ; d’où ; par conséquent ; par suite de ; si bien que ; ainsi ; alors Indiquer la conséquence ou le résultat de quelque chose. 22 Chapitre 3 Rédiger Principaux marqueurs Dénition Concession / restriction Ou ; ou bien ; ou encore ; soit... soit ; sauf ; sinon ; excepté ; bien que ; d’ailleurs ; en dépit de ; malgré ; néanmoins ; quoique ; sans doute ; toutefois Nuancer une idée, restreindre un choix, montrer qu’une possibilité est non envisageable. Opposition À l’opposé ; alors que ; au contraire ; cependant ; toutefois ; en revanche ; mais ; nonobstant ; par contre ; pourtant ; malgré ; tandis que Indiquer une idée contraire, réfuter une idée. Parallèle / comparaison / alternative Ainsi que ; comme ; de la même manière ; de même ; d’une part... d’autre part Mettre en parallèle, créer un contraste entre des éléments. Addition / énumération Aussi ; de même ; de plus ; également ; encore ; en outre ; et ; non seulement... mais encore ; par ailleurs Ajouter, unir des éléments semblables. Succession / ordre / progression Au préalable ; aussi ; avant tout ; c’est ainsi que ; d’abord ; premièrement; dans un premier temps ; d’emblée ; de même ; de plus ; deuxièmement ; d’un autre côté ; d’une part... d’autre part ; également ; enn ; en outre ; ensuite ; d’abord Assurer la continuité ou la progression des idées. Illustration À savoir ; c’est ainsi que ; comme ; en particulier ; entre autres ; notamment ; par exemple ; tel que Introduire un exemple. Explication Ainsi ; à plus forte raison ; à savoir ; aussi ; car ; c’est-à-dire ; c’est que ; en d’autres termes ; en dépitde ; en effet ; en fait ; en raison de ; grâce à ; par le fait que ; puisque ; sous l’effet de Avancer une explication. Résumé / conclusion Bref ; en résumé ; en somme ; somme toute ; pour tout dire ; nalement Effectuer la synthèse ou marquer le point d’aboutissement d’une idée. Consultez le document Exemple d’enchaînement des idées dans une partie rédigée du développement. Employer le vocabulaire adéquat L’utilisation d’un vocabulaire juste, précis et varié non seulement témoigne de votre maîtrise des notions impliquées dans l’ensemble du processus analytique et rédac- tionnel, mais constitue également le meilleur moyen d’impressionner votre lecteur, qui saura apprécier, à sa juste valeur, l’emploi d’un vocabulaire rigoureusement choisi. Le tableau suivant contient une liste de termes qui pourront vous être utiles au moment de la rédaction de votre travail. Même si elle n’est pas exhaustive, cette liste vous per- mettra de produire une rédaction qui se distingue par la précision de son vocabulaire. 23 Rester objectif Vous devez employer un ton neutre, objectif et impersonnel. Pour y parvenir, gardez en mémoire les règles suivantes lors de la rédaction. • À moins d’indications contraires, évitez d’employer la première personne du singulier (je, me, moi, mon, ma, etc.) ou la première personne du pluriel (nous, notre, nos, etc.), car cela trahirait votre présence. Dans le cas de la dissertation critique, n’utilisez la pre- mière personne (du singulier ou du pluriel) que lorsque c’est absolument nécessaire, par exemple, lorsque vous prenez position sur l’afrmation à discuter. Dans tous les cas, il est possible d’utiliser le pronom indéni on ou le pluriel de modestie nous. Respecter les règles inhérentes à la rédaction Type de texte ballade chanson comédie conte drame épisode mélodrame nouvelle œuvre passage pièce poème portrait récit roman scène séquence sonnet tableau tragédie Locuteur ou émetteur auteur comédien conteur dramaturge metteur en scène narrateur nouvelliste peintre personnage poète romancier scripteur Enchaînement de la preuve Il faut impérativement proscrire les termes « démontrer » et « prouver » pour lier un procédé d’écriture à l’effet qu’il produit. En effet, un procédé ne constitue la preuve de rien. Son rôle est plutôt de produire un effet de sens. Les termes de la liste suivante sont donc plus appropriés dans ce cas. Prenez bien soin de vérier le sens exact et le contexte d’utilisation de chacun de ces verbes. Pour ce qui est du verbe « montrer », bien que son usage soit conforme, il n’est guère apprécié parce que trop familier ou trop courant. À éviter ! accentue accuse anticipe a pour effet caractérise confère (à) conrme connote crée cristallise culmine décrit dénit dénote désigne dessine éclaire enrichit évoque explique exprime xe illustre indique introduit laisse pressentir manifeste marque permet d’observer précise présente produit propose rappelle rapporte représente révèle revêt signale souligne suggère symbolise témoigne traduit Rythme découle (de) éclate ralentit s’accélère se détend se maintient se stabilise s’harmonise (à) Personnages actant adjuvant adversaire allié complice héros opposant personnage protagoniste 24 Chapitre 3 Rédiger • Ne vous adressez pas directement au lecteur (tu, vous, etc.). • Employez des tournures impersonnelles telles que il appert..., il apparaît. • Servez-vous de formules de présentation comme c’est là..., ceci, cela... ou voilà. • Ne faites pas explicitement référence à votre démarche. Par exemple, évitez des formulations de ce genre : « Je vais maintenant présenter le thème de l’angoisse et expliquer sa prédominance dans le récit. » Optez plutôt pour une afrmation de ce type : « Le thème de l’angoisse est prédominant dans le récit. » • Attention ! Évitez de trahir votre subjectivité en employant des adjectifs, adverbes, exclamations ou interjections qui véhiculent des jugements de valeur ou qui relèvent d’un niveau de langage familier (voir «Les traces de l’émetteur », p. 34). Par exemple : « Ce magnique chef-d’œuvre », « Je vais vous prouver...», « Victor [plutôt que d’em- ployer Hugo ou Victor Hugo] a composé... ». Insérer les preuves textuelles (ou citations) Votre rédaction combine en réalité deux types de discours : le vôtre et celui de l’auteur que vous citez. Pour que votre texte soit clair et cohérent, il faut savoir insérer les preuves textuelles (les citations) de façon habile et selon des règles précises. Voici quelques recommandations. Les règles générales de la citation La reproduction textuelle : Il faut retranscrire tel quel le texte cité, sans oublier de respecter la ponctuation, les majuscules, les erreurs et la mise en forme (gras, italique, souligné) d’origine. Toute erreur (faute, coquille, etc.) doit être suivie de l’adverbe latin [sic] (qui signie « ainsi »), en italique et entre crochets, an d’indiquer que l’erreur du texte initial a été reproduite. Les guillemets français ou chevrons (« ») : Ils servent à isoler les expressions ou les mots cités. Exemple : Le bonheur de René est accentué par la gradation « enchanté, tourmenté et comme possédé par le démon de mon cœur », qui révèle la fébrilité qui l’envahit. Les guillemets anglais (“ ”) : Ils sont utilisés pour marquer une citation à l’intérieur d’une autre citation. Exemple : René voudrait échapper à son malheur par la mort, mais son sentiment religieux s’y objecte : « [U]ne voix du ciel semblait me dire : “Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue”. » Les points de suspension mis entre crochets [...] : On les utilise pour signaler une cou- pure dans une citation tronquée. Une fois tronquée, la citation doit cependant conserver son sens et constituer un enchaînement syntaxique correct et compréhensible. Exemple : L’idée de solitude du héros est appuyée par l’accumulation « une feuille séchée [...], une roche écartée, un étang désert ». 25Insérer les preuves textuelles (ou citations) Les crochets [ ] : Tout mot ou toute partie de mot qui a été ajouté ou transformé dans une citation doit être mis entre crochets. Exemple : Le héros est sensible aux sons qui s’accordent avec son âme malheureuse : « [S]es chants mélan- coliques [...] [lui] rappel[lent] que dans tout pays le chant naturel de l’homme est triste. » La barre oblique : Dans une citation, il est d’usage de marquer, par une barre oblique, un changement de vers (en poésie ou en théâtre versié). Exemple : « Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages / Dans la nuit éternelle emportés sans retour » Alphonse de Lamartine, « Le Lac », Méditations poétiques, 1820. L’intégration des preuves textuelles (ou citations) La citation constitue un élément essentiel de la preuve formelle. Elle est soudée au pro- cédé et constitue la preuve de sa présence. Elle est soudée à la fois au procédé d’écriture dont elle marque la présence dans le texte et à l’effet de sens qui en découle. Cela im- plique que la citation ne peut se présenter seule. Elle s’insère obligatoirement dans une séquence (une phrase) organisée logiquement et selon des modes d’intégration diversi- és, dont voici quelques exemples. La citation en discours rapporté direct : On reproduit dèlement une phrase complète du texte cité, mais on la fait précéder d’un deux-points et d’un verbe d’énonciation. Exemple : Le héros associe étroitement les perturbations de la nature à ses propres tourments intérieurs. Ainsi, dit-il : « [...] je marchais à grands pas, le visage enammé, le vent sifant dans ma chevelure, ne sen- tant plus ni pluie, ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur ». La citation intégrée à la phrase : La citation peut être intégrée par les moyens suivants : – Apposition (complément du nom encadré de virgules) Exemple : L’exaltation de René est soulignée, dans la dernière partie du texte, par une gradation, « enchanté, tourmenté et comme possédé